
Jordi Savall et Xavier Díaz-Latorre, 11 août 2013
Photographie de Nicolas Boyer
Il est d'usage qu'un festival s'achève sur un bouquet final. La 7e édition du Festival de musique de Richelieu n'a pas fait exception à cette règle et l'a même outrepassée en proposant, peut-être avec un secret clin d’œil à la munificence cardinalice, non pas un, mais deux concerts réunissant un duo d'artistes qu'unit depuis longtemps une belle complicité au service de la musique ancienne et baroque, Jordi Savall et Xavier Díaz-Latorre.
Sous un généreux soleil d'août, le Dôme, comble et concentré, a chaviré aux deux programmes à la fois très différents et
parfaitement complémentaires judicieusement proposés par les organisateurs et les musiciens et qui pouvaient séduire aussi bien les auditeurs néophytes que les plus confirmés. Le premier,
intitulé Ostinatos et improvisations, constitue une illustration des explorations menées par le maître catalan depuis la fin des années 1990, faisant la part de plus en plus belle aux
capacités d'invention à partir d'un thème donné
Plaintes et folies, le second concert, était un régal pour tous ceux qui suivent la carrière de Jordi Savall depuis
longtemps et se réjouissent toujours de le voir revenir à la musique baroque française, pour la redécouverte de laquelle il a œuvré avec une remarquable ténacité depuis le milieu des années
1970. Autant Ostinatos et improvisations était un récital souvent solaire,
Lentement, on a repris l'allée du parc qui rejoint la ville toute proche, la tête encore pleine de ces rythmes et de ces harmonies qui se fondent si naturellement dans un cadre imaginé au XVIIe siècle comme un idéal. Les sourires et les échanges lors du dîner avec les deux musiciens en disaient long sur le bonheur que tous éprouvaient d'être rassemblés par la musique dans un paysage qui semble l'appeler aussi spontanément. Puis vint l'heure des au revoir qui arrive toujours trop tôt mais contient, comme un filigrane d'or, la promesse des retrouvailles. L'année prochaine, on refera bien volontiers, si la vie le permet, le chemin vers la cité du Cardinal, on espérera y croiser de nouveau la route de Jordi Savall et Xavier Díaz-Latorre si leurs pas les y reconduisent aussi, on se réjouira de découvrir les surprises et les rencontres qu'artistes et organisateurs auront à cœur de nous préparer. Qu'elles soient baroques ou romantiques, peut-être un jour médiévales ou renaissantes, puissent les musiques continuer longtemps à rêver avec nous sous les frondaisons de Richelieu.
I. Ostinatos et improvisations, œuvres de Diego Ortiz, Tobias Hume, Gaspar Sanz, Antonio Valente et anonymes
II. Plaintes et folies, œuvres de Sainte Colombe père et fils, Marin Marais, Johann Sebastian Bach et Robert de Visée
Jordi Savall, basse et dessus de viole
Xavier Díaz-Latorre, guitare et théorbe
Rappel discographique :
Extrait proposé :
1. Improvisation : Canarios
Extrait proposé :
2. Marin Marais (1654-1728), Les Voix humaines (version pour viole seule de Jordi Savall)
Crédits photographiques :
Les trois clichés illustrant cet article sont de Nicolas Boyer, que je remercie de m'avoir autorisé à les utiliser.