Magazine Culture

Publié le 01 mai 2008 par Untel
Ce que nous apporte la lecture d’un tel livre n’est d’ailleurs pas comparable avec que qu’on peut essayer d’en dire, il faudrait bien plutôt essayer de saisir les incessantes variations de pensées et de sentiments que nous apporte le passage des phrases successives, sensations et pensées le plus souvent aussitôt oubliées, dont il ne reste plus qu’une trace trop intime ou invisible pour qu’on puisse en dire quoi que ce soit. Le plaisir c’est justement peut-être le jeu incessant entre le lecteur et l’écrivain, leur connivence, même si l’un accepte que l’autre soit totalement maître du jeu, accepte même d’être manipulé, conduit sur de fausses pistes, que sa crédulité soit tournée en ridicule. Ce que le lecteur saisit comme mouvement, il le sait aussi comme immobilité et éternité, puisque l’auteur a décidé de laisser ça en l’état. Apprendre le livre par cœur n’apporterait rien, il ne s’agit pas de la mémoire des mots, ce ne sont pas les phrases qu’on voudrait garder, c’est pas notre boulot, mais on rêverait plutôt de rester dans l’état que provoque la lecture d’un tel livre, qui nous accompagne et nous imprègne. Je suis parfois idiot au point de m’étonner de prendre un livre après un autre, de ne jamais mettre fin à la succession des mots, des histoires, des raisonnements, quelle que soit leur force, même si je sais parfaitement que la force de la prochaine expérience sera moindre, ou son impact nul. C’est bien pratique de se placer dans la situation de vivre dans le rêve qu’un autre a pris la peine, à ses risques et périls, de rêver, de créer. On voudrait, ou on croit vouloir, que la trace de cette sorte de complicité, factice de toute façon, perdure de façon plus concrète une fois la dernière page lue, on voudrait qu’il nous reste quelque chose d’autre que seulement un vague souvenir alors on use de stratagèmes, on « écrit » sur l’écriture des autres, démarche bien plus légère que se lancer dans la démarche qui nous tente réellement, qu’on envie au fond et qu’on admire chez ceux qui passent à l’acte. Bref tout ça pour dire qu’il faudrait pouvoir accepter le caractère éphémère de tout ça, l’idée qu’on n’est pas près de se remettre à lire la plus grande œuvre qui soit, quel que le titre auquel il est fait référence à ce moment, et que le sentiment de perte, l’impression d’une intolérable déperdition, et la frustration qui en résulte, n’est que le fruit de notre refus de ce que l’autre appelle finitude, mais comment se faire à l’idée que les instants ne peuvent être pleins, comment supporter ce sentiment de toujours rester creux ? Cette tendance de lecteur, c’est peut-être celle du type qui voudrait justement créer plutôt que rester spectateur, c’est l’écrivain qui saisit les phrases et leur nécessité, lui n’est pas plongé dans la linéarité du temps de la lecture, il revient en arrière, est maître du texte, et un lecteur pourrait être tenté de prendre sa place, et c’est pas G. qui disait que les critiques en arrivaient à croire qu’ils connaissaient mieux une œuvre que son auteur même ? Récrire ce post avec un peu plus de grandiloquence et encore moins d’humour.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Untel 4 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine