Magazine Culture

Skins, bien plus qu’une série pour teen

Publié le 18 août 2013 par Wtfru @romain_wtfru

Une ultime saison pour conclure le chapitre télévisuel d’une adolescence marquée à tout jamais par ce drame de la chaine anglaise, E4. En perte de vitesse, Skins avait une dernière chance de (re)conquérir son public. Depuis maintenant sept saisons, des millions d’adolescents suivent les aventures d’adolescents originaires de Bristol (dans le Sud de l’Angleterre). En plus de sujets tabous, la série révolutionne le genre avec un casting qui change toutes les deux saisons. Au bord de l’implosion, le teen drama a réussi son atterrissage.

Les doutes étaient de mises. Au fil du temps, Skins patauge. La difficulté de se réinviter avec chaque génération d’acteurs mettait un frein au succès planétaire de la série anglaise. Au bout de 6 saisons et ceci malgré les sujets vastes concernant l’adolescence, les problèmes sont les mêmes. La conséquence ? Des critiques bien plus incisives et une skins mania au plus bas. Pour remédier au problème et offrir une fin digne du phénomène, les scénaristes ont mis de côté les problèmes des 15-18. Les acteurs sont devenus de jeunes hommes (et femmes), ayant des problèmes beaucoup plus sérieux dorénavant. Skins s’adresse aux 18-30, la génération Y (voir X) comme les médias aime l’appeler. Cette dernière saison nous permet de suivre les nouvelles vies d’Effy, Cassie et Cook. Tout comme son public, les personnages ont grandi.

Les personnages de la saison 7

Les personnages de la saison 7

Dès le commencement, la  » machine  » Skins a su attirer les regards et toucher les jeunes. Pour se faire, E4 a révolutionné le genre en s’appuyant sur les réseaux. En 2007, l’idée semble incongrue. La promotion avec internet est presque inexistante. La chaine anglaise bouscule le processus. Avec internet, le public – rassasié par son épisode – peut poursuivre les aventures. Chaque personnage répond aux questions des téléspectateurs sur un blog. Le public s’attache aux personnages de la série, mais aussi aux acteurs de la saison. L’idée est bonne, mais le danger est bien présent. Avec cette idée quasi révolutionnaire, le public – souvent composé d’adolescents – peut vite se lasser. De plus, s’il n’accroche pas à la nouvelle génération (qui change tout les 2 ans), l’élan positif s’effrite.

La force des premières saisons de Skins résidait dans son écriture. Les jeunes auteurs (21 ans !) – proches du public visé – ont compris les attentes des adolescents. Avec la description réelle d’une jeunesse anglaise dépravée et complètement perdue, la petite bande a pris de gros risques. Remplis d’ambitions, les scénaristes n’ont pas hésité à mettre un soin particulier au caractère et l’histoire personnelle des personnages de la série. Chaque protagoniste est unique et représente parfaitement le quotidien parfois pénible de cette génération de lycéens sans avenir (?!).  Au lieu de tomber dans le cliché, les scénaristes – par leurs prises de risque – arrivent à ne pas tomber dans la facilité et réussissent à séduite un jeune public, mais aussi les adultes. Les deux premières saisons en sont la preuve. Tony (frère de Effy, protagoniste important et énigmatique de la seconde génération) – personnage principal – subit un grave accident de voiture et voit sa personnalité totalement chamboulée dans la saison 2. Il est différent sur le plan mental et physique. Ce rebondissement permet à Skins de se (ré)inventer.

Le fameux Tony de la 1ère génération

Le fameux Tony de la 1ère génération

Skins – pour beaucoup – n’est qu’une simple série sur l’alcool, la drogue et les fêtes à la maison. Cette dernière caractéristique aura inspiré les adolescents du monde entier. Des « Skins Party » ont vu le jour dans toute l’Europe et aux USA. La frontière entre la fiction et la réalité semble minime. Et le génie de la série réside dans cette idée. La série n’a pas hésité à parler – avec une grande franchise – de la fin de l’adolescence. Les personnages ne sont pas parfaits, ils sont fragiles. Pourtant, la photo se permet de tendre vers un aspect « glam » ambitieux. Sans en faire trop. Le programme anglais ne se résume pas qu’à ses protagonistes ou ses dialogues souvent inspirés. Skins, c’est une entité intellectuelle et visuelle.

Cette dernière saison permet de passer outre les critiques. Après avoir longuement hésité sur la forme, les scénaristes ont voulu faire de la série, un drame à part entière. Un « teen » drama mettant en exergue les capacités des personnages (ou pas) de faire quelque chose de leur vie. Un vrai reflet de notre société actuelle et surtout des choix importants à faire lorsque nous sortons de l’adolescence. Quelques années après les aventures de nos protagonistes durant leur jeunesse, la tension est toujours présente. Nous sommes bouleversés par la disparition de Naomi (spoil), l’émotion d’Emily, la présence presque angélique de Cassie ou la vie – entachée de ce fameux meurtre dans la saison 4 – de Cook. Notre attachement envers les personnages relate bien la magie de la série. Les émotions ressenties devant Skins n’étaient pas seulement issues de notre naïveté adolescente. Le spectateur va laisser de côté sa propre morale. Il ne sera pas là pour juger les intentions de chaque protagoniste. Effy, toujours aussi menteuse et cynique, continue à jouer avec les gens. Mais, le public n’arrive pas à la détester. Elle est sûrement là la force du bon(ne) acteur/actrice.

 » Now, I’m Cook ! « 

La série estampillée E4 (donc de qualité, CQFD) aura réussi à tenir en haleine de nombreux adolescents durant près de 6 ans. Ce public aura découvert ses limites en même temps que les personnages de Skins. Il a également grandi comme les acteurs du programme anglais. Finalement, l’œuvre de Jamie Brittain et Bryan Elsley aura réussi à bousculer les codes du genre et ouvrir une brèche pour un genre plus underground sans tomber dans le graveleux comme certaines séries MTV. Skins aura fait plus de bien aux adolescents que de mal. Au revoir et merci pour tout E4. 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Wtfru 11406 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines