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Elysium : dans un futur pas si lointain…

Par Cbth @CBTHblog

imagesCAQNE9S1Oui, ça peut paraître alarmiste, mais la Science-fiction part souvent de problèmes existants ou presque. Et pour le coup, la surpopulation, la lutte des classes, l’accès aux soins, la fontaine de Jouvence sont des trajectoires possibles au vue de notre présent. Après le percutant District 9 (2010), Neill Blomkamp, jeune réalisateur sud-africain (33 ans seulement), confirme son immense talent de conteur et de mise en images d’une possible dérive humaine. De la très bonne science-fiction qui vous fera cogiter après le générique et une fin pas si happy que ça, avec le recul…

2154 : le monde est coupé en deux. Sur la Terre dévastée par la pollution, la sur-exploitation des énergiee et gangrénée par la sur-population, chacun tente de survivre dans une vie de violence et de misère. Dans l’espace, la classe supérieure et riche coule des jours tranquilles sur Elysium, station où l’atmosphère de la Terre a été recrée. Proche de l’immortalité grâce aux Med-Box, sorte de cabines d’UV qui guérissent toutes maladies et blessures, cette caste privilégiée continue d’exploiter ceux restés sur Terre, tout en leur interdisant l’accès à la station et aux soins médicaux. Entre complot politique et instinct de survie, Max (Matt Damon) doit à tout prix réussir à atteindre Elysium et ses Med-Box, après une radiation mortelle dans son usine.

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Vous l’avez senti dès le début de cet article, j’ai adoré. D’un bout à l’autre, l’histoire est prenante. Aucune longueur, on est tenu en haleine entre scènes d’action et moments d’émotion/réflexion. Neill Blomkamp est un « vrai raconteur d’histoires » qui a l’intelligence de ne pas tout prémâcher aux spectateurs et qui nous laisse de la place pour réfléchir. Il continue son cheminement sur la cruauté dont l’humanité peut faire preuve. De District 9, où il avait remplacé les noirs des ghettos d’Afrique du Sud par des aliens, il assume ici pleinement les visages humains tant du côté des victimes que des bourreaux. Les images sont chocs et crues par moment dans les combats, l’installation des exosquelettes ou l’accident de Max à l’usine. Mais j’ai été surtout marquée par la violence des propos et les décisions vis-à-vis la population terrestre. Personne ne compte et on peut crever la gueule ouverte pour avoir voulu passer clandestinement sur Elysium. Et cela de nous renvoyer à des pans pas si lointains de l’Histoire, bien sombres. Je le conseillerai à partir de 15/16 ans.

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La réalisation est parfaite : les univers sur Terre et sur Elysium sont clairement définis : poussiéreux, jaunâtre, crasseux et sombre pour le premier, clair, transparent, impeccable pour le deuxième. Cela fait écho aux mondes de  Bienvenue à Gattaca (1997) et de Time Out (2011) d’Andrew Niccol. Quant à la musique, omniprésente, forte et pesante, elle accompagne magnifiquement chaque scène.

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Et le casting est à la hauteur des attentes du réalisateur, Matt Damon en tête, qui me bluffe d’année en année. Il interprète Max, terrien au passé de dur, qui se tient à carreau depuis son passage par la case prison, qui semble l’avoir traumatisé. Pas un héros au grand cœur, juste un homme qui n’a plus que cinq jours à vivre et qui se retrouve malgré lui détenteur de la clé de l’humanité. Il n’a de cesse que d’aller sur Elysium pour sauver sa peau. Pour y parvenir, il ne peut se permettre d’embrasser la cause de tout le peuple. Et c’est peut-être ça qui le rend si crédible au final. Jodie Foster en politique cruelle et implacable est parfaite : regard d’acier, pas un cheveu qui dépasse et au final ses motivations ne sont pas si horribles que ça. On croise aussi avec plaisir William Fichtner en patron inhumain mais aussi manipulé car aux abois. C’est l’inoubliable agent Malon de Prison Break. Ce rôle lui va comme un gant. Je termine avec Sharlto Copley, le héros de District 9, assez méconnaissable en mercenaire complètement barré et sanguinaire.

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On se plaint souvent que l’été n’offre pas grand-chose de vraiment accrochant au cinéma. J’ai été plus que déçue par Pacific Rim par son absence de contenu, la pauvreté des dialogues et au final aucune idée forte à retenir. Elysium rattrape tout ça avec un visuel soigné, de la grosse baston justifiée par un scénario intelligent et parfaitement maîtrisé par le réalisateur et l’ensemble du casting. Une bonne claque !


Roseline

Elysium, de Neill Blomkamp, avec Matt Damon, Jodie Foster, Sharlto Copley, Willima Fichtner… Sortie en salle le 14 août 2013


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