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« La danse, il faut bien penser où l'on mettra ses pieds » Blaise Pascal
L'auteur :
François Vallejo est un écrivain français auteur de sept romans, romans pour lesquelles il a obtenu plusieurs distinctions littéraires.
L'histoire :
« Nous pourrions nous ignorer, comme bien des voisins au monde, mais un petit rien établit un lien entre nous, un lien ténu et flou, intermittent, mais déjà plus lourd et plus douloureux à l’épiderme que des chaînes : dès que nous nous enfermons, lui dans sa taupinière, moi dans mon entresol, et que nous séparent seulement lui son plafond, moi mon parquet, ce petit rien entre nous, c’est son grand boucan. Ça barde tout de suite. Voici que du fond de la crypte sur laquelle je m’apprêtais à bâtir avec Célestine une cathédrale de paix vouée au recueillement voluptueux et à la musique de chambre, s’élève un sabbat de bal musette. »
Pour éviter de s’en faire un ennemi, le narrateur – médecin désabusé responsable de la santé de tous les marins du globe transitant par le port du Havre – a l’idée saugrenue de « quémander » le silence auprès de M. Émile afin d’écrire sa pseudo-thèse qui traite… du bal à travers les âges ! Mal lui en prend !
Anodin et loufoque, truffé de quiproquos, le récit aborde très subtilement les rives du « conflit » entre corps et esprit, entre l’un qui danse et l’autre qui ne fait que « penser » la danse, celles de la difficile communication entre les humains.
Ce que j'ai aimé :
Pour Monsieur Emile, la danse est tout. La musique, la joie procurée par le mouvement, la technique, la beauté des danseurs, cet ensemble calibré et harmonieux résume son monde. Et cela s'entend, pour le plus grand déplaisir de son voisin, le narrateu,r qui aimerait profiter de son nouvel appartement en silence et non pas en musique... Aussi ce médecin va-t-il prétendre avoir besoin de paix pour rédiger une thèse sur le bal à travers les âges. Mais sa paix sera de courte durée puisque Monsieur Emile sera ravi de rencontrer une personne qui estime sa passion au point de lui consacrer une thèse.
Les deux univers vont alors s'interpénétrer, mais les pages du roman ne nous mènent jamais là où on pensait aller allègrement, en maître absolu, François Vallejo mène résolument la danse, pour le plus grand plaisir de ses partenaires-lecteurs.
Roman jubilatoire, alerte, au rythme rapide, Vacarme dans la salle de danse lance des canaux de réflexion sur l'humain, sur les rapports entre les hommes, qu'ils soient voisins ou en couple, sur la curiosité des uns pour la vie des autres, sur la passion qui anime certains êtres, sur le mystère qui plane finalement sur les uns ou les autres dans une obscurité déroutante. Seul le partage d'une passion pourra peut-être en sauver certains...
Ce que j'ai moins aimé :
M'en souviendrais-je dans un an ?
Premières phrases :
« Emménager dans un nouvel appartement, c'est comme venir au monde : parfois on tombe mal. Et impossible de se débarrasser du mal, à moins d'en crever ; ou de déménager une nouvelle fois, avec l'espoir de la résurrection. Grande affaire. »
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Du même auteur : Les sœurs Brelan de François VALLEJO
D'autres avis :
Vacarme dans la salle de bal, François Vallejo, Viviane Hamy, 1998, 160 p., 16.50 euros