A bout de souffle (l’homme seul)

A propos de Gibraltar de Julien Leclercq 

Gilles Lellouche, faux-air de Cantona

Fin des années 1980. Marc Duval (Gilles Lellouche) est un Français parti à Gibraltar, avec femme et enfant, pour y ouvrir un bar. Seul hic, il croule sous les dettes. Un jour, un vieil ami (Philippe Nahon) lui propose de collaborer avec les douanes françaises pour arrondir ses fins de mois. Après avoir rencontré un flic des douanes nommé Redjani (Tahar Rahim), Marc accepte finalement un drôle de deal avec l’Etat, un contrat dangereux et risqué pour ne pas dire mortel. Mais Marc est loin d’imaginer qu’il a mis le doigt dans un engrenage qui va bientôt complètement le dépasser…

Inspiré de l’histoire vraie de Marc Fiévet, qui en a fait un livre, L’aviseur (sorti en 2003), Gibraltar raconte la folle histoire d’un informateur des douanes, obligé de jouer double jeu, entre les douanes et les narcos, et de mentir constamment pour pouvoir s’en sortir. Ayant infiltré le puissant réseau d’un narcotrafiquant italien (joué par Riccardo Scarmacio), en lien avec les cartels colombiens et Escobar himself, Marc se retrouve pris dans une spirale infernale et un piège qui se referment peu à peu sur lui et sa famille. Seule solution bientôt, la fuite. Une course contre la montre dont les enjeux sont la mise à l’abri des siens et sa propre survie…

Tahar Rahim, qui aurait juré voir le sosie de Cantona rentrer dans son bureau…

Troisième long-métrage de Julien Leclercq, Gibraltar n’est pas assez enlevé, disons le d’emblée, pour remporter une franche adhésion. Le film souffre essentiellement de sa longueur et de trop nombreuses scènes de transition qui ralentissent l’action et paraissent en contradiction avec le rythme effréné que le jeune réalisateur souhaitait imprimer à son film (voir ses déclarations d’intentions).

Avec son image « vieillie », qui donne l’impression d’être dans un polar des années 1970,  Gibraltar est un thriller supposé haletant mais qui, parce qu’il se passe pratiquement en temps réel, peine à passionner les foules. Sans être un mauvais polar, loin de là, Gibraltar se laisse regarder sans déplaisir mais manque de rythme et de tension, n’en déplaise à son réalisateur.

Riccardo Scamarcio dans Le Parrain

Il faut cependant saluer la performance du duo formé par Lellouche et Rahim, qui offrent une vraie confrontation de cinéma. Lellouche, malgré quelques petites touches comiques plus fortes que lui (dans ses répliques notamment) sans doute, est assez bluffant et convaincant dans un rôle qu’il affectionne : celui du type dépassé par les évènements. C’était déjà le cas dans A bout portant de Fred Cavayé (2010) ou Thérèse Desqueyroux de Claude Miller (2013). On n’attendait pas forcément l’acteur à un tel niveau.

Reste que si cette course contre la montre n’est pas totalement déplaisante, on est déçus. Car il lui manque un brin de folie et d’emballement (ce que le scénario prévoyait pourtant), malgré la composition de ses deux acteurs principaux et l’originalité de cette histoire et du cadre où elle se déroule : Gibraltar, carrefour de nationalités et de destins différents, gigantesque et fascinante plaque tournante du trafic de drogue en Europe et dans le monde. Une drogue en provenance aussi bien du Maroc que de l’Amérique du Sud. Dommage que le film tire un peu en longueur (trop de digressions) et manque d’énergie dans sa mise en scène…

http://www.youtube.com/watch?v=HQujSLgFdCg

Film français de Julien Leclercq avec Gilles Lellouche, Tahar Rahim, Riccardo Scamarcio… (01 h 50)

Scénario d’Abdel Raouf Dafri d’après le livre de Marc Fiévet : 

Mise en scène : 

Acteurs : 

Compositions de Claude La Haye :