Hier soir sur France 2, la présentatrice Karine Le Marchand eut a cœur de marier le théâtre et la télévision. Un duplex avec l'équipe de Bernard Murat projeté sur grand écran lui permit d'interviewer à ce sujet Pierre Arditti comme elle aurait pu le faire sur un plateau de télévision. Arditti calma ses ardeurs, en lui disant que la rencontre était "possible", mais sans plus.
On en a eu la preuve tout au long de la cérémonie : alors qu'on aurait pu s'attendre à connaître l'actualité théâtrale des hôtes par la voix de Jean-Philippe Viaud pendant les quelques secondes où ils prenaient place, Karine Le Marchand s'échina à les retenir sur scène après de la remise :
- Oui au fait, vous êtes au théâtre en ce moment.
Cette lourdeur du dispositif télévisuel atteignit le comble de l'absurde dès le début de la cérémonie des Molières, où Michel Galabru sortit de scène sous les applaudissements, sans entendre que la pauvre présentatrice de télé voulait qu'il reste pour dire :
- Bben oui je suis au théâtre en ce moment, c'est mon métier figurez-vous.
Le "mariage" entre théâtre et cinéma, qui réunit parfois plusieurs millions de spectateurs, qu'on appelle en fait "théâtre filmé" mademoiselle Le Marchand si vous n'êtes pas au courant (ça fait juste un siècle que ça existe, avec l'arrivée du cinéma parlant) ne sera possible que si la télévision et les gens qui la font laisseront la place nécessaire au dispositif théâtre.
Ralenti avec effet visuel sur les récompensés, extrait sur grand écran pour chaque pièce distinguée, Jérôme Revon (le réalisateur le plus payé de la télévision) ne nous a rien épargné de la grammaire niveau maternelle du petit écran.
Remarquons aussi que les gens de théâtre n'ont pas failli à leurs tics habituels, débutant toute intervention par une citation, Vilar, Jouvet et autre Mniouchkine.
Un petit compromis peut-être ?
Les lauréats.