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Dans le silence du vent de Louise Erdrich

Par Sylvie

ETATS-UNIS

Dans le silence du vent de Louise Erdrich

RENTREE LITTERAIRE, août 2013

Voici l'un des trois grands romans américains de cette rentrée littéraire avec Esprit d'hiver de Laura Kasischke et Canada de Richard Ford (article à venir). La grande romancière d'origine ojibwé ( tribu indienne du Dakota) a obtenu le National Book Award pour ce récit. Ce prix vient couronner une oeuvre exigeante tres riche d'un point de vue formel. Mais nous allons voir justement que ce dernier opus rompt avec son écriture habituelle.

 Pour la premère fois, Louise Erdrich donne  voix à un jeune adolescent de 13 ans alors qu'elle nous avait habitué à des récits polyphoniques d'inspiration faulknérienne.

 

Le point de départ du roman : Joe et son père retrouvent leur mère et épouse sauvagement agressée. L'adolescent comprend rapidement que sa mère s'est fait violée. Cela s'est passé dans la réserve indienne mais sans doute sur un territoire privé. Son père est juge tribal, mais a t-il réellement le pouvoir de trouver et condamner le coupable face aux autres administrations locales et fédérales ? Car comme le découvre Joe, son héroique de père est acculé à ne gérer que les affaires de vol ou de beuveries.

 

Alors, tous les deux, chacun à leur manière,  vont tout faire pour condamner le coupable. Alors que l'administration sera bien en peine d'être efficace, ils devront trouver d'autres stratagèmes. En aventuriers espiègles épris de justice, Joe et sa bande de camarades passeront à l'action...

 

Je ne suis pas d'accord avec la critique qui évoque à tout bout de champ l'influence faulknérienne. On pouvait effectivement en parler dans par exemple La malédiction des colombes, un récit polyphonique, choral, non linéaire. ici, il s'agit d'un récit linéaire à la structure très simple : faute/recherche du coupable/condamnation relaté par un adolescent, avec toute sa justesse et son espièglerie; ce qui me ferait plutôt penser à un roman d'aventures ayant pour but de redresser des tords, tel un peu Tom Sawyer.

Joe est un adolescent qui a certes vieilli prématurément, comme il le dit, anéanti par sa souffrance et celle de ses parents, mais il y a aussi dans son discours une fraîcheur insolite qui nous conte avec joie ses aventures avec ses copains : découverte de la sexualité, de l'alcool etc....La parole est à la fois émotion, souffrance, et aussi émois face aux surprises de a vie.

 

Il en ressort une formidable fluidité dans l'écriture, ce qui est totalement nouveau chez Louise Erdrich, qui nous livrait à chaque fois des récits très denses, voire étouffants. Les personnages sont tellement justes qu'ont a l'impression de les "saisir" tout de suite, d'être proche d'eux. 

Mention spéciale aux personnages secondaires qui apportent une touche d'humour à une thématique très noire : les copains de Joe, son grand-père Mooshum, centenaire, qui lui rconte les contes abracadabrantesques de la réserve indienne, sans oublier la plantureuse Soja, la copine de son oncle, ex stripteaseuse, dont Joe est follement amoureux....

Si nous aimons autant ces personnages, c'est parce que ce récit est avant tout un formidable roman d'apprentissage familial dans le microcosme d'une réserve indienne. Louise Erdrich prend le temps de tisser des liens très forts entre ses différents personnages et c'est cela qui fait de ce roman un joyau.


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