Tartelettes sablées (sans gluten) prunes, raisin et romarin

C'est un dimanche pluvieux. Je trie les photos de l'été, accompagnée d'une tisane fumante et d'un bon disque. Ce temps de rentrée des classes me laisse songeuse. 2013. Mes pensées s'envolent dix ans en arrière.

Août 2003. J'ai seize ans et m'apprête à rentrer en terminale. Je porte des jeans pattes d'eph qui débordent de mes Converse et des pulls roses. J'ai les yeux trop maquillés et mon téléphone portable est décoré d'un scoubidou fluo. Les SMS que j'échange avec ma meilleure amie sont ponctués de LOL, tro bi1, CklR, a2m1 et autres xoxo. J'ai embrassé deux garçons depuis ma naissance, dont un à l'âge de quatre ans, et ce palmarès me semble très insuffisant. Août 2003. Exsangue, je me relève d'une anorexie qui m'a laissé, cet été-là, à peine plus que la peau sur les os. Pour la première fois, j'ai décidé de me battre, de me battre contre moi-même. J'entrevois que ma relation à la nourriture est à jamais abimée et que ce que mes parents appellent aujourd'hui pudiquement mes "vieux démons" vont me hanter sans répit. Néanmoins, j'ai décidé de me battre. Août 2013. Dix ans plus tard, dans mon appartement parisien comme dans le métro, j'écoute encore et toujours les Beatles. J'ai les yeux moins maquillés et écris des SMS grammaticalement corrects. J'ai troqué les pantalons pattes d'eph pour les slims, les pulls fushia pour des chemisiers fleuris et chausse mes Converse de temps en temps pour marcher à la campagne. J'ai embrassé un nombre censuré de garçons depuis ma naissance et cela me semble à présent très excessif. Août 2013. Dix ans plus tard, je n'ai jamais été aussi forte. J'ai dompté la maladie par la connaissance et appris à avoir confiance en mon assiette. Bien entendu, cela implique de la rigueur : du bio, essentiellement végétal, du très frais, du très sain ; c'est le prix à payer pour alléger mon esprit trop aisément torturé. J'ai appris à aimer manger, j'ai appris à cuisiner ce que j'aime. Je ne suis pas guérie et ne le serai probablement jamais mais je sais désormais que la nourriture peut soigner à la fois le corps et l'âme.
    Tartelettes sablées prunes, raisin et romarin (sans gluten) Pour 2 (grandes) tartelettes     La pâte sablée au romarin

• 40 g d'huile de noix de coco
• 50 g de farine de riz complète, tamisée
• 25 g de farine de maïs (et non fécule de maïs), tamisée
• 25 g de sucre muscovado (ou autre sucre complet)
• 1 à 2 cuillères à soupe d'eau froide
• 1 cuillère à café de romarin frais haché

Faire mollir l'huile de noix de coco. Mélanger à la main l'ensemble des ingrédients. Malaxer longuement afin de bien incorporer la farine à l'huile et à l'eau. Former deux boule de pâte et en foncer deux moules à tartelettes préalablement huilés (avec un peu d'huile de noix de coco). Piquer les fonds de tartelettes à l'aide d'une fourchette, garnir de billes d'argile (ou de pois chiches secs / haricots secs...) et cuire à 180°C pendant 20 minutes. Laisser refroidir et garnir sans démouler.     La garniture de prunes et raisins rôtis au romarin      

• 2 prunes rouges
• 2 reines-claudes
• 10 grumes de raisin
• 1 cuillère à soupe de miel
• 1 petite branche de romarin frais

Laver les fruits, couper en deux et dénoyauter les prunes et les reines-claudes. Mélanger les fruits, le miel et le romarin. Enfourner à 180°C pendant 10 minutes. Répartir les fruits rôtis sur les fonds de tartelette. Garnir du romarin et du miel de cuisson. Servir aussitôt.