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La nuit en vérité - Véronique Olmi ***

Publié le 23 août 2013 par Philisine Cave
Enzo Popov, collégien rondouillard occupe seul avec sa mère célibataire, l'attirante Liouba,  un appartement parisien des beaux quartiers, en échange du ménage quotidien. La situation géographique dudit logis lui permet d'intégrer un collège prestigieux, bien sous tous rapports, enfin a priori. La nuit en vérité - Véronique Olmi *** Premier roman lu de Véronique Olmi et déjà  premiers constats : cette auteure écrit bien, sait mettre en place une intrigue et la faire glisser vers le pire au détour d'une scène, travaille sur la noirceur humaine. Dans La nuit en vérité, Véronique Olmi aborde via son héros intelligent et en recul, la violence sociale (une Liouba réduite à sa condition d'employée par des patrons paternalistes et incapables de la prénommer correctement, le rejet de la pauvreté) ainsi que le harcèlement scolaire et son abject dispositif (brimades et insultes, au pouvoir renforcé par les nouvelles technologies type Facebook et par l'absence de réaction du corps enseignant) jusqu'à l'horreur.  Ce récit donc noir dévoile toutefois une échappatoire, une forme de résilience : l'intervention de soldats fantasmés maintient l'équilibre psychique du héros, la relation magnifique entre Enzo et Liouba, le soutien franc et amical de Charles et le côté débonnaire d'Enzo complètent le tout.  Rien n'est simple chez Véronique Olmi mais c'est si bien décrit, alors...
page 50 :
« Dans la salle l'air s'était condensé, ça sentait la colle et l'haleine du matin, on ne se serait pas cru dans un collège des beaux quartiers, ça aurait pu être n'importe où dans le monde et depuis toujours :  une salle de classe dans laquelle il y avait trop de monde et pas assez de passion, trop d'ennui et aucune joie. C'était le pays de l'apprentissage et de la bêtise, des satisfactions de groupe, avec ses convictions faciles, sas amitiés de caste, de jeunes adolescents à la conscience endormie, qui n'avaient pas envie de s'encombrer de remords, voulaient sortir de l'enfance et se ruer dans l'âge adulte, sans avoir flâné, sans avoir dérivé dans la marge, car la marge était un lieu effrayant entre tous, le lieu redouté et banni, de la différence
page 147-148 :
« Elle avait une ride déjà profonde entre les yeux, qui contrastait avec son visage jeune et encore lisse, et l'enfant dessinait cette ride unique en tentant de comprendre ce que sa mère y avait mis : sa naissance ? ses heures de ménage ? ses problèmes d'argent ? »
Éditions Albin MichelLa nuit en vérité - Véronique Olmi ***
SP reçu grâce à l'opération On vous lit de Libfly, en partenariat avec le Furet du Nord et les éditions Albin Michel, que je remercie pour leur confiance et la liberté qu'ils m'ont accordées lors de cette lecture.
parution le 21 août 2013
Rentrée littéraire 2013

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