Quand il n’est encore qu’un adolescent, Saint-John Perse quitte son « beau pays natal » avec sa famille et il n’y remettra plus pied sa vie durant. Cet éloignement constitue pour lui une perte irréparable qui détermine tout le cours de son existence, y compris sa résolution d’aimer son île à distance. Tout au long de sa vie, il ne cesse de chercher des avatars du bienheureux royaume d’enfance dans les nombreux pays qu’il visite. Partout il semble vouloir reconnaître des traces de son paradis antillais. Et bien qu’à plusieurs reprises il se rende à deux pas de ses Antilles chéries, il reste fidèle à son dessein de « ne […] jamais rien revoir ». S’appuyant sur un ensemble de documents authentiques et inédits appartenant à la fois à la bibliothèque personnelle du poète et à ses dossiers documentaires soigneusement gardés à la Fondation Saint-John Perse, à Aix-en-Provence, Giovanna Devincenzo se concentre dans ce travail sur le complexe chemin de renouement différé de Saint-John Perse avec ses Îles.
Giovanna Devincenzo est chercheur en littérature française à l’Université de Bari Aldo Moro (Italie). Spécialiste des XVIe et XVIIe siècles, notamment de l’œuvre de Marie de Gournay et de Geoffroy Gay, ses recherches portent à présent sur la poésie du XXe siècle et sur la poésie contemporaine.
Paris : Hermann, coll. "Vertige de la langue", 2013.
242 p.
EAN 9782705684303
29,00 EUR
Merci à Louis DESSOUT, précieux observateur de nous avoir signalé cet ouvrage.
Le réel déceptif crée un appel à l’autocréation d’une terre, d’une entité poétique. Aimantant ses pérégrinations, l’île survenante s’universalise. Mi-lieu intemporel, elle donne accès aux ailleurs possibles où le conduit, poussé par un désir atavique, l’“embarquement” de tout son être. L’éloge du monde vaut à travers les aires infinies et les ères intemporelles explorées en une circumbulation encyclopédique.
Martine MONTEAU écrit à propos de cet ouvrage :
Érudit insatiable, Saint-John Perse a accumulé dans sa bibliothèque une documentation faite de dossiers abondants et précis.
D’entre ces chemises, documents annotés, fiches classées, l’auteur extrait le dossier “Caraïbe/Guadeloupe” rassemblant tout ce qui concerne le “cher pays” : courrier, brochures, guides touristiques, cartes, photos, cartes postales, publicités, compagnies maritimes, horaires des bateaux et des vols, tarifs, coupures de presse, images pour certains ici reproduits. Archè, matrice de sa création, ce sont là avec les annotations, citations, soulignements et marques du poète, des exemples de sa lecture active. Ce matériau d’écriture atteste aussi du lien entretenu, de l’ordre du souvenir et de l’imaginaire, avec sa Désirade.