Magazine Animaux

De la régulation de ce qu’on ne devrait pas réguler

Par Baudouindementen @BuvetteAlpages

Présentation de la Buvette

"Peut-on tolérer quelque part des animaux sauvages qui font ce qu'ils veulent, qui vont où ils veulent? Au lieu d'être soumis à notre volonté? La réponse est : NON. Sans équivoque. Partout ! "On ne va quand même pas laisser ça comme ça!" (...)

"Les diplodocus ont disparu, et dans la région, on les regrette pas spécialement". Voilà en substance ce que déclarait récemment un maire pyrénéen à qui l'on posait le problème de la survie de l'Ours. (...) Encore une fois, la nature, c'est ce qui n'est pas nous. Doit-on laisser exister dans l'univers des choses que nous ne savons ni diriger, ni produire? De l'AUTRE ?" écrivait François Terrasson.

Voici une ode à la dérégulation du contrôle de la nature, pour un libéralisme des ronces, des orties, des genévriers et des ligneux.

par Frédéric Vigne

Frédéric Vigne photographe
Frédéric Vigne

"J'apprends que le nouveau plafond de verre est administrativement fixé à 300 loups en France. Pourquoi 300 et pas 500 ou 10000? Je l'ignore. C'était le nombre des Spartiates aux Thermopyles, et ils ont été massacrés jusqu'au dernier. C'est peut-être l'idée sous-jacente? Je n'en sais rien. Ce qui est sûr, c'est qu'on ne va pas les laisser devenir "trop" (?) nombreux, puisqu'on parle de prélèvement flexibles, bla, bla,bla,bla... Flexible...flou...interprétation au niveau local...je n'ai pas tellement confiance, pour tout dire...
Bref, on REGULE, comme on tondrait son gazon. Et comme on se cherche une légitimité, on dit qu'on fait comme en Suède! Que j'aimerais que l'on fasse plus souvent comme en Suède dans notre douce France! Mais ne rêvons pas. Et en l'espèce, j'ignore à peu près totalement ce que les Suédois font, mais à supposer qu'ils fassent ça, eh bien ils ont tort! Donc ce coup-ci, n'imitons pas la Suède, ce qui de surcroit nous rendra consistants avec nous-mêmes, nous, pays latin bordélique et sclérosé où le compromis n'existe pas!
Voilà pour les chimères scandinaves. Quand en plus on connait ce territoire aux trois-quarts vides et aux deux-tiers recouvert de forêts (certes méthodiquement exploitées pour le bois d'ameublement et de charpente), on sait qu' il ne se compare en rien avec un pays comme la France où la densité de population est au moins cinq ou six fois supérieure (je n'ai pas mis à jour mes chiffres, faites-le si ça vous intéresse).
Non, moi, ce qui me fascine, c'est cette obsession que l'on a de la régulation. J'aimerais me consoler -façon de parler- en me disant que cela tient à notre conception rationnelle, colbertiste et centralisée de l'Etat, mais je sais bien que c'est faux. C'est tout bonnement inhérent à la nature humaine, quelle que soit sa nationalité ou sa religion (à l'exception notable des peuples de traditions chamanistes, mais ceux-là aussi on les "régule", donc...). L'Homme régule. Il a cette frénésie du contrôle, cette insécurité métaphysique qui le pousse à vouloir tout dominer, lui, petit primate apeuré propulsé par les hasards de l'Evolution au sommet d'une échelle un peu trop haute pour lui.
Pourtant, l'heure, dans bien des domaines, est à la dérégulation, c'est même l'un des axiomes du capitalisme triomphant!
Le président Nixon ouvrit le bal en 1971 en désindexant le cours du dollar de celui de l'or, autrement dit en dérégulant le cours de la monnaie. Les autres ont suivis, pas le choix! Le transport aérien a été dérégulé en 1979, toujours aux USA, puis en Europe. Les frontières sont tombées, à Berlin en 1989 puis avec les accords de Schengen en 1993. L'énergie, les transports ferroviaires, les assurances, la téléphonie mobile, on dérégule tout!
POUR ASSURER UNE SAINE CONCURRENCE! C'est du moins le postulat évoqué (je rappelle: postulat signifie quelque chose que l'on pose comme établi, mais que l'on ne peut EN AUCUN CAS démontrer).
La seule chose qu'on s'obstine à réguler, c'est la Nature. 300 loups et pas un de plus, les vautours mangent là où on le leur dit et pas ailleurs, pas trop de phoques car ils bouffent tous les poissons, plus d'ours, plus de... la liste n'en finit pas et je n'ai même pas encore quitté la France! Alors pensez, si j'allais jusqu'en Suède!
Aux Etats Unis, dans le Wyoming, le moindre loup qui pointe son museau en dehors des Parcs Nationaux est tiré A VUE! Idem en Norvège si un loup suédois (tiens, on y retourne!) passe la frontière.
Les ours des Pyrénées me prenant beaucoup de temps, je ne milite pas pour les loups du Wyoming, alors même que c'est en Amérique que je vis désormais. Mais la problématique est LA MEME!
WANTED: NATURE, DEAD OR ALIVE, BETTER DEAD! C'est à celà que ressemble notre attitude vis à vis de la vie sauvage, de la VIE, tout simplement.
Dans l'Arche de Noé, ils n'ont pas sauvé que les moutons subventionnés du Pays Toy, le Labrador du président des Etats Unis où le Chihuahua préféré de la femme à Noé! Ils ont sauvé TOUTES les bêtes de la Création.
Alors si le Patron, à l'étage du dessus, a pris une telle décision, nous sommes qui, nous, pour nous octroyer le pouvoir de "REGULER"?
Cette décision est INJUSTE, ABERRANTE, STUPIDE, INIQUE! Tout comme l'est la directive européenne qui impose de nettoyer les carcasses et d'affamer les vautours.
Je n'ai pas envie d'écouter les arguments des "experts". Il y avait aussi des experts à Büchenwald, à Dora, dans les "archipels" de la Kolyma ou au S21, à Phnom-Pehn! Ce sont les "experts" qui nous disent qu'on doit transformer le monde en terrain de jeu pour Monsanto, Bayer, Coal Canada ou BP! Ce sont les experts qui nous font bétonner et asphalter à tout-va, et qui nous expliquent après chaque crue qu'on va bétonner encore plus!! Ce sont les "experts" qui ont inventé le "principe de précaution", un juteux business de la paranoïa qui se chiffre en centaines de milliards de dollars, d'euros ou de roupies, peu importe!
Allez, retour en Scandinavie. Un Norvégien, Thor Heyerdahl (le type du "Kon-Tiki") a eu un jour cette phrase tellement vraie:
"Contre la nature, l’homme gagnera tous les combats, sauf le dernier »
Et cette fois, je ne parle pas en Pyrénéen, même de loin. Je parle en habitant de la Terre! Je parle en animal qui ne veut plus qu'on en fasse un alibi ou une attraction de foire, en individu qui refuse d'être transformé en simple flux, en équation ou en donnée statistique!
Et que le cul me pèle (eh oui, encore une fois!), je n'ai pas d'autre planète et j'en ai assez qu'on la traite si mal!"
Frédéric Vigne
Free-lance photographer


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