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"comment aimer un pays qui refuse de nous respecter"

Publié le 09 septembre 2013 par Rbranche @RobertBranche

Il est urgent que nous fassions face à la réalité de notre histoire

Kery James est un artiste malheureusement constamment absent des radios et des télévisions nationales. Ce chanteur dresse tout au long de ses différents disques, un portrait dur et râpeux de la réalité des banlieues, se faisant toujours l’apôtre de la non-violence et de la prise en main par chacun de son avenir.Dans son dernier disque, 92.2012, il semble pris d’un pessimisme croissant face à la réalité française et à la montée des intolérances. Sa chanson, « Lettre à la République », sonne avec violence et se termine par cette phrase terrible : « Je ne suis pas en manque d'affection, comprend que je n'attends plus qu'elle m'aime ». J’espère qu’il est encore temps pour lui redonner espoir…Voici ci-dessous des extraits du texte de cette chanson, ainsi que la vidéo associée.Est-il besoin d’ajouter que je conseille vivement l’achat et l’écoute de tous ces disques…Lettre à la République 

A tous ces racistes, à la tolérance hypocrite

Qui ont bâti leur nation sur le sang

Maintenant s'érigent en donneurs de leçons

Pilleurs de richesses, tueurs d'africains,

Colonisateurs, tortionnaires d'algériens

Ce passé colonial, c'est le vôtre

C'est vous qui avez choisi de lier votre histoire à la nôtre

Maintenant vous devez assumer

L'odeur du sang vous poursuit, même si vous vous parfumez

Nous les arabes et les noirs, On n'est pas là par hasard

Toute arrivée à son départ.

(…)

Les immigrés ce n'est que la main d'œuvre bon marché

Gardez pour vous votre illusion républicaine

De la douce France bafouée par l'immigration africaine

Demandez aux tirailleurs sénégalais et aux harkis

Qui a profité de qui ?

La République n'est innocente que dans vos songes

Et vous n'avez les mains blanches que dans vos mensonges

(…)

On ne s'intègre pas dans le rejet

On ne s'intègre pas dans des ghettos français

Parqués entre immigrés, faut être sensé

Comment pointer du doigt le repli communautaire

Que vous avez initié depuis les bidonvilles de Nanterre ?

(…)

Et plus j'observe l'histoire, moins je me sens redevable

Je sais ce que c'est d'être noir depuis l'époque du cartable

Bien que je ne sois pas ingrat, je n'ai pas envie de vous dire merci

Parce qu'au fond, ce que j'ai, ici, je l'ai conquis,

(…)

Au cœur des débats, des débats sans cœur

Toujours les mêmes qu'on pointe du doigt dans votre France des rancœurs 

En pleine crise économique, il faut un coupable

Et c'est en direction des musulmans que tous vos coups partent

(…)

Vous nous traitez comme des moins que rien, sur vos chaînes publiques

Et vous attendez de nous qu'on s'écrie « Vive la République »

Mon respect se fait violer au pays dit des Droits de l'homme

Difficile de se sentir français sans le syndrome de Stockholm

(…)

Que personne ne s'étonne si demain ça finit par péter

Comment aimer un pays qui refuse de nous respecter ?

Loin des artistes transparents, j'écris ce texte comme un miroir

Que la France se regarde si elle veut s'y voir

Elle verra s'envoler l'illusion qu'elle se fait d'elle-même

Je ne suis pas en manque d'affection, comprend que je n'attends plus qu'elle m'aime



(Article paru le 25 mai 2012)

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