Breaking Bad, Saison 4

Breaking Bad, Saison 4, créé par Vince Gilligan.
Synopsis : Walter essaye de retrouver une certaine stabilité dans sa vie professionnelle, tandis que Jesse va plus mal que jamais, étant proche d'un état dépressif. Mais grâce au deuxième travail qu'il effectue avec Mike, il retrouve alors un peu d'équilibre, et est habilité à protéger Gus lors de son attentat contre le cartel. De son côté, Gus négocie avec le cartel la libération de ses obligations, après avoir éliminé ses concurrents et part en croisade contre eux.
Cette quatrième saison de Breaking Bad est celle que j'aime le moins, même si elle possède énormément de qualités. La principale raison, que j'avais déjà abordé dans mon article de la saison 3, est que la série a pris un véritable virage et qu'on a quelque part perdu le côté artisanal, l'esprit de l'homme perdu au milieu du désert. De faire évoluer l'intrigue vers quelque chose de plus industriel était logique mais enlève un peu de la saveur d'origine. Heureusement que l'arc avec Jesse et Mike permet de retrouver un peu de cet esprit.
Le cliffhanger de la fin de saison 3 était d'une violence assez inattendue mais ce n'est rien à côté de la séquence où Gus devient un des personnages les plus effrayants qu'on ait pu voir à la télévision depuis longtemps. Giancarlo Esposito fait preuve d'un jeu d'acteur tout à fait magistral et c'est clairement un point culminant pour sa carrière. J'aime cette violence passive, cette colère contenue et la domination totale de l'écran. Gus éclipse tous les autres personnages. C'est probablement la meilleure scène de la saison à mes yeux.  A partir de cet instant s'installe la rivalité entre Gus et Walter qui sera réellement le fil rouge de la saison jusqu'à l'ultime conclusion, explosive ! La seconde partie de saison qui mène jusqu'à l'affrontement final est vraiment très bien amené et mis en scène. Cela rattrape assez bien les quelques lenteurs de départ et le fait que la série commençait à essouffler. C'est clairement lorsque Walt est acculé et confronté à un danger imminent qu'il est le plus efficace et intéressant. On est de nouveau témoin de son ingéniosité. C'est assez amusant de voir à la fois Walt d'un côté qui perd complètement l'esprit, qui craque face à la pression, et Heisenberg qui reprend les rennes et sauve la situation. Bryan Cranston fait une nouvelle fois preuve de beaucoup de talent, le point fort de la saison étant pour lui la scène à travers la trappe dans le plancher où Walter apprend que Skyler a donné l'argent à Ted et qu'ils vont tous mourir en conséquence. Cranston est ici magistral.
A côté de ces moments forts, la saison souffre de quelques lenteurs. Au fur et à mesure des saison on a vu l'apparition de pas mal de personnages secondaires, si bien que l'intrigue globale s'étire de plus en plus loin et on a le besoin d'en apprendre plus sur eux. C'est principalement le cas de Gus dont on apprend la genèse de son empire, ses sacrifices, ses pertes et la rage qui le consume. On découvre également le passé d'Hector Salamanca, le vieillard à la clochette. Des choses intéressantes mais qui du coup affaiblissent Walter et Jesse, parfois relégués au second plan.   L'arc concernant Ted, bien qu’absolument nécessaire à l'histoire principale (comme la totalité des éléments introduits, la série étant une gigantesque toile où tout est utile), il faut reconnaitre que ce n'est pas très dynamique. Bizarrement, c'est pendant ces scènes que Skyler à l'occasion de briller et la plupart des spectateurs la détestent encore plus. Je pense que c'est au contraire la saison où Skyler réalise vraiment son ascension. Elle a accepté les crimes de Walt et malgré le fait d'être terrorisée, elle parvient à retourner la situation à son avantage. D'une certaine façon, elle embrasse le côté obscur de la force, elle n'est plus en opposition comme lors de la saison 3 où elle pouvait être agaçante, j'imagine. 
La quatrième saison est surtout l'occasion de remettre Hank sur les rails. Si vous avez lu mes autres billets concernant Breaking Bad, vous connaissez mon amour pour ce personnage que je trouve tout simplement parfait. Ici on le retrouve encore dans un sale état après son affrontement contre les cousins Salamanca. Pas mal d'humour avec les cailloux minéraux en début de saison mais on aborde rapidement un arc plus sombre avec l'enquête sur la mort de Gale et le début des soupçons sur Gus. C'est toujours un vrai plaisir de voir Hank collecter les pièces du puzzle en attendant qu'il emboite le tout à la fin de la série. C'est également assez amusant la danse entre lui et Walter, les phrases à double sens et le jeu du chat et de la souris. 
En conclusion, je pense vraiment que cette quatrième saison est pleine de qualité, mais elle n'est pas, à mes yeux, à la hauteur du reste. J'ai un peu l'impression que Vince Gilligan et ses scénaristes se sont installés un peu trop confortablement et ont livré une saison un petit peu prévisible. Ils se sont donné l'opportunité de développer d'avantage les personnages secondaires et l'univers du cartel mexicain, au détriment d'une intrigue un peu plus coup de poing. La saison reste très bonne et un vrai plaisir à regarder pour la première fois, le revisionnage ayant été un peu plus douloureux à côté des premières saisons.