A l'instar de certaines femmes modernes, amour de l'insolite ou de la mode oblige, nous marchons dans des sandales à talons compensés, faits de mini- squelettes avançant sur les genoux et les mains, se traînant sous le poids qui les plaque au sol.
Perchés sur les ossatures dépossédées jusque dans la mort, nous peinons à garder l'équilibre, tentant à notre façon, désespérée et ridicule, de trouver la mesure et la bonne cadence.
Du haut de nos échasses, nous vivons dans l'obsession de la reconnaissance et du charme, le rêve insensé d'attraper le mirage, de le garder indéfiniment pour soi, bien au creux de la main.
Dans notre fiévreuse quête d'amour, dans sa forme la plus laide, nous fermons les yeux pour ne pas voir ceux que nous écrasons dans nos chimères et dont nous détournons le regard.
Revanche du sort, pain et oasis nous fuient, se mettant hors de portée.
Enturbannés dans les apparats de la modernité, nous restons sur notre soif, plus que jamais solitaires et désemparés.