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[Critique] SHAUN OF THE DEAD

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] SHAUN OF THE DEAD

Titre original : Shaun of the Dead

Note:

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★

Origine : Angleterre
Réalisation : Edgar Wright
Distribution : Simon Pegg, Nick Frost, Dylan Moran, Kate Ashfield, Lucy Davis, Bill Nighy, Jessica Stevenson, Nicola Cunningham, Penelope Wilton, Julia Deakin, Martin Freeman, Tamsin Greig…
Genre : Comédie/Horreur/Romance
Date de sortie : 27 juillet 2005

Le Pitch :
Shaun, 30 ans, partage son temps entre son pub favori, son boulot de vendeur guère motivant, et son appartement, dans lequel il vit notamment avec Ed, son meilleur ami, un expert glandeur. Une existence qui laisse peu d’espace à sa relation avec Liz, sa petite amie, qui aimerait voir Shaun grandir et prendre enfin ses responsabilités. Quand une épidémie transformant les morts en zombies ravage Londres, Shaun prend les choses en main…

La Critique :
Tout a commencé avec Spaced, cette formidable série comique de deux saisons, diffusée entre 1999 et 2001 sur la chaîne britannique Channel 4 (critique ici). C’est Spaced qui a scellé l’alchimie entre Simon Pegg, Edgar Wright et Nick Frost et c’est Spaced qui a déterminé leur style. Un style amené à perdurer dans tous les films du trio et tout spécialement dans Shaun of the Dead, le premier de la Cornetto trilogy.
Pour inaugurer leur entrée dans la cour des grands (même si Pegg avait joué dans quelques films avant, comme 24 Hour Party People), Simon Pegg, Nick Frost et Edgar Wright ont choisi l’horreur. Celle qui accompagne le réveil des morts, si chère à George A. Romero, dont le cinéma fondateur est ici passé au crible avec un amour inconditionnel. Le titre à lui seul est un hommage, car il renvoie directement à Dawn of the Dead (Le Jour des Morts-Vivants chez nous) de Romero.
Avant de souligner à quel point Shaun of the Dead est drôle et pertinent, il faut tout d’abord saluer sa capacité à ne jamais tomber dans la parodie facile. Là n’est de toute façon pas le propos. Shaun n’est pas une parodie, ni un hommage. Pas uniquement. Il est avant tout un grand film de zombie et une grande comédie. En fusionnant les genres pour déboucher sur un cocktail qui définit leur sensibilité si unique, Pegg et Wright sont parvenus à faire mouche dans tous les genres ou sous-genres que leur film aborde. Et des genres, Shaun of the Dead en aborde quelques-uns…

La comédie tout d’abord est faite du même bois que dans Spaced, à savoir, volontairement décalée et savamment débile. Avant tout excellents auteurs, Wright et Pegg ont soigné jusqu’aux moindres détails de leur premier essai et ont veillé à maintenir le rythme comique, tout en se permettant des écarts plus dramatiques ou horrifiques qui n’amenuisent en rien les vannes et autres gags qui parsèment impitoyablement le cours de l’histoire. Une glissade par-ci, l’irruption d’un morceau fort à-propos par-là, ou une référence sortie de nulle part (comme celle à Evil Dead (Shaun fait plus ou moins le même boulot que Ash et son nom est mentionné)), tout est fait pour que le long-métrage se dévoile un peu plus à chaque vision. D’une richesse inouïe, Shaun of the Dead emprunte, à l’instar de Spaced, au cinéma de genre horrifique mais pas que, à la musique (le légendaire lancer de vinyle), à la BD et aux jeux-vidéos. Et si, puisqu’on parle de l’aspect comique, Shaun est si drôle, c’est justement parce qu’il suit des personnages authentiquement simples et forcement identifiables. Des types qui picolent, qui ont des soucis de cœur, qui jouent à la console, qui glandent et qui massacrent du zombie ! Un vrai fantasme de geek pourrait-on dire même si ce n’est pas si simple.
Shaun of the Dead n’est pas un délice uniquement réservé aux geeks. Au premier degré, il s’avère redoutable. Notamment grâce au sérieux avec lequel ses créateurs ont abordé l’aspect horrifique.

L’horreur des morts-vivants, quant à elle, est introduite d’une façon pour le moins classique, mais encore une fois, le choix de placer le spectateur aux côtés des protagonistes, change tout. On ne sait pas ce qu’il se passe à Londres jusqu’à ce que Shaun croise son premier mort-vivant. Comme La Nuit des Morts-Vivants, Shaun of the Dead ne quitte pas ses héros des yeux. À l’aide d’un montage nerveux et pertinent, Edgar Wright confère aux péripéties de Shaun et de ses amis d’infortune un côté haletant qui sert à la fois la rythmique comique et celle plus horrifique. Et de plus, le gore répond présent. Jamais édulcorées, les attaques des créatures en décomposition donnent lieu à des déferlement de tripailles indispensables à tout bon film de zombies qui se respecte. Là aussi, l’admiration pour le genre abordé est lisible et fait franchement plaisir.

L’affiche affirme que Shaun of the Dead est une comédie romantique avec des zombies. Shaun of the Dead est un film britannique et tout à chacun sait que la comédie romantique est l’une des grandes spécialités du septième-art de la Perfide Albion. Alors que l’horreur et la comédie se côtoient dans une cohérence rare, la romance parvient elle aussi à se mêler au cocktail. Tous les codes sont là, et les clichés qui ici n’en sont plus vraiment, aussi. La vie sentimentale de Shaun est chaotique. Londres aussi. Il prend les choses en main face aux zombies et tente de regagner du même coup le cœur de sa belle. On vibre aussi pour cette raison, tout comme il est bon de s’incliner devant la formidable amitié entre Shaun et Ed et ce jusqu’à la dernière séquence qui prouve si besoin était que le film est avant tout une affaire de potes. Un film de bande absolument génial !

Les acteurs sont pour beaucoup dans la réussite exemplaire du long-métrage. Simon Pegg est partout, mais n’en fait jamais trop. Charismatique, il cristallise à la fois la dynamique d’un héros post-apocalyptique à la Ash d’Evil Dead et celle d’un Hugh Grant. Nick Frost lui aussi est tout à fait à sa place en vrai/faux branleur plein de ressources et dont le rôle est d’appuyer son meilleur ami. Autour d’eux, c’est là aussi carton plein. Jessica Stevenson et Julia Deakin de Spaced sont dans le coup, Martin Freeman, futur Bilbo, aussi, et Bill Nighy fait du Bill Nighy, ce qui est sacrement une bonne nouvelle si on prend en compte que sa présence au générique d’un film qui sait l’exploiter à sa juste valeur, est un atout indéniable. Même chose pour Kate Ashfield, la belle de Shaun, elle qui rend d’une certaine façon hommage aux femmes badass du cinéma de genre.

On pourrait écrire un livre sur Shaun of the Dead. On pourrait parler pendant des heures des références qui se cachent ici ou là, de la réalisation affûtée et superbement cohérente d’Edgar Wright qui en un film se pose comme l’un des réalisateurs les plus doués de sa génération, tout comme on pourrait louer la pertinence des choix du trio en ce qui concerne les morceaux qui jalonnent la bande-originale du film. On pourrait dire tout un tas de trucs sur Shaun of the Dead mais surtout qu’il s’agit d’un tout impressionnant. On est devant l’un des meilleurs films de zombies, devant une comédie romantique non-mièvre tout à fait remarquable et devant une comédie hilarante.
En 2005, alors qu’ils sont pratiquement inconnus, ces trois gus posent les nouvelles bases d’un cinéma tourné vers l’avenir mais rattaché à un glorieux passé. Un cinéma qui glorifie la série B, qui ne fait pas de concession et qui s’avère d’une générosité brutalement jubilatoire. Avec Shaun of the Dead, la révolution est totale. Depuis, au rythme des multi-diffusions sur le TNT, le film vieillit comme un grand cru. Là est la marque des chefs-d’œuvres.
Souvent copié, jamais égalé, Shaun of the Dead est, dans son genre, une référence absolue.

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Rogue Pictures


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