Magazine Culture

L’autel des naufragés par Olivier Maurel

Par Livresque Du Noir @LivresqueduNoir

L’Autel Des Naufragés est un lieu situé dans les catacombes parisiennes du 14ième arrondissement. C’est le titre que j’ai choisi pour ce polar crépusculaire car l’acronyme de l’autel des naufragés est ADN. Le tueur en série de l’histoire est un adepte des théories de Darwin touchant à l’évolution des espèces et à la supériorité génétique de certaines d’entre-elles : les tueurs comme lui. Mais… est-ce vraiment une histoire ou…une réalité qui va se passer demain et que l’on pourra suivre dans l’actualité ?

Dans ce thriller j’ai utilisé une méthode classique quant aux personnages : on trouve un policier, Andréa Slick et un tueur en série, Tom Meyer. Tous les deux ont des enfances pourries et des pulsions de violence et de meurtre. Le premier a des visions qui lui permettent de voir apparaître des stigmates sur les personnes qui vont mourir. Le second, adepte de Darwin et de la loi du plus fort, ne peut avoir du plaisir qu’en torturant et tuant des victimes.

A partir de là je me suis posé LA question : qu’est-ce qui va faire que cette histoire présentera quelque chose d’original et…mieux, de plus original que les autres polars-thriller ?
Ma réponse était toute trouvée, j’allais placer dans une histoire de fiction des personnages tels qu’ils existent dans le réel pour une seule et bonne raison : rien n’est aussi horrible et violent que la réalité des véritables crimes en séries commis, rien n’est plus révulsant que l’âme des vrais tueurs en série.

Or, à la différence d’autres auteurs de polars, les tueurs en série, je les ai côtoyé, approché de près, quotidiennement, j’ai parlé avec eux, j’ai pu rentrer dans leurs modes de fonctionnement pervers et violent. Les vrais criminels en série je les ai fréquenté pendant plus de 20 années. J’ai dirigé quelques-unes des prisons les plus dangereuses de France : la maison centrale de Moulins, la maison centrale de Poissy.

Quant aux policiers, j’ai travaillé pendant 5 ans avec la direction centrale de la police judiciaire et en connais les moindres arcanes et les fonctionnements, les techniques de filatures et de surveillances y compris les techniques d’assaut des groupes d’intervention. Les scènes de médecine légale ou de meurtres ont été travaillées avec un ami médecin légiste pour conserver cet aspect dérangeant : on lit un polar mais cela ressemble comme deux gouttes d’eau à la réalité. Je voulais obtenir des scènes d’action 100% adrénaline.

Ce polar, je l’ai voulu comme une plongée sensorielle dans une enquête de longue haleine qui conduira les enquêteurs à la recherche d’un tueur à New York dans les bas fonds de Chinatown, dans le quartier de Barbès, dans les arcanes de l’organisation des Hell’s Angels parisiens et finalement au fin fond des catacombes parisiennes. Ancien cataphile, je n’ai pas eu de mal à décrire l’ambiance de ces sous-terrains du 14ième arrondissement de Paris.

L’écriture à la fois descriptive et nerveuse est un moyen de faire vivre au lecteur des émotions très sensorielles, lui permettre d’arriver à sentir les odeurs d’un lieu, en voir les couleurs, entendre les cris ou les hurlements, ressentir les mêmes émotions que les personnages : douleur, froid, colère. La nervosité du rythme monte progressivement pour arriver à un final que je voulais vécu par le lecteur comme un KO debout. Ce polar est construit de façon très scénaristique et le lecteur s’y projette visuellement et émotionnellement comme il pourrait le faire dans un film, de façon très sensorielle.
Le rythme du premier tiers du roman est volontairement ralenti pour ressembler à une houle longue. Je pose les bases de l’histoire, de sa crédibilité, je rentre dans le détail des personnalités des flics, du tueur, de leurs histoires personnelles pour leur donner du corps et de la puissance, de la crédibilité. J’avais au préalable travaillé le profil psychologique du tueur avec un psychiatre pour que les actes qu’il commet, son mode opératoire dans les meurtres, sa façon d’exécuter les victimes soient en parfait accord avec sa maladie mentale. Je voulais que tout soit cohérent, donc…terrifiant.

Le deuxième tiers du roman présente une accélération des situations pour plonger le lecteur dans le suspense de l’action et le rythme de l’enquête prends une profondeur de plus en plus sombre. Chaque protagoniste se retrouve ballotté dans un destin capricieux qui semble collé à sa peau. LA question est : peuvent-ils échapper à leur destin ? La violence des crimes est presque moins saisissante que les tourments intérieurs du flic et du tueur. Slick, le policier, et Meyer, le tueur sont destinés à se rencontrer et cette rencontre va être explosive, d’une violence paroxystique. Lequel des deux va mourir ? Qui est le traqueur et qui est le traqué ? Qui est le chasseur et qui est la proie ?

Le dernier tiers adopte un rythme ultra-rapide sur la forme, alors que les révélations de fond, sur le policier, la femme qu’il aime, le tueur, s’accélèrent. Personne n’est vraiment celui ou celle qu’il semblait être. Qui porte un masque et qui avance à visage découvert ? Le rythme s’emballe comme sous amphétamines, rapprochant le moment où le flic va retrouver le tueur… à moins que ce ne soit le contraire. Slick et Meyer sont tous deux des concentrés d’énergie et de violence, ils portent la mort, ils sont pareillement dévorés par l’envie de mourir… Lequel atteindra son but en premier et… avec quels dommages collatéraux ?


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Livresque Du Noir 5521 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines