merci à Ambre O
Quand je parlerai avec le silence quand je n'aurai qu'une suitede dimanches gris à te donner quand je n'aurai qu'un lit videpour partager avec toi un désirqui ne satisfera plus des corps de ce monde quand les paroles en castillan ne m'aideront pluspour te dire ce que je serai en train de voir quand je serai privé de voix de regard de mouvement quand loin de moi j'aurai jetéla peur de mourir de n'importe quelle mort quand je n'aurai plus le tremps d'être moi-mêmeni envie d'être quelqu'un que jamais je n'aurai été quand je n'aurai plus que l'éternité à t'offrirune éternité de riens et d'oublis une éternité dans laquelle je ne pourrai plus ni te voirni te toucher te rendre jalouse ni te tuer quand à moi-même je ne me répondrai pluset que je n'aurai plus ni jour ni corps alors je serai à toialors je t'aimerai pour toujoursHomero Aridjis, Les poèmes solaires, précédé de Le poète en voie d'extinction, et suivi de Baleine grise (Mercure de France, 2009)
traduit du sud-américain par Ivan Alechine
image: William-Adolphe Bouguereau, Ave de printemps / 1901 (repfineart.com)