Magazine Culture

Chronique: Big Sean – Hall of Fame

Publié le 03 septembre 2013 par Wtfru @romain_wtfru

Hall_of_Fame_Album_Cover
(Def Jam/ G.O.O.D. Music)

_

Kid Cudi parti, – et si on excepte les Common, Q.Tip, Mos Def, Pusha T qui avaient déjà une carrière bien remplie avant de signer – le vrai porte étendard du centre de formation G.O.O.D. Music est sans nul doute Big Sean désormais.
Le rappeur de Detroit jouit d’une immense confiance de la part des dirigeants du label, Kanye en tête, et peut s’appuyer sur tous les talents du collectif pour briller en solo. Ou tout du moins tenter.
Parce qu’il y a toujours quelque chose qui empêche Sean de passer du statut d’espoir à artiste incontournable. Après un passage par mixtapes plus que convaincant, il se rate dans les grandes largeurs sur son premier véritable album en 2011. Et quand il tente de revenir deux ans après dans un esprit plus mature, il se fait violemment voler la vedette à une dizaine de jours de la sortie de ce Hall of Fame avec la chute de studio Control où on ne retient que le couplet monstrueux de Kendrick Lamar. Un bon buzz à priori mais qui a tout du piège à la con puisqu’il va devoir composer avec le « fardeau » de la non-présence du dit-morceau dans la tracklist finale. En gros vendre son produit sans la meilleure pièce.

Mais on l’a dit, Big Sean est l’un des rares du label, avec Yeezy en fait, à pouvoir compter sur la présence de la quasi-totalité de l’équipe. On retrouve le pool de producteurs maison avec les NO I.D, Travis Scott, Mike Dean, James Poyser mais aussi les talentueux Da Internz ou encore le jeune espoir de Motor City Key Wane. Il n’y a donc rien à redire de ce côté-ci, les mecs font leur job à plein temps et offrent de multiples occasions de se montrer au « gros Sean » (qui n’est pas du tout gros ceci dit au passage).
Le problème, c’est que ce dernier n’a visiblement pas encore les épaules pour assumer de gros morceaux. Il ne parvient pas à compenser sa technique de MCeeing moyenne par un quelconque début de charisme, et quand on a ni l’un ni l’autre, ça commence à devenir difficile de convaincre. Si on ne passe pas un mauvais moment en écoutant le disque, les montées d’adrénalines ne sont dues qu’à la qualité d’une instru ou le potentiel hit d’un titre. C’est le cas pour Toyota Music ou Mona Lisa pour la première catégorie et de l’énorme MILF ou Beware pour la seconde.
Des très bons morceaux où manque seulement une prestation spectaculaire du maitre de cérémonie, où manque l’envie de se lever pour un couplet ou même une punchline de notre ami. Emmerdant.

_

Big Sean – MILF (feat. Nicki Minaj & Juicy J)

_

Big Sean – Toyota Music

_

Surtout qu’il a largement le potentiel d’habiter ses morceaux, on l’a vu dans son début de carrière et même l’an passé quand il est repassé sur le format mixtape pour nous offrir l’excellente Detroit. Comme si le fait d’aller se caser dans la catégorie mainstream l’obligeait à jouer la facilité. Forcément dommage.
Cependant, il faut reconnaître que, dans le genre, l’ambiance de l’opus colle à ce qui se fait de mieux dans le milieu. On est ici dans le haut du panier du « commercial », et c’est déjà une bataille de gagnée par rapport à Finally Famous beaucoup trop tourné vers une cible teenage et à la régularité/qualité douteuse.
Big Sean a appris de ses erreurs et a su aller piocher chez les copains pour revenir avec une ambition un peu plus honorable. Sur un Fire par exemple, on ressent bien l’influence Kanye West époque Ourson scolaire des deux premiers disques, ou celle de Kid Cudi sur You Don’t Know et le très bon First Chain, morceau sur lequel il apparaît d’ailleurs.

Si ces points nous donne envie de rester positif sur Big Sean et de croire encore en lui, il est des erreurs qu’il lui faut vite corriger. Déjà arrêter avec cette voix criarde par moment comme sur l’insupportable 10 2 10 où l’instrumentale violente est entièrement gâchée par sa prestation. Puis ne pas repartir vers des envies de R&B parce que, visiblement, il ne sait pas faire. Le très vilain Ashley avec Miguel en fin de parcours vient mettre une sacrée béquille à la clôture du disque, déjà pas aidée par le dispensable World Ablaze juste avant. A la place, il aurait très bien pu mettre les trois tracks bonus de l’édition deluxe par exemple, avec notamment les très bons Mula (remix) et Switch Up.
Là encore, on est dans une erreur de discernement puisque ces titres auraient apportés une plus-value intéressante au reste de l’opus.

_

Big Sean – First Chain (feat. Nas & Kid Cudi)

_

Même si le disque est tout à fait honnête, grâce notamment au talent qu’il l’entoure, ce n’est pas encore cette fois que Big Sean va réussir son entrée dans le cercle fermé des rappeurs bankables. Il reste à son statut d’espoir en espérant qu’il ne soit pas éternel. Il a tout ce qu’il faut pour franchir ce palier, ne lui manque plus qu’un brin d’application supplémentaire pour parvenir à ses fins. Il ne faudrait pas trop tarder, il a une chance en or d’être couvé par une grosse équipe et le train ne va sûrement pas l’attendre indéfiniment. Et ce serait quand même con de passer d’un Manchester United à un quelconque FC Sochaux…

_

3

_

Tracklist:
1. Nothing is Stopping You 5:03
2. Fire 4:23
3. 10 2 10 3:22
4. Toyota Music 3:24
5. You Don't Know 3:43
6. Beware (feat. Lil Wayne & Jhene Aiko) 3:55
7. First Chain (feat. Nas & Kid Cudi) 5:30
8. Mona Lisa 3:31
9. Freaky 0:43
10. MILF (feat. Nicki Minaj & Juicy J) 4:23
11. Sierra Leone/Greedy Ho's 4:45
12. It's Time (feat Jeezy & Payroll) 4:42
13. World Ablaze (feat. James Fauntleroy) 4:48
14. Ashley (feat. Miguel) 4:22
15. All Figured Out 4:45

_

_

[Suivez Aleks sur Twitter]

_


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Wtfru 11406 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines