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The Lone Ranger : Il faut sauver le soldat Verbinski !

Publié le 24 août 2013 par Wtfru @romain_wtfru

Lone-Ranger-Film

Réalisé par Gore Verbinski
Écrit par Justin Haythe, Ted Elliott et Terry Rossio
Avec Armie Hammer, Johnny Depp, William Fichtner, Tom Wilkinson, Ruth Wilson, …
2h29

Résumé

Tonto, le guerrier indien, raconte comment John Reid, un ancien défenseur de la loi, est devenu un justicier légendaire à ses côtés. Ces deux héros à part vont devoir apprendre à faire équipe pour affronter le pire de la cupidité et de la corruption…

Avis

Autant commencer par le sujet qui fâche : The Lone Ranger va être l’un (voire LE) plus gros bide financier de cette année 2013 (on parle déjà des pertes avoisinant les 150 millions de dollars pour Disney !).
Pourtant, qu’on se le dise, ce cuisant échec n’est pas vraiment mérité à la vue des qualités dont dispose le film. Le vrai problème, au final, est qu’il a coûté une fortune (environ 250 millions de dollars, promotion comprise). Fortune qu’on ne retrouve pas toujours sur l’écran tant certains effets spéciaux et décors nous apparaissent pauvres, mais fortune qui fut pourtant bel et bien dépensée.

C’est véritablement dommage car, hormis ces petits défauts (auxquels on peut également ajouter l’inexpressivité de certains acteurs), The Lone Ranger avait largement de quoi s’affirmer comme étant LE blockbuster de cet été 2013 (il faut dire que la concurrence est faible, voire très faible !).
Drôle, malin, assez intelligent et plutôt bien rythmé (en dépit d’une durée trop longue), le film de Gore Verbinski est un divertissement de très bonne qualité. Il n’a certes pas l’étoffe d’un grand film, mais dans sa catégorie, il fait malgré tout office de poids-lourd !

Le fait de dire « le film de Gore Verbinski » n’est pas non plus vraiment un hasard.
Réalisateur enfermé dans le genre qu’il a lui-même contribué à relancer avec la saga Pirates des Caraïbes (dont il a mis en scène les trois premiers opus), Verbinski avait su nous prouver il y a deux ans avec le splendide Rango qu’il était bien plus qu’un simple tâcheron ayant vendu son âme au diable hollywoodien, et que derrière le strass et les paillettes de ses précédents films, il y avait bel et bien un réalisateur intelligent, et semble-t-il un tant soit peu cinéphile, capable de diriger des productions audacieuses.

En continuant d’explorer l’univers du western (comme ce fut déjà le cas avec Rango), Verbinski nous offre un nouveau déluge de citations et références en tous genres (avec toujours Leone et Ford en tête). Mais loin d’utiliser une optique multiréférentielle trop évidente, il parvient à dépasser l’aura de ses modèles, et à maîtriser lui-même les codes qu’il leur emprunte.
Il n’y a qu’à voir cet hommage au Mécano de la ‘General’ de Buster Keaton, grossier en apparence, mais qui se révèle finalement plutôt rusé car utilisant les codes du 21ème siècle (malgré des effets spéciaux assez laids) a cette séquence culte de l’apogée du cinéma muet.

Et c’est justement là où nous voulons en venir avec cette chronique. Verbinski n’est pas le meilleur réalisateur de notre époque (quiconque oserait l’affirmer apparaitrait sot de toute façon). Verbinski ne fait pas de meilleure western que ses illustres modèles (celui qui le clamerait apparaitrait encore plus sot !).
Seulement voilà, Verbinski est un réalisateur semble-t-il doté d’un immense potentiel, mais qui risque, à l’avenir, de ne plus pouvoir monter de projets personnels suite à l’immense échec que va constituer ce Lone Ranger.
Le cinéma est un univers impitoyable qui a condamné moult cinéastes à la suite d’échecs commerciaux. Hollywood peut pardonner beaucoup de choses à condition que ça rapporte… Ce qui n’est clairement pas le cas ici.

Si Gore Verbinski peut apparemment compter sur les soutiens indéfectibles de Johnny Depp et de Jerry Bruckheimer (qui est venu à sa rescousse lorsque le film apparaissait branlant), parviendra-t-il à les faire durer après le gouffre financier du film en question ?
Verbinski n’est peut-être pas le plus grand artiste hollywoodien, mais il faut en tout cas largement mieux que le rôle de tâcheron que certains voudraient lui attribuer ! Il faut tout de même du courage pour s’attaquer, après avoir réalisé une trilogie à grand succès, à deux hommages simultanés et réussis au western (genre considéré aujourd’hui obsolète par beaucoup). De surcroît si on note que le premier des deux fut un film d’animation, et le second une réadaptation d’une série culte des années 30 !
Voilà pourquoi il faut croire en Gore Verbinski. Il n’a peut-être pas le talent de certains de ces contemporains, mais il a au moins le mérite d’oser, de tenter des choses qu’il ne connait pas et qui sont risquées.

Le système hollywoodien tel que nous le connaissons est en train de toucher à sa fin. Beaucoup en sont déjà conscients aujourd’hui (Lucas et Spielberg, pourtant bien intégré dans le système ont, notamment, déjà tiré la sonnette d’alarme) D’ici entre 5 et 10 ans (grand maximum) tout l’ensemble s’écroulera et nous connaitrons (espérons-le en tout cas), une nouvelle ère comme ce fut le cas dans les années 60/70.
Dans ce monde uniformisé et aliéné, Verbinski parvient à apparaître comme une légère lueur d’espoir. Comme la transition possible entre le cinéma de studio et le cinéma indépendant.
Si on y réfléchit bien, l’échec de The Lone Ranger pourrait au final s’avérer être une bonne chose : cela obligerait Verbinski, après avoir dépouillé un studio, à revenir à des budgets plus modestes et à nous montrer ce qu’il a véritablement sous la semelle !

L’homme qui écrit ses quelques lignes a en tout cas cet espoir car il est impressionné de voir que certains cinéastes connaissent encore le cinéma et son histoire.
Et si The Lone Ranger ne s’avère finalement qu’un pur divertissement de qualité, qu’importe : du moment qu’on y voit une lueur d’espoir !…


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