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King krule | 6 feet beneath the moon

Publié le 13 septembre 2013 par Acrossthedays @AcrossTheDays
King Krule Coalition Charlotte Patmore 02 KING KRULE | 6 FEET BENEATH THE MOON

King Krule par Charlotte’s Web

De retour de vacances, permettez que l’on rattrape le retard accumulé et revenons ensemble sur quelques petits trésors qui ont marqué l’été, sorti il y a un peu moins d’un mois, King Krule et son premier album en font partie.

Il est arrivé sur ATD que l’on vous parle d’artistes ici et là sans jamais en parler plus en profondeur,  pour des raisons qui nous échappent parfois à nous même. Afin de corriger un manquement impardonnable et aussi pour évoquer la sortie d’un album incroyable, permettez que je vous présente Archy Marshall aka (entre autres) King Krule. Cet anglais âgé de 19 ans joue avec les âmes de l’internet depuis maintenant trois ans, pour finalement aujourd’hui, nous gracier d’un album élégamment nommé « 6 Feet Beneath The Moon ». Pièce de puzzle manquante au tableau torturé d’un adolescent semblant nous offrir ici sa vision de la vie: Belle mais remplie d’amertume.

L’Enfant aux milles visages

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Archy n’est pas un personnage à part entière, mais bien plusieurs personnages. En effet, le petit anglais est actuellement connu sous quatre pseudonymes: King Krule est celui qu’il utilise le plus actuellement. Pour l’anecdote, son nom vient du dernier boss de la série Donkey Kong Country sortie sur Super Nintendo en 1994 (l’année de sa naissance tiens), nommé King K.Rool. Avant celui-ci, nous avons d’abord connu Archy sous le nom de Zoo Kid. A l’époque, le monde découvrait ce petit roux de 16 ans à la gueule de rat des champs. Pendant que les lourdingues l’évoquent comme « LE ROUX » en se sentant malins comme s’ils étaient admins de la page « Un roux ne râle pas, il rouspète » ou que l’on continue à amasser des visites sur le site grâce à des mecs qui tapent   »arabe roux », « black roux nain » ou encore « chinois roux » (sérieux les mecs…), l’anglais vient foutre un grand coup de pied dans toute cette fourmilière de préjugés en s’en foutant complètement et en te montrant qu’il sera plus classe que tu ne le seras jamais en s’habillant comme une merde, en plus.

En dehors de ces deux noms qui se succèdent, Archy est aussi connu sous les noms d’Edgar The Beatmaker et DJ JD Sports. Sous le premier nom, il s’improvise rappeur au flow marqué par un accent anglais typique. Sous le deuxième, plus discret, la musique prend souvent le dessus sur le lyricisme, pour donner naissance à des productions oscillant entre le jazz et la deep house. Ces dernières sont sûrement mes préférées, tant elles sont décomplexées et assumées tout en restant sobres; empreints d’une nostalgie qui nous prend à la gorge et noie notre sourire d’ancien gosse dans des larmes de rancune ou de regret, c’est surtout ça, King Krule.

Je n’ai pas vu la hype monter autour de ce personnage, déambulant aux quatre coins de la toile avec une aisance et une autonomie anormale pour son âge, laissant éclater une à une les facettes de sa personnalité. Puis tout est venu d’un coup, Mac Miller qui apparaît en photo avec un T-Shirt au nom du jeune anglais, son ami Rejjie Snow qui prend une montée similaire bien que différente et qui nous promet des featurings avec Archy (surement sous le pseudo d’Edgar), ou encore les blogs, dont on fait partie, qui ne parlent que de son dernier clip. Il avait atteint son but, un kiddo aussi touchant qu’inquiétant a réuni derrière lui toute une peuplade, tout ça avant ses 19 ans.

Lover, where can you be ?

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Prévu pour le jour de son anniversaire, « 6 Feet Beneath the Moon » est le long-métrage d’une comédie qu’on nous a livré par micro-épisodes. Je ne blâmerai pas cette attente, tant je fais partie de ces gens qui préfèrent quand elle se fait insoutenable, au fil des mois ou des années comme c’est le cas ici. L’album commence fort avec « Easy Easy », morceau étendard qui, par le biais de son clip, met des images et des mots sur un artiste imprévisible. Tantôt absurde tantôt touchant, Archy y dépeint une vie monocorde, tout en envoyant messages d’espoir sur messages d’espoir: « La vie est chiante, ce n’est pas celle que tu voulais, mais bats toi pour la rendre plus belle ». Qui plus est, le clip nous offre une ambiance contraire à tout cette fataliste routine tant décriée : à base de weed, de danses à la con sur les toits et de couchers de soleil. A partir de là, alors que nous ne sommes qu’à la première track, et grâce à un clip qui vient donner un coup de pouce quasi superflu, on a juste envie de savoir ce qui nous attend par la suite.

Pour ce qui est des autres morceaux connus de l’album, commençons par « Out Getting Ribs », morceau qui a mis notre jeune prodige à la lumière. Surement trop habitué par une paresse générale, je m’attendais à une version identique à celle de 2010. QUE NENNI L’AMI ! On a ici le droit à une version plus mature, à la production plus soignée. C’est une sorte de remake musical, qui plaira tant aux nouveaux auditeurs qui découvriront un son exceptionnel qu’aux anciens, qui se rendront compte que de l’eau a coulé sous les ponts depuis Zoo Kid. « Baby Blue » quant à elle s’offre enfin une version remasterisée, mais les changements sont ici moins flagrants et on reste très proches de la version que King Krule avait proposé en acoustique.

La plus grosse claque se situe Track 8 avec « A Lizard State » et sa recette juste parfaite: une batterie jazz qui bat la mesure telle une diablesse, des cuivres qui laissent exploser toute leur intensité, la basse qui continue de régner en maîtresse et un King Krule survolté, qui se laisse transcender par sa musique. Allez savoir pourquoi j’y trouverai presque un côté Arctic Monkeys en plus jazzy. « A Lizard State » était déjà sorti sur la toile il y a environ deux ans, même s’il est n’était pas paru « officiellement ». C’est encore un re-work, mais une fois encore superbement ré-interprété. Enfin, « Ocean Bed » s’offre une timide refonte, mais reste toujours aussi efficace.

C’est tout pour les refontes qui composent donc un petit tiers de l’album. Encore une fois, ce côté rétrospectif n’est pas tant à décrier, puisque ce ne sont pas de vulgaires copier-coller. Là ou le bât blesse, c’est que ces fameuses tracks sont, finalement, les piliers de l’album. En effet, les autres morceaux, hormis « Easy Easy », sont moins fougueux, plus monocordes, sombres. Alors oui, lorsque l’on écoute King Krule on ne s’attend pas à du Francky Vincent plein de joie, de soleil et de zizis , mais l’album partait tellement bien avec la première track que la suite surprend.

On ne tirera pas sur l’ambulance, quelques tracks comme « Will I Come » et son « I just want you to know » répété en boucle en fond ou encore « The Krockadile » laissent leurs empreintes. De même pour « Has This Hit ? » où notre jeune interprète oscille entre dureté et douceur à travers une chanson aux paroles sublimes.

Pour conclure, « 6 Feet Beneath The Moon » n’est pas parfait, mais il reste excellent. Les tracks re-travaillées plairont aux fans de l’anglais qui redécouvriront leurs amours passés. Quant aux autres, ils ont là une chance inouïe de comprendre pourquoi la voix de ce cher Archy ne s’oublie pas si facilement.


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