Titre original : Kick-Ass 2 : Balls to the Wall
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Jeff Wadlow
Distribution : Aaron Taylor-Johnson, Chloë Grace Moretz, Christopher Mintz-Plasse, Jim Carrey, Clark Duke, Morris Chestnut, Lyndsy Fonseca, John Leguizamo, Olga Kurkulina, Donald Faison, Steven Mackintosh, Garrett M. Brown, Sophie Wu, Ella Purnell, Daniel Kaluuya…
Genre : Action/Comédie/Suite/Saga/Adaptation
Date de sortie : 21 août 2013
Le Pitch :
De l’eau a coulé sous les ponts depuis les évènements impliquant Kick-Ass et Hit Girl dont la conséquence principale fut la mort du caïd de la mafia Frank D’Amico. Kick-Ass a inspiré de nombreux super-héros, qui sillonnent les rues afin de combattre le crime. L’un d’eux, le Colonel Stars and Stripes est vite rejoint par Kick-Ass, avec lequel il forme une équipe soudée. Hit Girl pour sa part, doit faire face à son tuteur, qui voit d’un très mauvais œil la double-vie de la jeune fille.
Du fond de sa luxueuse demeure, Chris D’Amico, ex-Red Mist, fomente sa vengeance à l’encontre de Kick-Ass et se met en quête de sa propre équipe, constituée des pires raclures. De quoi mettre un peu plus en danger les super-héros et promettre un affrontement des plus sanglants…
La Critique :
Gros succès au box-office (surtout compte tenu de son budget réduit), le premier Kick-Ass appelait forcement une suite. Et comme il s’inspirait d’une bande-dessinée encore en court d’écriture à la sortie du film et destinée à se prolonger, rien n’empêchait les choses de se faire. Absolument rien vu l’implication de l’auteur du comic book, Mark Millar, à fond dans le processus de production et complètement raccord avec les adaptations de son œuvre.
Côté public, là encore, la demande était bel et bien présente, le premier Kick-Ass ayant bouleversé la donne dans un paysage un poil embouteillé par les multiples adaptations Marvel et DC Comics, beaucoup plus premier degré et beaucoup moins décomplexées. Belle alternative pour amateurs de comédies trashouilles, riche en sang, bastons et mâtiné aux codes du teenage movie, Kick-Ass avait tout pour plaire et se payait en outre le luxe de choquer les ligues bien pensantes, grâce à sa violence cartoon complètement borderline.
Ceci dit, il y a un vrai problème avec les suites à Hollywood. Rares sont celles qui surpassent l’original et qui parviennent même à se hisser à leur niveau. Le cinéma américain (et pas que) nous a appris à nous méfier. Surtout quand, comme c’est le cas ici, le réalisateur change et se contente d’occuper le siège de producteur. On peut y perdre et c’est en effet le cas avec Kick-Ass 2. Matthew Vaughn, appelé sur le tournage d’X-Men : Days of Future Past a laissé les clés de la baraque à Jeff Wadlow, le responsable du burné mais creux comme une belle de ping-pong, Never Back Down.
À l’écran le résultat s’en ressent et on regrette Vaughn. Wadlow fait le job, mais quand il faut faire parler la poudre et les coups de batte de base-ball, il s’excite et filme à l’arrache. Son action n’est jamais vraiment lisible, trop brouillonne et c’est dommage, car les chorégraphies tiennent la route, tout à fait raccord avec celles du premier. Malgré tout, certaines séquences sortent la tête hors de l’eau comme la poursuite en voiture, présente dans la bande-annonce, qui voit Hit Girl debout sur une camionnette. À côté, quand c’est la comédie qui gouverne, Wadlow s’en sort mais sans la flamboyance de son prédécesseur, se contentant en quelque sorte de photocopier quelques mimiques marquantes histoire de raccrocher les wagons. Et au fond, ce n’est peut-être pas plus mal…
L’autre problème de Kick-Ass 2 concerne Nicolas Cage. Il n’est plus là. Forcément, le contraire aurait été étonnant vu que son personnage, le badass Big Daddy, est mort brûlé vif dans le premier film, mais rien ne vient combler le vide qu’il a laissé. Hit Girl, livrée à elle-même, crève une nouvelle fois l’écran, avec ou sans son paternel, mais le film réclame une figure bienveillante, plus âgée. Un rôle que tient Jim Carrey pendant la première partie, mais ses interventions, trop rares et se limitant plus ou moins à ce que l’on voit dans le trailer, ne suffisent pas à remplacer Big Daddy. Dommage d’avoir négligé Carrey, car il l’est l’un des As les plus valeureux dans le jeu de Wadlow, qui peine à donner de l’épaisseur aux petits nouveaux. Bilan : Kick-Ass, Hit Girl et l’ex-Red Mist, alias Motherfucker, portent à eux trois la totalité du métrage, tandis qu’autour, les autres s’agitent parfois en vain, si on fait donc exception du Colonel Stars and Stripes de Jim Carrey et de l’incroyable et bodybuildée méchante russe, il est vrai assez charismatique et puissante pour remporter l’adhésion (quelque part entre Kurt Russell, Brigitte Nielsen et Dolph Lundgren).
C’est peut-être pour cela que Kick-Ass 2 se fait sévèrement botter le cul par les critiques et se reçoit -à l’heure où ces lignes sont écrites- une belle volée de bois vert au box-office américain. Dommage, car hormis sa mise en scène un peu bancale et son écriture un peu superficielle concernant les personnages, Kick-Ass 2 est surtout un divertissement galvanisant des plus réjouissants. Moins jusqu’au-boutiste que son prédécesseur, il n’édulcore pas la violence et fait gicler l’hémoglobine avec la même ardeur. Violent, le film l’est assurément. Drôle aussi, surtout quand on aime l’humour qui tâche. En affichant une connerie assumée et revendiquée, le long-métrage se dédouane et fait mouche. Kick-Ass 2 roule pied au plancher. C’est un peu n’importe quoi, mais à l’écran, ça en jette.
Chloë Grace Moretz est décidément un phénomène incroyable, que ce soit dans l’action, la comédie ou même dans l’émotion ; Aaron-Taylor Johnson reprend avec une aisance confondante les habitudes de son personnage ; Christopher Mintz-Plasse, en totale roue libre, en fait des caisses avec un naturel jubilatoire, et Jim Carrey le caméléon, s’amuse en se payant une tronche pas possible d’ex-mafieux reconverti en justicier bigot amoureux des méthodes expéditives. Plus tard, Carrey désavouera la violence du film et il n’est pas le seul. À l’instar des œuvres qui illustrent une quête d’auto-justice, on peut coller à Kick-Ass 2 de multiples qualificatifs. On peut le taxer de réactionnaire, de malsain ou de nauséabond. Autant d’adjectifs hors-sujet. On n’est pas dans Le Justicier dans la ville où les choses sont plus sérieuses, même si au fond, là encore, il ne faut pas monter trop vite en pression. Comme si toutes les vannes et autres explosions grand-guignolesques de violence ne suffisaient pas conférer à Kick-Ass 2 sa patine cartoon. Oui on parle d’auto-justice, mais pas de politique. Il faut s’abandonner au spectacle et non y voir un pamphlet à la gloire des ligues de justice pro-NRA.
Très frais, Kick-Ass 2 est toujours une excellent alternative à Marvel et à DC Comics et sans dénigrer les « vrais » super-héros, ça fait du bien. Ici, au fond, personne ne se prend trop au sérieux ou du moins, c’est l’impression que le film donne. Le show est burné, saignant, crade et irrévérencieux, que ce soit par rapport aux situations qu’il présente (ok Hit Girl a grandi, mais quand même, elle reste une ado qui défonce des gros bras et qui en prend plein la tronche à l’occasion) ou via des dialogues parfois bien ciselés, où se cachent de beaux clins d’œil geek et des petites bourrades à la concurrence. Alors oui, Kick-Ass 2 est inférieur à Kick-Ass, mais pas mauvais pour autant, loin de là. C’est le bordel, mais parfois, le bordel, ça a du bon !
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Universal Pictures International France