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Portraits de la nouvelle génération perdue

Par Generationnelles @generationnelle

Sur le grand écran, on nous veut « Jeune et Jolie ». Mais dans la vraie vie, c’est moins rose. Les économistes ont observé la courbe du chômage et voient rouge mais pas autant que les Français. Ces « fans du pessimisme », selon une étude européenne, ont le moral dans les chaussettes depuis le plus jeune âge. Bref, la jeunesse c’est pas la joie. Pour mettre du baume au cœur, les écrivains Titiou Lecoq, Kaouther Adimi et Romain Monnery font un état des lieux dans leurs ouvrages amers mais jamais dépressifs avec même une pointe d’humour et de poésie hautement attendue.

« Le travail c’est la santé, rien faire c’est la conserver ». Le stagiaire allemand mort d’épuisement à Londres n’a fait que confirmer l’adage fantaisiste d’Henri Salvador. Plutôt que de se morfondre sur une réalité maussade, certains auteurs s’inspirent de cette crise morale quitte à en rire.

Titiou

Titiou Lecoq est l’une de ceux-là. Cette journaliste web, bloggeuse star a réalisé son rêve de petite fille en trois ans avec son premier roman, « Les Morues ». Ce livre totalement générationnel attache le lecteur à Emma et sa bande de Morues. Une bande d’amis de la veine de celle de F.R.I.E.N.D.S., un goût d’amertume en plus. On s’aime, on se cherche, on se dispute, on veut un boulot dans les rédactions de journaux comme dans les bars parisiens, le tout avec The Zombies, Stuck in the Sound et Nirvana en fond sonore. Pas étonnant que le suicide soit aussi présent dans l’ouvrage. #nospoil Un de ces grands chocs littéraires qu’on aime se prendre en pleine figure et qui nous laisse muettes pendant bien longtemps. On a alors  hâte de voir, bientôt, cette histoire mélancolique au cinéma par Sylvie Testud avec Laeticia Casta et Florence Foresti.

Adimi

Face à cette génération désabusée mais plutôt silencieuse, une autre s’est réveillée, levée et même soulevée lors des récentes révolutions arabes. L’Algérie n’a pas vécu ces renversements mais la jeunesse algérienne sous la plume de Kaouther Adimi n’est pas si éloignée de celles qui ont fait refleurir leur printemps. Dans son roman « L’envers des autres »,  Abel, Yasmine, Hamza et les autres se torturent lentement mais délicieusement à coups de cœur et d’envies d’ailleurs. Dans cette lente attente d’un quelconque changement, les secondes s’écoulent au rythme lent d’un métronome comme si le temps se figeait peu à peu. Cet arrêt sur image avant désordres flirte souvent avec la beauté et la poésie. Un autre monde tout aussi désillusionné savoureux et enchanteur.

Monnery

Le meilleur résumé de cette situation actuelle est peut-être celui du livre de Romain Monnery. Comment se sent-on au chômage ? Pour l’auteur on semble être « Libre, seul et assoupi », du nom de son premier roman. L’ancien étudiant en langue et communication livre un récit terriblement réaliste sur un jeune licencié en recherche de boulot mais à l’humour qui fait terriblement mouche. Un peu Xavier des « Poupées Russes » squattant le clic clac d’un pote à un autre, « Machin », le héros nonchalant doit se confronter au dur monde du travail. Ce Peter Pan d’un nouvel âge va jouer de son caractère marginal pour épouser son destin, le destin d’un écrivain. C’est un peu le livre fourre-tout tragique qui laisse, pourtant, longtemps après un sourire sur les lèvres. « Machin » à la personnalité atypique mais à la main toujours sur un livre sait tenir le lecteur jusqu’au bout de celui-ci.

Alors, « Libre, seul et assoupi », nouveau slogan de cette génération somnolente ?


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