La Valse des pantins
Titre original : The king of Comedy
Réalisé par Martin Scorsese
Avec Robert De Niro, Jerry Lewis, Diahnne Abott
USA, 1h50, 1983
Date de sortie : 18 mai 1983
Date de reprise : 18 mai 2011
Consultez les horaires sur le site du cinéma : http://www.ville-venissieux.fr/cinema/
Synopsis
Rupert Pupkin rêve de devenir le nouveau roi du rire. Employé des télécommunications, il passe l’essentiel de son temps à répéter des numéros comiques et à traquer les célébrités pour compléter sa collection d’autographes. Un soir, il parvient à approcher son idole Jerry Langford, un présentateur de talk-show humoristique qui lui suggère de contacter sa secrétaire. Le lendemain, Pupkin déboule au bureau de Langford, persuadé qu’il va passer à la télévision. Après s’être fait rembarrer plusieurs fois, Pupkin décide d’employer la manière forte et met au point un stratagème avec la complicité de Masha, une fan dérangée…
Autour du film
Après le succès de Raging Bull, Martin Scorsese surprend en réalisant une critique acerbe de la médiatisation et de ses dérives psychotiques. Le cinéaste retrouve son acteur fétiche, Robert De Niro, qui campe un personnage halluciné et imprévisible, aussi drôle qu’inquiétant. Tout comme Travis Bickle, le protagoniste de Taxi Driver, Rupert Pupkin prépare son coup d’éclat : peu importe la manière, il doit passer à la télévision ! Face à lui, le génial Jerry Lewis incarne un grand professionnel du rire, célébrité sympathique aux yeux du public mais odieux misanthrope en privé.
Plus qu’une comédie, le film est un portrait troublant du fan-system et de ces individus rendus fous par la gloire éphémère des autres. Sommet méconnu de la collaboration Scorsese – De Niro, La Valse des pantins demeure l’un des films les plus hilarants et les plus brillants de Martin Scorsese.
Dans la scène où Robert De Niro et Sandra Bernhard se disputent dans la rue, les trois voyous qui les prennent à partie sont les trois membres du groupe The Clash : Joe Strummer, Paul Simonon et Mick Jones. Martin Scorsese est un grand fan du groupe : deux morceaux du groupe figurent sur la bande originale de A tombeau ouvert ("Janie Jones" et "I’m So Bored With the USA").
Par ailleurs, comme à son habitude depuis ses débuts, Martin Scorsese fait une apparition dans le rôle d’un réalisateur de télévision.
Bien que le projet de La Valse des pantins lui ait été apporté par Robert De Niro, Martin Scorsese partage un lien personnel avec le sujet. En 1976, son film Taxi Driver change la vie d’un certain John Hinckley Jr. qui tombe amoureux du personnage de la prostituée jouée par Jodie Foster. L’homme traque la jeune star, lui écrit des lettres et l’appelle au téléphone, allant même jusqu’à déménager pour vivre près de chez elle. Le 30 mars 1981, dans un ultime geste de folie pour attirer l’attention de Foster, John Hinckley tente d’assassiner le président Ronald Reagan. Arrêté, il demeure en résidence psychiatrique depuis 30 ans.
La Valse de pantins est un des plus gros échec commercial de la carrière de Martin Scorsese. En effet, le film a rapporté 2,5 millions de dollars sur l’ensemble de son exploitation soit le plus faible chiffre d’affaires pour un film produit par un studio en 1983. En France, le film a réalisé 193 810 entrées.
Les intentions de MARTIN SCORSESE dans la Valse des Pantins
« Après Raging Bull, je suis redevenu nerveux. Pour moi, ce film était un film de kamikaze : j’y avais tout mis et je pensais que ce serait mon dernier film. Je pensais partir tourner des films documentaires à Rome sur la vie des saints – j’avais appris des choses nouvelles à leur propos. Je pensais me reconvertir dans le documentaire. J’étais encore un peu insatisfait. J’aimais Raging Bull, et j’avais encore en moi l’énergie que j’avais mise dans ce film sans vraiment savoir ce que j’allais en faire.
Alors Bob a fait de nouveau son apparition en me proposant La Valse des pantins. Il m’a dit : "C’est un film que tu pourrais tourner à New York, très rapidement. Tu ferais ce que tu veux." J’y ai réfléchi. Puis j’ai eu l’idée de Jerry Lewis, que j’ai rencontré à Las Vegas et à Los Angeles. Ensuite, j’ai choisi Sandra Bernhard. J’étais encore un peu affaibli par Raging Bull. J’avais une pneumonie, que j’ai guérie pendant un séjour à Rome. (…)
Bob m’avait donné le scénario dix ans auparavant et je n’avais alors pas bien compris le sujet, mais dix ans plus tard, je saisissais mieux les personnages de Jerry et de Rupert à cause de ce que j’avais vécu entre-temps. Lui avait senti ces choses dès le départ parce qu’il était déjà une star. Le film est, je pense, plutôt réussi. Principalement grâce aux acteurs qui sont merveilleux.
Je voulais faire deux choses : tourner aussi vite que possible, et surtout réduire mon style à quelque chose de très retenu, avec des plans très simples dans leur composition qui donneraient l’impression que les personnages y sont comme enfermés. Créer une tension. À cette époque, j’étais assez perplexe face à une certaine tendance visuelle dans le cinéma. Certains critiques parlaient de films en disant : "On pourrait en prendre un plan et l’accrocher au mur comme un tableau."
j’’ai pensé à certains vieux films, qui ont un éclairage assez plat, des plans simples et qui pourtant sont très puissants et émouvants. Les films d’Ozu par exemple. Je ne voulais pas imposer au public des
effets techniques. Le sujet permettait ce parti pris parce que c’était une comédie de moeurs. Je voulais que les plans ressemblent à de la télévision. Michael Chapman, qui n’a pas fait l’image du film, m’avait dit que ce serait impossible parce que j’avais un oeil trop sophistiqué. C’est peut-être vrai, mais j’ai tenté quelque chose d’autre sur ce film. (…)
Je voulais me discipliner et devenir vraiment un réalisateur. Je ne dis pas ça par fausse modestie. Je voulais me sentir capable de mettre en scène des sujets qui n’étaient pas les miens, et voir jusqu’où je pouvais me les approprier. » Martin Scorcese paru dans Les Cahiers du cinéma n°500 (mars 1996)
Festivals
La Valse de pantins a été présenté à Cannes 1983 en compétition officielle. Martin Scorsese avait déjà présenté à Cannes Mean Streets en 1974 (en section parallèle), Alice n’est plus ici en 1975 (en compétition officielle), Taxi Driver en 1976 (Palme d’Or), Last Waltz en 1978 (sélection officielle hors compétition). Il proposa ensuite After Hours en 1986 (Prix de la mise en scène), New York Stories en 1989
Fiche technique
- Réalisateur : Martin SCORSESE
- Scénario : PAUL D. ZIMMERMAN
- Avec : Robert DE NIRO, Jerry LEWIS, Diahnne ABBOTT, Sandra BERNHARD
- Photographie :Fred SCHULER
- Montage : Thelma SCHOONMAKER
- Production : Arnon MILCHAN