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Lovecraft, lieux et mer, et Faulkner… par Alain Gagnon

Publié le 30 août 2013 par Chatquilouche @chatquilouche

Topophilie : l’amour des lieux.  Les écrivains du fantastique sont généralement de grands amoureuxLovecraft, lieux et mer, et Faulkner…  par Alain Gagnon de lieux très précis.  Souvent, je me suis demandé si la cosmogonie yog-sothothienne et les intrigues parfois alambiquées de Lovecraft n’étaient pas, chez lui, simples prétextes à arpenter les paysages écartés de la Nouvelle-Angleterre.  Il décrit les gorges obscures, les torrents dévaleurs d’à-pic, les chemins ombrés et les vieilles fermes au toit défoncé avec un tel luxe de détails, une telle insistance, qu’on peut se demander si la poésie des lieux perdus de l’hinterland n’est pas son motif inavoué – un poète qui se sentirait obligé de faire de la prose pour publier.  Même phénomène chez Jean Ray.  Dans des décors différents, plus urbains, ou alors franchement maritimes.  Une complaisance dans la description des rues anciennes, des vieilles demeures, de ces tavernes où matelots et voyageurs viennent se remplir et déverser leur trop-plein depuis des siècles…

Au fond, j’ai écrit La langue des Abeilles et Le ruban de la Louve pour me promener, en imagination, dans les paysages de mon enfance.  On retrouve des lieux dans tous les genres.  Mais l’essence même du fantastique permet de retourner le paysage, de lui faire cracher ses intérieurs.

Ce matin, adieux au fleuve.  Demain, départ.  Retour en août.  Que m’apporte donc l’eau salée ? À quoi je songe lorsque je pense à la mer ? Marées, cris d’oiseaux, mort, couchers de soleil fantastiques et, surtout, cette odeur d’iode, je me répète, qui est celle du sexe de la femme.

(Le chien de Dieu)

*

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(À propos de Faulkner…)  C’est ça, la littérature, messieurs, dames : la jouissance acide de l’écriture et de la lecture.  Ce n’est pas gentil ni salonnard.  Ce n’est pas délicat, ni convivial, ni syndical, ni patronal, ni politiquement correct, ni un texte bref pour professeur-auteur : c’est la pénétration brutale des multiples strates de la réalité, sans ménagement.  Difficile à placer dans le réseau de connivences qui souvent remplace l’institution critique en Terre-Québec.

(Le chien de Dieu)

Notice biographique

Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le

Lovecraft, lieux et mer, et Faulkner…  par Alain Gagnon
Prix fiction roman du Salon du Livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Tomas K (Pleine Lune, 1998). Trois de ses romans sont ensuite parus chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004) et Le truc de l’oncle Henry (2006). Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011). En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010). Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan et Cornes (Éd. du CRAM) et Le bal des dieux (Marcel Broquet).  De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue. Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche (https://maykan.wordpress.com/).

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche : https://maykan2.wordpress.com/)


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