La ville est entièrement recouverte de neige et de glace, des traineaux dévalent les rues en direction du Palais d’Hiver. Les femmes, dans des toilettes somptueuses, empruntent l’escalier du Jourdain puis s’arrêtent devant l’une des trois grandes salles d’apparats du Palais. La plus importante fait une fois et demi la taille de la salle des glaces de Versailles.
Le Tsar Nicolas II et l’impératrice Alexandra Fiodorovna sont arrivés et ils sont, selon la tradition, accueillis par leurs hôtes, qui, pour les honorer, leur présentent le pain et le sel sur une serviette de Russie avant de rentrer dans le palais. Chacun doit prendre alors un morceau de ce pain, le poser sur le sel avant de le manger.
Pour les cérémonies importantes, on offre toujours du pain et du sel sur une serviette brodée tenue par la jeune fille de la maison. L’invité rompt un morceau de pain, le trempe dans le sel et le mange. Le sel était autrefois si précieux qu’on le stockait à Moscou dans un entrepôt fortifié, dans la Solianka, la rue au Sel.
L’empereur Nicolas II dans le costume du tsar Alexis Mikhaïlovitch, l’impératrice Alexandra Fédorovna portant un costume inspiré de celui de la tsarine Marie Ilinitchna Miloslavskaïa.
L’impératrice Alexandra Fédorovna portait un costume où elle avait fait coudre les pierres précieuses les plus impressionnantes du Trésor, comme cette émeraude de la taille d’une pêche trônant sur son bustier. Son costume était estimé à trente kilos. Pour Vincent Meylan, historien de la Joaillerie "… ce bal de 1903 est sans doute le plus extraordinaire jamais connu dans le monde."
Le costume de l’impératrice est conservé désormais au musée de l’Ermitage de St-Pétersbourg, ainsi que la couronne et les chaussures. L’énorme émeraude que l’impératrice portait sur la poitrine est aujourd’hui conservée à Moscou, dans le fonds des diamants du Kremlin.
Ce costume est conservé au palais des Armures du Kremlin de Moscou.
Si ce bal a autant marqué les esprits, l’album avec les photos du bal, commandé par l’impératrice Alexandra Fédorovna aux meilleurs photographes de Pétersbourg, y est surement pour beaucoup. Cet événement grandiose marque la fin d’une époque.
N’est-ce pas aussi pour cela qu’il reste dans les mémoires ?