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Plonger

Publié le 30 août 2013 par Adtraviata

Plonger

Quatrième de couverture :

«Ils l’ont retrouvée comme ça. Nue et morte. Sur la plage d’un pays arabe. Avec le sel qui faisait des cristaux sur sa peau.»
Un homme enquête sur la femme qu’il a passionnément aimée. Elle est partie il y a plusieurs mois, pour une destination inconnue, le laissant seul avec leur petit garçon. 
Elle était artiste, elle s’appelait Paz. Elle était solaire, inquiète, incroyablement douée. Elle étouffait en Europe. 
Pour son fils, à qui il doit la vérité sur sa mère, il remonte le fil de leur amour – leur rencontre, les débuts puis l’ascension de Paz dans le monde de l’art, la naissance de l’enfant – et essaie d’élucider les raisons qui ont précipité sa fin. 
Des trésors de la vieille Europe aux mégapoles du Nouveau Monde, du marbre des musées au sable des rivages où l’on se lave de tout, Plonger est l’histoire d’un couple de notre temps. En proie à tous les vertiges d’une époque où il devient de plus en plus difficile d’aimer.

Je ne connaissais Christophe Ono-dit-Biot que de nom, avec juste le titre de son avant-dernier roman, Birmane. Avec ce dernier livre au titre aussi simple, Plonger, reçu grâce à Libfly, j’ai essayé de l’approcher de près, ou de me laisser approcher de lui.

J’ai été attirée et intéressée d’emblée par l’introduction, quelques lignes lapidaires, dramatiques, énigmatiques, et par le premier chapitre où le narrateur dit écrire pour son jeune fils de quatre ans, prénommé Hector en hommage au héros malheureux de la guerre de Troie (tiens, tiens, encore un lien avec une lecture récente). Le récit de la naissance du jeune Hector (le contemporain) m’a accrochée aussi par les émotions d’une mise au monde périlleuse et de la découverte de la paternité. Et puis c’est le récit de l’histoire d’amour entre le narrateur et Paz, la jeune photographe dont il est tombé amoureux au premier regard, chez un épicier. Elle ne l’a pas vu. Et leur histoire a commencé sur un malentendu, dont les conséquences se feront sentir tout au long du roman.

C’est l’histoire d’une histoire d’amour très contemporaine, qui commence follement et qui se termine mal, très mal, on le sait dès le début.

Ce César de narrateur ressemble furieusement à l’auteur lui-même (avant de rédiger ce billet, je n’ai pu m’empêcher de chercher des informations, des photos de lui). Journaliste, écrivain, ancien bourlingueur et grand reporter qui a bien connu le Moyen Orient, la Birmanie, le tsunami de 2004, il se "cantonne" désormais à l’Europe, au grand dam de Paz, et fréquente assidûment le milieu de l’art contemporain, les manifestations culturelles, les fêtes et réceptions qui y sont liées. Un milieu très parisien, très branché, très fermé, des références culturelles multiples, parfois nébuleuses (j’allais dire, pour qui n’est pas du sérail), un besoin de parler, d’expliquer toutes ces tendances artistiques d’aujourd’hui souvent marquées de violence, de noirceur, de désenchantement : j’ai alors eu l’impression générale d’être la spectatrice de l’histoire d’un couple racontée par un homme assez égocentrique (malgré ses protestations d’amour), qui a besoin de raconter son histoire à son fils, mais il le fait alors que sa compagne a disparu, et donc limite l’impression de me sentir en dehors du petit monde très fermé où il évoluait avec elle. Ce narrateur n’est pas vraiment sympathique, il ne veut peut-être pas l’être ? et Paz ne l’est pas non plus, malgré son originalité.

Le style est assez fluide dans l’ensemble, et parfois heurté, surprenant. Malgré l’ennui qui a accompagné ma lecture au début – quantité de détails banals ou de réflexions verbeuses sur des choses pourtant marquées au coin du bon sens pour des gens "normaux" – ce style contribue à donner envie, malgré tout, de continuer à tourner les pages et à découvrir ce qui est réellement arrivé à Paz. Et l’ennui disparaît devant cet homme qui fait tout pour savoir, qui ose dépasser ses phobies pour quitter l’Europe et retrouver Paz, savoir ce qui lui est arrivé.

A la fin, le titre prend tout son sens, et les multiples échos soigneusement mis en place par Christophe Ono-dit-Biot tout au long du roman se révèlent dans leur harmonie de thèmes, de sons, de couleurs : un roman en noir et bleu, le noir de la mort, le bleu de la mer, associée elle aussi à la mort, la noirceur des créations contemporaines, le noir et bleu des requins, et tant d’autres… que peut-être je n’ai pas ou mal compris, à l’instar de César vis-à-vis de Paz…

Une découverte d’abord en demi-teinte, donc, ensuite une montée en puissance (malgré les longueurs), pour un roman certes marqué par l’auto-fiction mais qui dépasse ce cadre pour nous offrir une vision de notre monde contemporain, une réflexion sur la vieille Europe face aux pays étrangers émergents, et surtout une histoire d’amour finalement addictive.

Le page-turner irritant et excitant d’un auteur très intelligent !

Christophe ONO-DIT-BIOT, Plonger, Gallimard, août 2013

J’ai lu ce livre dans le cadre de l’opération de la Rentrée littéraire, On vous lit tout, organisée par Libfly et le Furet du Nord. Un grand merci à eux ainsi qu’aux éditions Gallimard pour l’envoi de ce livre en avant-première.

Les avis de Noukette et de Leiloona

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