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Lire les classiques - Hildegarde von Bingen

Par Claude_amstutz

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Depuis mon enfance, avant que mes os, mes nerfs et mes veines se fussent affermis, jusqu'à ce jour où je suis plus que septuagénaire, je vois toujours en mon âme cette vision: la lumière que je vois n'est pas locale; mais elle est infiniment plus brillante que la nuée qui enveloppe le soleil. Je ne puis considérer en cette lumière ni hauteur, ni longueur, ni largeur; pour moi cette lumière se nomme l'ombre de la lumière vivante. Il ne m'est pas plus possible de connaître la forme de cette lumière que de pénétrer parfaitement la sphère du soleil. En cette lumière, de temps à autres, et non fréquemment, je vois une autre lumière qui pour moi se nomme la lumière vivante.

Je ne puis dire quand et comment je la vois; mais tandis que je la considère, toute angoisse m'est enlevée à tel point que, dépouillant des allures de vieille femme, je prends alors celle d'une simple jeune fille. Ainsi mon âme ne manque jamais de cette lumière décrite plus haut, appelée ombre de la lumière vivante; et je la vois comme je regarde un ciel sans étoiles à travers une nuée lumineuse. C'est en cette lumière que souvent je vois ce que je dois dire et que je réponds à qui m'interroge sur la splendeur de ladite lumière vivante. Ce que je ne vois pas en cette lumière, je l'ignore...

Hildegarde von Bingen, Lettre VIII, dans: François Cali, L'ordre cistercien (Arthaud, 1972)

image: Hildegarde von Bingen (konigsberg.centerblog.net)


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