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« Tu es vraiment sûr que tu veux jouer ? »

Publié le 04 août 2013 par Christophe
Si je vous dis « trilogie suédoise », vous allez me dire : « quoi ? Tu lis « Millénium » seulement maintenant ? Mais tu retardes, mon pauvre Drille ! »… Sachez, premièrement, que je n’ai pas lu « Millénium », j’ai juste vu l’adaptation en série avec l’étonnante Noomi Rapace et, deuxièmement, que c’est vous qui retardez ! Car voici une nouvelle trilogie suédoise qui devrait aussi faire parler d’elle dans les mois qui viennent. Pour le moment, seul le premier tome est disponible et, vu sa fin, je dois dire que je suis déjà assez curieux de lire le second… Mais, ne mettons pas la charrue avant les bœufs, voulez-vous, et intéressons-nous à un thriller qui a de quoi rendre un tantinet paranoïaque mais qui en dit long aussi sur le besoin que nous avons de nos jours de nous surpasser, de nous sentir apprécié, de faire partie du groupe, quel qu’il soit, d’avoir son quart d’heure de gloire coûte que coûte… Voici « le Jeu », d’Anders de la Motte, sous-titré « Niveau 1 : oserez-vous entrer ? » (en grand format au Fleuve Noir) et, croyez-moi, on ne va pas jouer aux petits chevaux !
« Tu es vraiment sûr que tu veux jouer ? »
Henrik Pettersson, que tout le monde appelle par ses initiales, HP, est un jeune homme presque sans histoire. Bon, d’accord, âgé d’une trentaine d’années, il a un parcours plutôt chaotique, un casier judiciaire depuis ses 18 ans, il vit de petits larcins et trafics et/ou de petits boulots qu’il ne conserve jamais bien longtemps, n’a que très peu d’amis. Bref, il n’a pas la vie de M. Tout-le-Monde…
« Futé mais paresseux. Intelligent mais indolent. Brillant mais dénué d’ambition », voilà comment on pourrait le décrire. Et, force est de reconnaître qu’il est plus porté sur les DVD et les jeux vidéo que sur l’envie de se dégoter un boulot qui lui assurerait un meilleur niveau de vie que l’appartement dans lequel il vit et qu’il transforme peu à peu en taudis.
Alors qu’il est dans le métro, un coup de chance se présente à lui : un voyageur en face de lui descend du wagon en oubliant sur sa banquette son téléphone portable. D’où est HP, ça semble être un modèle assez haut de gamme… Et comme il n’est pas franchement du genre « bon samaritain », HP empoche l’appareil, ni vu, ni connu.
En le regardant de plus près, l’impression se confirme, l’appareil est de qualité, un smartphone tout neuf, mais qui ne ressemble pas vraiment aux autres, se dit HP… En plus, il est encore allumé et, sur l’écran, un simple message : « tu veux jouer ? ». Ce n’est pas trop la priorité de HP en cet instant, alors il appuie sur le bouton « non ».
Mais l’appareil ne désarme pas, proposant sans cesse ce message à chaque fois que HP appuie sur « non ». Un peu énervant ! Jusqu’à ce que le message change. Oh, pas en profondeur, la question reste la même. C’est juste que l’appareil s’adresse à lui, Henrik Pettersson ! Son nom, il le lit sur l’écran !
Comment, dans ces conditions, refuser l’invitation ? Malgré ses refus initiaux, HP finit par céder et accepte de jouer. Il va alors devenir le participant n°128 d’un jeu assez particulier, en tout cas destiné à des joueurs triés sur le volet et qui savent tenir leur langue. Et l’objectif, remplir des missions qui, en fonction de leur importance, rapporte des points, mais aussi, pour les missions les plus délicates, de l’argent…
On cumule les points et on monte ou pas dans le classement. Lorsqu’on réussit une mission, un compte-rendu vidéo est mis en ligne sur un site dédié aux joueurs. A la fois, celui filmé par le joueur lui-même et un autre, plus professionnel, filmé par des hommes sans doute envoyés là par celui qui se fait appeler le Maître du Jeu.
Ces vidéos servent donc à relater les exploits du joueur et à les présenter à tous ceux qui ont accès au site. Ceux-ci peuvent alors laisser leurs commentaires, plus ou moins élogieux, et, au fur et à mesure des réussites, le niveau de difficulté des missions s’accroît, le rendu est plus spectaculaire et, forcément, plus les compliments fusent…
Voilà ce que va découvrir HP après avoir appuyé sur la touche lui ouvrant les portes du « Jeu ». Sa première mission, voler un parapluie qui dépasse du sac d’un passant, est une réussite totale. Bon, ce ne fut pas si difficile, remarquez bien, mais quel kif ! Et les premiers points tombés dans son escarcelle s’accompagnent de premiers mots qui font chaud au cœur d’un HP, qui n’a pas vraiment l’habitude de ce genre d’effusions, même virtuelles.
Alors, il va poursuivre l’aventure, euphorisé par ses premiers succès et désirant plus que tout voir grimper le niveau de difficulté de ses défis, les points qu’il récoltera (il n’en doute pas une minute) et les félicitations des internautes en liesse. Sans oublier les sousous dans la popoche qui devraient aller avec…
Mais, avec le niveau de difficulté, les risques pris augmentent et la nature des défis aussi. Disons, sans rentrer dans les détails, car je ne voudrais pas trop en dire, qu’en se lançant dans le jeu, HP a choisi de sortir de la légalité. Oh, au début, rien de bien sérieux, certes, on est dans l’illégalité, mais ça ressemble plus à des blagues de potache qu’à autre chose…
Jusqu’à ce que cela devienne de plus en plus sérieux, jusqu’à ce que l’envergure des défis s’élargissent et prennent une véritable dimension médiatique. Bien sûr, à HP de prendre tous les risques, sauf celui de se faire prendre. Sinon… Il perdra bien plus que sa place dans le Jeu, car ses deux derniers défis pourraient lui coûter cher. En a-t-il conscience ? Voilà une toute autre histoire…
Rebecca Normén est une jeune femme presque sans histoire… Euh, tiens, j’ai déjà lu ça quelque part, non ? Après avoir travaillé dans la police, elle vient d’obtenir une belle promotion en devenant garde du corps. Dans un pays toujours marqué par l’assassinat de son chef de gouvernement, Olof Palme, en 1986, puis, plus récemment, le meurtre d’Anna Lindh, ministre des affaires étrangères, en 2003, ce job est en passe de devenir un must.
Rebecca, outre les qualités indispensables à tout bon garde du corps (malgré un gabarit dans la moyenne), est quelqu’un de sérieux, de posé, de calme. Elle est minutieuse et intelligente. Mais, elle souffre d’un énorme complexe d’infériorité. Elle se persuade elle-même qu’elle ne réagit pas au mieux dans les circonstances extrêmes, qu’elle n’est pas à la hauteur, alors que tout semble très bien dans ce qu’on voit de son activité.
Complexe d’infériorité, mais aussi nécessité de s’adapter à un monde d’hommes, des durs, des tatoués, qui n’entendent pas se laisser marcher sur les arpions, même pour la meilleure des raisons, par une frêle demoiselle… Il lui faut donc sans cesse faire ses preuves, à l’entraînement comme sur le terrain, à la fois pour montrer à ses collègues baraqués, mais plus encore à elle-même, qu’elle est compétente et à sa place au sein des gardes du corps.
Pourtant, les missions sur lesquelles elle est appelée à travailler contredisent ses impressions. En effet, pourquoi confierait-on à une garde du corps incompétente des missions concernant des personnalités de plus en plus haut placées ? La pression monte encore, pour Rebecca, et elle va devoir forcer sa nature en affirmant son autorité…
Vous allez me demander ce que Rebecca Normén vient faire dans cette histoire ? Eh bien, je ne peux pas vous en dire plus en fait… Pourquoi apparaît-elle dans le roman, quel est son rôle dans cette histoire ? Autant de questions dont vous trouverez les réponses dans le roman. La seule chose que je peux vous dire, c’est qu’elle va se retrouver bien malgré elle concernée par le Jeu. Et plutôt deux fois qu’une.
Ce qui va mettre en danger sa situation professionnelle… et sans doute aussi sa vie…
Pendant ce temps, HP poursuit son ascension au classement des Joueurs, une ascension qui semble irrésistible. Ses points augmentent, les messages enflammés se multiplient autour de ses exploits, les vidéos sont spectaculaires… HP ne se sent plus de joie, jamais il n’a connu un tel enthousiasme le concernant. Jamais, en fait, il n’a eu autant l’impression de faire partie d’un groupe, lui, le solitaire.
Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il aime ces sensations, que ça le grise, que c’est mieux qu’un pétard pour planer ! Il ne veut surtout pas que cela s’arrête, entre le plaisir qu’il prend à réussir les défis et celui qu’il prend aux flatteries, il n’a jamais été aussi heureux de sa vie. Peu importe ce qu’on lui demande de faire (et, croyez-moi, ça devient glauque…), il entend remplir ses objectifs du mieux possible…
Mais, c’était trop beau pour durer… Et, lorsque le vent va tourner, HP va tomber dans un gouffre, privé de ce qui était devenu sa raison de vivre. Alors, il veut comprendre qui se cache derrière le Jeu, peut-être pour convaincre le Maître du Jeu qu’il peut poursuivre l’aventure. Pour cela, il va demander l’aide d’un de ses rares amis, Magnus.
Magnus est un garçon très (trop ?) gentil. Revenu d’un certain nombre d’expériences politiques et associatives, il vient de franchir un nouveau cap en se mariant et en embrassant par la même occasion la religion musulmane… Désormais, il veut qu’on l’appelle Farouk, ce que HP a bien du mal à se mettre dans le crâne, tant son ami a peu le profil, avec son physique scandinave…
Si HP se tourne vers Magnus, enfin, Farouk, c’est pour les compétences de celui-ci. L’homme tient en effet un petit magasin de matériel informatique, une boutique qui ne paye pas de mine et qui cache des compétences en informatique au-dessus de la moyenne. Nan, rien à voir avec Lisbet Salander, mais vous allez arrêter, avec « Millénium » ?
L’idée de HP est simple : remonter la piste de ceux qui dirigent le Jeu…
Une idée qui ressemble fort à un des défis que pourrait soumettre le Maître du Jeu à ses candidats. Pourtant, si HP a jusque-là pris les choses à la légère, cette initiative va lui remettre, et violemment, les pieds sur terre… Car, dans sa quête, le jeune homme va se retrouver dans la peau du gibier, se demandant s’il n’est pas devenu lui-même l’objet de défis grassement récompensés…
Le temps presse, HP doit absolument trouver comment se sauver de l’étau que le Maître du Jeu paraît resserrer sur lui, impitoyablement. Cependant, chose étrange, on sent que l’attrait du garçon pour le Jeu et ses à-côtés glorieux est toujours là, en sommeil, en attendant de pouvoir saisir une nouvelle chance de se remettre en selle…
Une sorte de banco, franchement malsaine, et dangereuse pas seulement pour HP…
Voilà un thriller qui vous rappellera peut-être le film de David Fincher, « The Game », avec Michael Douglas et Sean Penn Effectivement, par certains côtés, il y a de ça, à la différence notable, fondamentale, même, que HP, contrairement au personnage incarné par Douglas, est tout à fait au courant qu’il participe à un jeu et qu’il a, d’une certaine manière, les commandes en main.
Sinon, pour le reste, on retrouve ce duel à distance entre un joueur et un mystérieux meneur de jeu, l’un et l’autre se livrant un bras de fer dans lequel chacun paraît prendre l’ascendant. Mais cela reste indécis et, surtout, il y a ce que je soulignais en fin de résumé : l’impression que le Jeu a sur HP des effets dignes d’une forte addiction.
On se dit qu’il ne réussira pas à décrocher, qu’il ira au bout des défis les plus abracadabrants, prenant de plus en plus de risques jusqu’à ce qu’on l’arrête, sans doute par des moyens violents. Quand je parle de la réaction de HP, c’est parce que son insouciance initiale est presque dérangeante… OK, il n’est pas un modèle de socialisation, à la base, mais le voir faire des actes plus que répréhensibles sans qu’aucune question morale lui traverse l’esprit est flippant…
Lorsqu’il se retrouve sans la possibilité de jouer, on le sent là encore très motivé pour y revenir, par tous les moyens, quitte à se mettre en danger. Bref, on a là un personnage que le Jeu a rendu complètement incontrôlable et l’on se demande s’il a cet effet sur tous les candidats qui y participent, parce qu’on aurait alors lâchés dans la nature une sacrée bande de rigolos complètement cinglés…
En fait, ce qui est frappant, chez HP, c’est son absence de méfiance. Quand il refuse de jouer, au début, c’est parce qu’il pense avoir autre chose de mieux à faire. Mais, quand son nom apparaît, là, ça change tout… Et le voilà, sans se poser aucune question, embarqué dans une aventure qui ferait la joie de n’importe quel producteur de télé-réalité… Jack Ass, à côté, c’est de la gnognotte !
Il semble plus lui importer de comprendre qui sont ses concurrents, pour mieux les dépasser au classement, que de savoir qui a bien pu lui proposer de devenir joueur, de rejoindre une espèce d’élite, en tout cas un club fermé… Il manque un peu de vice, l’ami HP, tout du moins, il se montre fort crédule en entrant dans le Jeu…
Mais, lorsque la parano le rattrapera, alors là, retour de manivelle, et musclé, en plus ! Le voilà cogitant sérieusement, voyant la main du Maître du Jeu partout, de l’événement le plus anecdotique aux drames les plus retentissants, en tout temps et en tout lieu… D’un seul coup, parce qu’il s’est retrouvé quelques minutes dans la peau de Cary Grant dans « la Mort aux Trousses », la peur l’étreint et il considère enfin qu’un aussi mystérieux interlocuteur puisse dissimuler une forme de danger…
« Le Jeu – Niveau 1 » est un roman qui s’intègre parfaitement à notre monde contemporain… Les thèmes qui sont abordés, la soif de célébrité, ce qu’on est prêt à faire pour cela, mais aussi la volonté de s’intégrer, quel que soit le groupe que l’on cherche à rejoindre, la cause que l’on embrasse, les difficultés à différencier le réel de factice (je ne dis pas « fiction », c’est un peu plus compliqué, ici), sont vraiment dans l’air du temps.
Revenons à ce dernier aspect. Le fait d’être dans un Jeu semble permettre de sortir de la vie réelle pour entrer dans une autre dimension, sans les mêmes repères, le même système de valeur. Ce que HP fait dans le cadre du jeu, en tout cas à partir d’un certain niveau de difficulté, jamais il ne l’aurait fait volontairement, consciemment, allais-je écrire.
Dans le Jeu, c’est comme s’il endossait un costume, comme si Clark Kent devenait Superman. En moins positif en termes d’activités, c’est vrai, mais il y a comme un décalage entre HP, citoyen lambda, avec ses défauts, et HP, joueur participant au Jeu, sûr de lui et avide de réussite. Je sais d’avance qu’en écrivant la phrase qui vient, je vais m’attirer des foudres, mais c’est juste une comparaison, amis gamers, promis !
En participant au Jeu, HP devient un personnage de jeu vidéo. Tout ce qu’il peut faire, lorsqu’il est dans ce cadre-là, semble n’avoir aucune conséquence, si ce n’est de voir apparaître devant ses yeux la terrible sentence : « Game Over ». Tant pis s’il y a du danger, c’est comme si tout le monde se relevait à la fin…
Jamais la question des conséquences de ses actes ne lui vient à l’esprit… sauf, et ce n’est pas très glorieux, lorsqu’elles le concernent lui…
Mais il y a aussi ce besoin de se sentir aimé. Je ne vais pas faire de la sociologie de comptoir, pourtant, reconnaissons qu’en ce début de XXIème siècle, l’ultra-moderne solitude chère à Alain Souchon est de plus en plus présente. HP est un représentant de ces trentenaires célibataires et un peu largués qui n’ont pas fait grand-chose de leur vie jusque-là et ne voient pas trop comment construire quoi que ce soit.
Or, le Jeu lui ouvre des perspectives étonnantes. Ignoré, raillé depuis toujours, HP peut, par écrans interposés, devenir une star. Peut-être pas à l’échelle d’une starlette ou d’un chanteur de la Star Academy, mais parmi les candidats et les spectateurs du Jeu, certainement. Atteindre enfin une place de numéro 1, voilà qui devient à sa portée, lui qui a plutôt toujours été en queue de peloton.
Alors, il s’accroche, parce qu’enfin, avec le Jeu, il peut devenir quelqu’un… Je n’ai pas évoqué le passé de HP, mais pour comprendre ce personnage, en tout cas pour essayer de le cerner, certains éléments qui sont relatés dans le roman méritent attention. Je ne vous en parlerai pas ici, mais le Maître du Jeu et ses acolytes disposent d’un dossier complet sur leur candidat (et sans doute sur tous les autres), ce qui leur permet aussi de mieux choisir les défis que HP sera mieux à même de relever…
Rebecca Normén elle aussi traîne un lourd passé derrière elle, un passé qui l’empêche de se sentir bien dans sa peau, un passé qui la poursuit. Comme pour HP, je vais vous le laisser découvrir. Mais, comme pour HP, elle aussi semble avoir quelqu’un de bien renseigné dans son entourage, quelqu’un qui a connaissance de ce passé et qui, en lui laissant de courts mais désagréables messages dans son casier, toujours écrits sur des post-it à l’encre rouge, la renvoie sans cesse à sa culpabilité…
Le Jeu, qu’il s’agisse de HP, candidat, ou de Rebecca, concernée malgré elle, va les mettre, consciemment ou inconsciemment, face à leurs passés respectifs et les obliger aussi à se regarder bien en face, à se regarder différemment. Les événements tels qu’ils vont se dérouler vont les amener à faire des choses qu’ils n’auraient sans doute jamais eu le cran de faire dans un cadre quotidien ordinaire.
Pressés par des enjeux qui les dépassent mais qui remettent en cause leurs vies, ces deux-là vont devoir forcer leur nature. Indolente pour HP, dévalorisante pour Rebecca. D’un seul coup, ce qui les pousse va leur faire franchir leurs limites, celles qu’ils s’étaient arbitrairement infligées jusque-là et ils vont devenir autre…
Là encore, on peut dresser un parallèle certaines émissions de télé-réalité, type Koh-Lanta ou X-Factor : on s’y inscrit pour se dépasser, se montrer à soi-même qu’on est cap, avant sans doute de prouver quoi que ce soit aux autres. Le Jeu va fonctionner un peu sur le même modèle et, finalement, le roman d’Anders de la Motte pourrait bien être un mode d’emploi assez tordu pour parvenir à un truc de dingue…
L’estime de soi…
Ah, oui, à condition toutefois de survivre, évidemment…
« Le Jeu – Niveau 1 » est un remarquable thriller dans sa construction, dont HP est le pivot. En fonction de sa vision du Jeu, de la manière dont il aborde la question, fasciné d’abord, puis méfiant et curieux ensuite, enfin, revenant à la fascination, au point que le lecteur se dit que le pire est à venir, avec ce garçon incontrôlable…
En misant sur des rebondissements permanents, l’impression première que HP est maître de son destin mais qu’à un moment, il va refuser de faire ce qu’on lui demande, tout simplement parce que c’est dangereux, puis sur une autre impression tout aussi dérangeante, voire plus, que HP n’est qu’un jouet entre les mains du Maître du Jeu, Anders de la Motte parvient à instaurer une tension permanente.
L’arrivée de Rebecca dans l’histoire ne fait que rendre les choses plus compliquées, lorsqu’on en vient à se demander si le hasard a une place dans cette affaire ou si le Maître du Jeu est si puissant qu’il peut même contrôler cela ? Les événements dans lesquels HP va se retrouver embarqué quand tout va déraper viennent appuyer cette thèse et de « simple » Jeu, l’affaire se corse pour prendre des allures de sombre machination.
Alors, on essaye, comme HP, de démasquer cette entité invisible et pourtant apparemment omnipotente et omnisciente… Tel Icare, on se dit que HP va se brûler les ailes en s’approchant trop près de ce mystérieux démiurge… A moins de se jouer de lui à son tour… Pourtant, rien n’est évident et, on se dit que HP est définitivement sous la coupe du Maître du Jeu et que cela ne peut que mal se terminer…
Le dénouement est surprenant à souhait, n’y cherchez pas quelque chose de crédible, je ne crois pas que ce soit le but. On est plutôt dans un numéro d’illusion parfaitement orchestré par une personne aux intentions franchement étonnantes… Quant à HP et Rebecca, forcément, ils ne vont pas sortir indemnes de cette aventure…
Mais peut-être, paradoxalement, est-ce mieux pour eux.
En attendant, cette curieuse fin pour un premier tome pose bien des questions sur la suite de cette trilogie. Comme je le disais en préambule, je suis très impatient de voir le « Niveau 2 » s’ouvrir, ce sera en novembre, pour voir ce que nous prépare Anders de la Motte et je n’aurais pas un moment d’hésitation au moment d’appuyer sur « Oui » quand je lirai la question suivante sur la couverture du deuxième tome : « Oserez-vous aller plus loin ? ».

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