Welcome to the Punch, critique

Sorti directement en vidéo le 1er août, revenons donc sur le polar anglais Welcome to the Punch.

Repéré en 2009 avec Shifty, petit film british inédit en France qui a été plutôt bien perçu et récompensé, le réalisateur Eran Creevy est de retour avec un film plus prêt à l’export puisque bénéficiant d’un casting plutôt bien fourni avec en tête James McAvoy et Mark Strong. Ici, ils campent deux personnages que tout oppose, l’un est flic, l’autre gangster et quelques années après avoir échappé au premier, le second est obligé de revenir à Londres pour trouver les coupables de la mort de son fils. Alors que chacun mène l’enquête de son côté, ils vont évidemment finir par travailler ensemble pour révéler une conspiration qui pourrait les dépasser.

En soi, le pitch est plutôt classique pour un film de gangsters. Pourtant le réalisateur arrive à y imprimer sa patte, faisant de Londres un décor presque théâtral puisque régulièrement vide et froid où évoluent quelques personnages. L’action est ainsi resserrée sur une unité de lieu et presque de temps. En s’attachant d’ailleurs à ces personnages et ce lieu, on sent d’ailleurs bien l’influence hong-kongaise (jusque dans l’utilisation du ralenti) que peut avoir Eran Creevy et même s’il n’en a pas le niveau pour l’intrigue, cela donne au film une personnalité intéressante qui ne passe pas que par l’usage omniprésent du filtre bleu donnant toujours au film cette froideur et ce détachement.

Un détachement du également à un rythme parfois assez lent. En effet, le réalisateur prend son temps pour exposer l’intrigue et ses personnages, bien que l’action ne deviendra nerveuse que dans le dernier tiers. Cela n’empêche pas quelques événements nous de occuper tout de même pendant le film mais ce sont surtout les personnages et l’atmosphère qui vont prendre corps pour établir au fur et à mesure une certaine tension malgré le caractère assez prévisible de l’histoire. Et pourtant Creevy n’hésite pas à se débarrasser de personnages au beau milieu de l’histoire pour faire à nouveau monter les enjeux lorsque les voir morts est plus utile que les voir en vie aux côtés des héros. Ne vous attendez donc pas forcément à un happy end, ce n’est ici pas le but et cela donnera plus de matière au récit.

Mais si Welcome to the Punch peut surtout vous happer, c’est grâce à sa belle brochette d’acteurs. Car si James McAvoy et Mark Strong sont comme d’habitude très bons pour habiter leurs personnages en leur donnant une dimension humaine supplémentaire pour ne pas tomber bêtement dans le cliché du gentil flic et du méchant gangster, il ne faut pas oublier quelques sympathiques seconds rôle comme Peter Mullan en tueur ou David Morrissey (le gouverneur de Walking Dead).

Sans avoir la prétention de réinventer le polar british, Eran Creevy fait avec Welcome to the Punch un boulot plutôt efficace avec un film plutôt bien calibré, qui ne manque pas de classe et se révèle alors être une agréable surprise en vidéo.