Factory Floor
Factory Floor
(DFA)
Il en aura fallu du temps au trio londonien Factory Floor pour nous livrer son premier album. Mais l’attente n’aura pas été vaine tant leur opus au titre éponyme est un objet de haute couture, confectionné à coups de rythmes incisifs aux mouvements fluides et aux modulations répétitives tissés dans du fil de soie. Si Factory Floor avait du mal à proposer sa musique sur un format rigide tel que le CD, c’est qu’il faut les avoir vu sur scène au moins une fois pour comprendre que lorsque ces anglais jouent, c’est pour nous faire rentrer dans une transe guidée par leur inspiration du moment de laquelle on ne ressort pas indemne. Pourtant, il fallait bien à un moment ou à un autre que l’on puisse figer leur univers musical hors du commun, élaboré autour de vocaux à la froideur lointaine et d’abrasion dancefloor héritée d’un Joy Division aux connotations indus, pour pouvoir continuer à taper des pieds et sauter sur les mains tout seul chez soi. Factory Floor déploye un minimalisme viscéral qui prend aux tripes, jouant les apprentis sorciers en puisant avec intelligence dans des années 80 austères et tripantes, où danser était une question de survie, revu et corrigé par une production bien actuelle qui ne sombre à aucun moment dans le piège de la hype, c’est bien pour cela qu’ils ont signé sur le label de référence DFA records. Difficile de résister à leur avalanche de sonorités électroniques où l’experimental se mue en ode à la danse extrémiste. L’album de l’année !?
Roland Torres