Une fois cette drôle d’affaire réglée de main de maître, le Danielgate doit quand même servir à quelque chose, sinon demain encore le Maroc aura à en affronter d’autres du même genre, peut-être plus graves, peut-être moins et la capacité de réaction du pays ne sera pas suffisante pour tenir face à un nouveau tsunami!
Que retenir pour le futur du Danielgate?
Pour ma part, je vais sortir des sentiers battus par les bien-penseurs qui désignent d’un doigt accusateur et sans aucune concession le Cabinet royal comme source unique de tous les maux qui touchent ce pays!
En l’occurrence, cette cellule de décision a sa part de responsabilité, c’est certain tout comme il est certain que des mesures seront prises par qui de droit pour en améliorer le fonctionnement. Tous les chefs d’état du monde s’entourent de conseillers qui leur conviennent et s’en séparent dès lors que les conseils s’avèrent inopportuns. Le Maroc et le Cabinet royal ne va pas échapper à cette règle : le croire, c’est porter une accusation ridicule et infondée contre l’institution monarchique.
Par contre, je m’attacherai plus à la source de la réaction à cette bourde – parce qu’il faut appeler les choses par leur nom : la grâce de DFK a été une bourde!
C’est l’appel à un sit-in lancé par un twitteur qui a tout déclenché : loin des partis politiques, loin des associations de la société civile, loin des influenceurs habituels du net marocain!
Ce jeune homme a pris de court tout ce qui est organisé dans ce pays, car même les influenceurs du net sont organisés, il ne faut pas l’oublier ni la cacher!
Donc dans le futur, la prochaine erreur, la prochaine bourde, le prochain dérapage a toutes les chances (ou tous les risques) d’être dénoncé dès lors qu’il est porté à la connaissance du public et de provoquer une réaction en chaîne!
Plus besoin de passer par les canaux classiques, qui en cette occasion ont confirmé leur totale incapacité de servir de relais entre l’opinion publique et le pouvoir, dans son expression la plus centrale et la plus symbolique.
Même les associations de la société civile ont été écartées du processus : l’A.M.D.H. a voulu récupérer le mouvement spontané en phagocytant le sit-in du 2 août à Rabat – j’assume ce que je dis – et en faire un nouveau front de lutte politique. Cela a failli très mal tourner : et là encore, j’assume ce que je dis! Il y a eu des coups de matraque malencontreux mais comme par hasard ils ont atterri sur quelques figures connues!
Le jeune initiateur du sit-in n’a pas été inquiété! Pas plus que les sit-ineurs d’Agadir, ni de Tétouan, ni d’ailleurs, ni ceux de Casablanca qui ont tenu à faire entendre leurs voix une fois que l’affaire était déjà en phase terminale!
Pour finir, je crois que les médias publiques – notamment les télévisions – devraient comprendre que le Danielgate a sonné définitivement le glas de leur crédibilité déjà entamée depuis des décennies.
Personne ne les croyaient, personne ne les croira!
Même constat pour les partis politiques et pour leurs responsables : jamais ils n’ont été aussi pathétiques – ou aussi ridicules – que lors de leur passage sur les écrans de la Aoula, une fois que le souverain ait pris toutes les mesures que la situation imposait.
Peu de citoyen(ne)s les croyaient, plus aucun citoyen(ne) ne les croira désormais!
Tout cela va-t-il dans le sens de la Constitution de 2011? Rien n’est moins sûr!
Mais la démocratisation d’un pays est un long chemin de croix, qui passe par les détours les plus inattendus, parfois sanglants comme chez nos amis égyptiens, parfois tumultueux comme chez nos voisins tunisiens, parfois escarpés comme celui que nous venons de franchir!