La galerie Eva Hober montre jusqu’au 17 Mai des petites marionnettes animées de Nicolas Darrot, qu’on avait vu en 2006 peupler le patio de la Maison Rouge avec de gigantesques corbeaux, et la FIAC avec un cheval cabré. Ici, au contraire, on fait plutôt dans la miniature, avec de petits animaux pas aisément identifiables (avec une tête de rat, de cerf, d’oiseau) qui enseignent à un ’élève’ (machine, sac, tuyau, chenille mécanique) un certain nombre de règles de langage ou de comportement. C’est un mécanisme de programmation, d’apprentissage, d’asservissement, avec plus ou moins de répondant, de retour, souvent décevant, stérile. Il faut prêter l’oreille dans le brouhaha de la galerie, tenter de saisir l’échange inégal. La plupart des situations sont des échecs, l’apprenant est incapable d’articuler un son compréhensible, la communication est une impasse.
Mais le serpent charmé par Ganesh (ci-contre) apprend à onduler, les deux exilés Kalle et Ziffel (ci-dessus) échangent leurs vues désabusées sur l’exil, et le Christ (parlant en Araméen, comme il se doit) ressuscite Lazare qui émerge de son tombeau dans son linceul. La parole enchante, renseigne, redonne la vie; il ne manque qu’une pièce où elle tuerait. Ces injonctions peuvent donc être aussi des vecteurs, des agents performatifs, parvenir à leurs fins.
A côté, sur un écran, un cerf aux bois enflammés avance paisiblement dans une forêt. Là où Saint Hubert et Saint Eustache virent une croix de lumière entre les cors, Nicolas Darrot recrée une scène étrange et poétique. On pense à Magritte, mais peut-être est-ce Actéon.Photos courtoisie Eva Hober.