Broché: 179 pages
Editeur : J’ai lu (21 août 2013)
Collection : J’ai lu Roman
Langue : Français
ISBN-10: 2290069795
ISBN-13: 978-2290069790
Non disponible sur liseuse
Résumé:
C’est l’histoire d’une petite fille, Salomé, disparue en 1943 à Auschwitz. L’histoire aussi d’une jeune femme qui, soixante ans plus tard, donne le même prénom à sa fille. L’histoire surtout de la puissance de la vie face à la disparition, de la joie et de l’élégance face à la barbarie. Dans La réparation, Colombe Schneck remonte le fil d’un passé familial pour constituer ce qui est, finalement, la seule vraie réparation : un héritage.
Mon avis:
"Il n’y pas de transmission aux enfants et aux petits-enfants. Le monde d’avant est enterré et il n’en reste que quelques survivances. Les cornichons au sel, la vodka à l’herbe de bison, les gâteaux au pavot et la Kacha. "
Certaines lectures vous prennent parfois au dépourvu. Non pas parce qu’elles sont exemptes de tout défaut, que le style de l’auteur vous a littéralement emballé ou parce qu’elle est d’une incroyable originalité mais parfois tout simplement parce son histoire vous parle ou vous émeut pour différentes raisons. C’est indéniablement ce qui s’est passé avec ma lecture de La réparation de Colombe Schneck.
Ce livre est avant tout l’histoire d’une quête un peu particulière: celle de l’auteur qui cherche à reconstituer et à démêler les fils de son passé; un passé lourd à porter pour les siens puisqu’il est lié à la Shoah. Tout commence par un prénom, "Salomé", suggéré par la mère de l’auteure alors que cette dernière attendait sa fille. De Salomé, il ne reste rien hormis une photo de la petite fille morte en déportation pendant la seconde guerre mondiale. Pour Colombe Schneck, elle est le début de longues recherches pour reconstituer l’histoire de cette petite cousine dont elle n’avait jamais entendu parler mais aussi celle de sa famille pendant cette sombre période. Le passé de cette famille prend forme au fil des pages comme les pièces d’un puzzle qui révèlent peu à peu une vérité dérangeante, un secret gardé pour ne pas choquer les descendants.
"Je ne sais pas quel chemin il faut prendre pour raconter cette histoire"
Voilà tout le problème de ce court roman. On perçoit parfaitement les doutes, les hésitations et les peurs aussi de l’auteure dans sa recherche de vérité. Elle est partagée entre un héritage dont elle ne connait que peu de chose, sa peur de voir le voile se lever et ses préoccupations de femme qu’elle considère presque que comme futiles. Outre le récit de ses découvertes et le thème de la Shoah, c’est sans doute l’aspect qui m’a le plus intéressée dans ce roman: ce passé qui s’oppose à sa vie si normale de femme du XXIème siècle et surtout cet héritage qui lui permet de mieux comprendre ses proches, d’appréhender la culpabilité sous-jacente qu’elle a toujours perçue chez sa mère et sa grand-mère ou cette peur panique de perdre ses propres enfants. Un héritage lourd et inconscient qui se heurte au silence et à la mémoire.
Malheureusement, cet aspect qui aurait pu faire de ce roman un témoignage à part, n’est finalement que peu exploité. L’entreprise de l’auteure était intéressante mais elle se noie dans un inventaire de faits bruts, presque journalistiques et parfois répétitifs surtout dans la première partie du roman où l’identité des protagonistes et leurs liens de parenté sont inlassablement repris pour ne pas perdre le lecteur. Le roman procède par touches désordonnées, par va et vient entre le passé et le présent, l’auteure parle également des difficultés d’écrire sur soi, aborde la déportation lituanienne des juifs, effleure les conflits israëlo-palestiniens: c’est trop pour un si court roman.
J’ai apprécié ce roman. Certains passages m’ont émue mais il me laisse une impression de trop peu. J’aurais aimé que certains aspects soient davantage développés et qu’il soit légèrement moins factuel même si l’on ressent l’implication grandissante de l’auteure dans cette mémoire familiale à reconstruire.
Un petit extrait qui m’a particulièrement marquée:
"Que reste-il ici comme traces de cette vie d’avant, d’une petite fille nommée Salomé Bernstein jouant avec son tambourin? Gila avait-elle raison quand elle m’avait découragée de me rendre en Lithuanie? – "Il ne reste rien" Je cherchais dans ma vie d’aujourd’hui des traces de ce passé et n’en voyais que des effets minuscules, je cherche ici les mêmes traces, je les vois partout".
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