ETATS-UNIS
RENTREE LITTERAIRE 2013 -EDITIONS DE L'OLIVIER
Moi qui n'avais jamais lu un roman de Richard Ford ai profité de la très bonne presse de cet opus pour le découvrir.
Un roman d'apprentissage de 450 pages qui nous relace l'adolescence surprenante d'un adolescent sur un ton froid et détaché, méditatif qui déconcerte vraiment au début.
Dells Parsons nous raconte son adolescence 50 ans après les événements relatés...écvénements exceptionnels qui ont à jamais marqué sa vie....ses parents qui organisent le hold up d'une banque dans un village paumé du Michigan, sa fuite organisée par une amie de sa mère dans un no man's land au Canada...et sa rencontre avec le meurtrier Arthur Rellinger....
Un récit digne d'une épopée ou d'un thriller....Sauf qu'avec Richard Ford, nous sommes plutôt dans un récit extrèmement précis, clinique de l'enchaînement des faits, ce qui évacue tout pathos. Il s'agit de voir, comment d'une vie normale, on peut basculer à d'autres extrémités. Comment peut-on passer la frontière ?
Car telle est la grande question ; le passage matériel de la frontière Etats-Unis/Canada n'est en fait qu'une métaphore pour désigner le passage de la normalité à l'anormalité. Comment franchit-on le passage d'un état à un autre ?
Doit-on se révolter ? S'adapter ? Accepter le destin, s'en accomoder ?
Richard Ford opte plutôt pour la deuxième solution, mais en gardant une optimisme à toute épreuve. Si le récit de l'adolescence est un exposé quasiment scientifique examinant faits après faits et leurs répercussions sur le comportement des personnages, le lecteur fait corps très lentement avec le héros.
Ce dernier accepte les faits bruts en s'en accomodant et en essayant de tirer à chaque fois partie d'un accident. Peu importe le passé, il faut toujours voir les potentialités de l'avenir.
Et les grands espaces vierges du Canada sont là pour faire table rase, pour éprouver ce néant qui nous fait nous reconstruire à partir de rien, en toute liberté.
Un roman aux thèmes très américains (les grands espaces, l'échec et la survie....) qui s'apprivoise petit à petit ; sévère et âpre au début, poignant à la fin.
Ne résistons pas à l'envie d'en extraire de très belles phrases ....
"Se focaliser sur la silhouette de Berner qui s'en va ferait de toute cette histoire un récit de la perte et du deuil, et ce n'est pas l'idée que j'en ai, aujourd'hui encore. Jee crois au contraire qu'elle raconte une progression, un cheminement vers l'avenir, notions qui ne sont pas toujours faciles à appéhender quand on a le nez dessus
La vie est une forme vide qu'il faut remplir de bonheur
avec les années, j'ai tendance à croire que toute situation humaine se retourne comme un gant. Tout ce que tel ou tel m'assure être vrai peut ne pas l'être. Tout article de foi est susceptible de voler en éclat dans ce monde. Il est rare que les choses demeurent très longtemps en l'état. Le comprendre ne m'a pas rendu cynique pour autant. Est cynique celui qui ne croit pas le bien possible. Alors que moi, j'ai la certiitude qu'il l'est. Simplement, je ne tiens rien pour acquis et j'essaie toujours d'être paré au changement qui s'annonce"