01 mai 2008
Dos de Mayo
L'Espagne
célèbre vendredi le bicentenaire du 2 mai 1808, date du soulèvement
populaire de Madrid contre l'armée française de Napoléon et début d'un
long conflit entre les deux pays au début du XIXe siècle.
Concerts,
films, pièces de théâtre et expositions sont au programme pour célébrer
à travers tout le pays, et plus particulièrement dans la capitale, la
rébellion madrilène de 1808 et la victoire finale de l'Espagne dans la
guerre dite d'Indépendance (1808-1814).
Les troupes de Napoléon
occupèrent l'Espagne au début de 1808 dans le but d'envahir le Portugal
voisin, mais aussi dans celui non-avoué de dominer toute la péninsule
ibérique.
Le peuple de Madrid fut le premier à se rebeller contre
l'envahisseur français en mai 1808. Le soulèvement et la terrible
répression qui s'en suivit donnèrent le coup d'envoi d'un conflit cruel
et meurtrier.
Le 2 mai "un peuple ingénu et ignorant s'est battu
à Madrid, seul et sans ordre, abandonné par son roi, par son
gouvernement, par son armée et par ses classes aisées", contre les
Français, "ces vieux ennemis" et "bons amis aujourd'hui", selon
l'écrivain espagnol Arturo Perez-Reverte.
Tendues au début
des années 1980, les relations franco-espagnoles sont actuellement au
beau fixe et les deux pays coopèrent étroitement dans la lutte contre
l'organisation indépendantiste basque armée ETA.
Vendredi, jour
des célébrations officielles, la famille royale espagnole et le chef du
gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero assisteront à la célébration
des 200 ans de ladite "Bande des maires de Mostoles".
L'ambassadeur
de France Bruno Delaye participera également aux cérémonies organisées
à Mostoles, une ville proche de Madrid qui appuya le soulèvement de la
capitale et demeura officiellement en guerre contre la France jusqu'en
... 1985.
La guerre d'Indépendance, remportée avec l'aide de
l'Angleterre, fut un désastre pour l'Espagne, qui sortit du conflit
affaiblie et divisée, sous le joug absolutiste de Ferdinand VII, avant
de perdre presque toutes ses colonies d'Amérique latine, gagnées par
l'esprit des "Lumières".
Elle contribua également au déclin de
Napoléon, dont la Grande Armée se trouva confrontée aux "guérilleros"
espagnols et qui eut le tort de vouloir installer son frère Joseph sur
le trône d'Espagne.
"Cette maudite guerre d'Espagne a été une véritable plaie", a noté plus tard l'Empereur dans son exil de Sainte Hélène.
Les
commémorations dans le pays devaient commencer le 1er mai, avec un
défilé dit "6 Goya 6" de six copies de tableaux de Francisco Goya du
musée du Prado jusqu'à la mairie de Madrid.
Le Prado organise à
l'occasion de ce bicentenaire une grande exposition, "Goya en temps de
guerre", dont les vedettes sont les deux célèbres tableaux, tout juste
restaurés, du peintre espagnol, le "2 mai 1808" et le "3 mai 1808",
illustrations de la révolte madrilène et de sa répression.
Parmi
les autres manifestations, une autre exposition "Deux mai 1808-2008: Un
peuple, une nation", a été réalisée par Perez-Reverte, sur la base de
son livre à succès "Un jour de colère", publié en décembre et qui
relate les événements de 1808.