C'est un très court roman qui réussit habilement à nous plonger dans un foyer familial, bien sous tous rapports, mais qui révèle ses fêlures sitôt que le fils annonce ses fiançailles avec une demoiselle débarquée de nulle part. Sans expliquer son malaise, la mère entend protéger son fils et cherche à convaincre son époux de rompre les fiançailles. Pourtant, la jeune fille semble si parfaite, issue d'une famille bourgeoise et argentée, qui a même vécu dans leur quartier des années auparavant.
Mais je préfère m'en tenir aux explications les plus minces, parce qu'on ne cesse d'aller au-devant de découvertes qui font voler en éclats la belle image de ces gens si beaux, si parfaits, si sûrs d'eux. Dominique Dyens a scrupuleusement aiguisé sa plume pour tailler dans le décor, lacérer le tableau, écorcher les figurants, les laisser en lambeaux. Effet prodigieux ! Le format court permet aussi de ne pas s'appesantir, de se balader en toute quiétude, avant de tomber sur un os, paf, de s'étaler de tout son long et de tourner les pages pour en savoir plus.
Impression d'avoir lu un roman qui se la joue sainte-nitouche, ça me plaît !
Intuitions, par Dominique Dyens
Pocket, 2013