Palazzo Erizzo alla Maddalena. M. Moro dis. Tav. Kier
In Venezia monumentale pittoresca. Parte 1.ma. I Palazzi
Source: Biblioteca nazionale Marciana – Venezia
Nous avons voulu en savoir un peu plus sur ce palais que l’administration des domaines propose à la location, sur le Grand Canal à Venise, et que vous pouvez voir ci-dessus dans une gravure de 1845, tirée du livre Venezia monumentale pittoresca que nous avons trouvée à la Blibliotheca Marciana.
Ce palais, situé près de l’église de la Maddalena a été construit, vers le milieu du XVème siècle, par la famille Molin, puis en 1650 quand Cecilia Molin a épousé Giacomo Erizzo il est devenue une propriété de la famille Erizzo. Il est resté en possession de cette famille presque jusqu’au milieu du XVIIIème siècle. Pour éviter de le confondre avec d’autres immeubles de ces deux familles, les vénitiens parlent le plus souvent du palais Molin-Erizzo à la Madeleine.
L’ancienne famille Erizzo provenait du Cap d’Istrie et est arrivée à Venise en 805 et elle fit partie du Consiglio dès 1050. Francesco Erizzo (né à Venise le 18 février 1566, mort dans la même ville le 3 janvier 1646), de la branche de San Martin, fut le 98e doge de Venise, élu le 10 avril 1631.
Le palais, typique du gothique vénitien, est marqué par son asymétrie, comme si on avait projeté de l’agrandir ultérieurement par une aile droite qui ne fut jamais réalisée. La façade est renforcée par la présence d’une pentafora (baie de cinq fenêtres) significativement encadrée de trèfles (rappelant clairement la loggia du Palazzo Ducale).
A l’intérieur, la plan du palais est typique des résidences patriciennes, avec un large couloir central qui dessert les pièces. Le palais recèle un bel escalier extérieur donnant sur une cour privée. Ca ‘Molin Erizzo a subi d’importantes rénovations au cours des siècles, à la fois dans la mezzanine du rez de chaussée, que dans les salons à l’étage principal décorés avec des œuvres du XVIIIème siècle.
Giulio Lorenzetti dans son Guide de Venise de 1926 décrit deux grands tableaux de Andrea Celesti, qui ornaient encore le portego à l’étage principal du palais. Aujourd’hui plus personne ne sait où elles sont. Ces deux peintures du XVIIème siècle qui rappelaient les actes héroïques accomplis par le Bailo Paolo Erizzo dans la défense énergique de Negroponte, une île grecque d’Eubée, qui est tombée aux mains des Turcs en 1470 après une bataille épique. Paolo avait obtenu du sultan Mehmet II°, il Conquistatore, d’avoir “salva la testa”. Mais en fait, une fois fait prisonnier, le sultan le fit clouer sur deux planches, puis scier en deux vivant. Il est dit aussi que Anna, la fille de Paolo, jeune fille d’une beauté singulière, fut conduite auprès du sultan, après la mort de son père. Comme elle se refuser à la luxure qu’il lui proposait, il la tua de sa propre main. Toutefois, ni Paolo, ni Anna ne peuvent être nés, comme indiqué dans le Zanotto, dans ce palais de La Maddalena, car, comme en témoigne Estimi, et les armoiries encore visibles dans la cour intérieure, appartenait à cette époque aux Molin.
Au XIXème siècle, le palais devint la propriété des Barzizza avant d’être acheté par des Boldrin. Aujourd’hui, le palais appartient au Ministère de la Culture italien qui y avait installé sa direction régionale.
L’entrée du palais est située Corte Erizzo, au numéro civique Cannaregio 2138.
A lire :
Palazzo Erizzo alla Maddalena in Venezia : arte e storia par Elia Bordignon Favero. – Padova