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Nick Cave & The Bad Seeds, Local Natives, !!!, Moon Duo, etc - La Route du Rock - jeudi 15 août 2013
Publié le 19 août 2013 par TotoVoici une route qu'il est toujours agréable d'emprunter. Parce que ça sent tout simplement les vacances. Parce que l'ambiance y est détendue, qu'on ne se marche pas encore sur les pieds - même si l'attente aux stands pourrait dissuader -, comme dans d'autres festivals concurrents. Parce que la programmation y est aussi toujours impeccable. Et même si, cette année, un seul artiste m'a vraiment fait faire le déplacement, il n'y a pour ainsi dire, dans l'ensemble, aucune fausse note. On essaie d'arriver pour le début des hostilités au Fort Saint-Père, mais le bouchon de voitures, puis la queue à l'entrée du site nous empêchent d'assister au premier quart d'heure de la prestation du Néerlandais Jacco Gardner. C'est la musique idéale pour commencer un festival en douceur. Son premier disque, même s'il n'invente rien, est une belle réussite dans la lignée de la pop psychédélique des années 60, de Syd Barrett aux Zombies. Vu son très jeune âge, le garçon est promis à un bel avenir. Les Danois de Iceage viennent tout de suite après casser cette ambiance champêtre. Si j'avais accroché à leur mélange de post-punk et de metal à l'époque de leur premier album, le nouveau, à la rythmique plus lourde, m'a quelque peu rebuté. Et en concert, le groupe semble confirmer cette nouvelle direction. Le batteur se fiche de ses petits camarades et frappe comme un sourd, masquant la guitare au scalpel, pourtant principal atout de cette musique. La voix, à la manière de nombre de chanteurs de metal, paraît forcée. On ne donne pas beaucoup de temps au petit minet derrière le micro avant de se détruire les cordes vocales. Si cette bouillie sonore était jouée modestement, on supporterait peut-être davantage. Ce n'est pas le cas. Les Danois qui n'ont pas l'air de comprendre l'apathie du public repartiront sous quelques timides applaudissements. On enchaîne avec la deuxième scène, celle plus petite, des remparts avec Moon Duo. Tout de suite, on sent une attitude plus naturelle et simple : le chanteur-guitariste au look à la ZZ Top commence le set en prenant une photo de la foule amassée devant eux. Puis, dès les premières notes, la formation nous embarque dans un blues-rock psychédélique mâtiné d'électronique. C'est planant à souhait, addictif, mais, passés les premiers morceaux, on finit, à force de répétition, par s'ennuyer. Retour sur la scène principale avec les américains de Local Natives et leur folk à cheval entre celui des Grizzy Bear et des Fleet Foxes. Si certains pourront leur reprocher le côté presque trop propre, FM, leur prestation est impressionnante de maîtrise. Et puis, les membres de la Blogothèque pourront en témoigner - après les remerciements adressés expressément pour eux par un des chanteurs -, les Local Natives dégagent un indéniable capital sympathie. Déjà le quatrième concert de la soirée et autant de styles complètement différents - et ce n'est pas fini ! En tout cas, c'est le premier à m'avoir entièrement emballé.
Ensuite, pas de changement de scène, on reste au même endroit et on attend du coup plus longtemps pour accueillir la tête d'affiche de la soirée : Nick Cave. L'Australien, très élégant, comme à son habitude, arrive sur scène avec ses inséparables Bad Seeds. Il débute par le premier titre, calme, de son récent "Push The Sky Away". C'est impeccablement joué, mais on n'a encore rien entendu ! Juste après, c'est "Jubilee Street", déjà une des meilleures chansons de 2013, qui monte progressivement en puissance pour atteindre une apothéose finale proprement ahurissante, à vous donner des frissons dans tout le corps. A partir de là, on ne redescendra plus vraiment. Le chanteur, en pleine forme, vient plusieurs fois toucher son public, surtout féminin - tant qu'à faire ! Les classiques de son répertoire ("From Here To Eternity", "Tupelo", "Deanna" et une terrifiante version de "The Mercy Seat") sont enchaînés avec les titres de son dernier disque sans baisse d'intensité. Malheureusement, festival oblige, tout ça s'arrête après seulement 1h10, avec un frustrant sentiment de trop peu. Voilà la confirmation que Nick Cave a la grande classe et qu'il reste actuellement l'un des derniers grands rockeurs. Ensuite, forcément la tension retombe avec !!!, même si leur musique "groovy" est plus apte à faire bouger l'assistance. Son chanteur, véritable showman, est une pile électrique. Il improvise les chorégraphies décalées une heure durant, le tout affublé d'un simple caleçon - tee-shirt. A part ça, il a bien du mal à rivaliser avec la voix de crooner de son prédécesseur. Pas grave, son groupe, plus professionnel assure l'essentiel à cette heure-là : nous maintenir éveillé.
Il reste encore deux concerts, mais la musique de Electric Electric puis celle de Fuck Buttons n'est pas idéale pour faire passer une grosse fatigue et les percussions omniprésentes donneraient facilement la migraine à ceux qui n'ont pas la résistance nécessaire. Nous reprenons donc doucement la route du retour, avec déjà dans la tête la ferme intention d'y revenir dès l'année prochaine. Surtout sous un soleil aussi radieux. Merci à Nick Cave d'avoir réussi à dégager notre ciel de la sorte. "Keep on pushing..."