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Efroyabl Ange1 - Iain M. Banks ****
Publié le 19 septembre 2013 par Philisine CaveQuatre personnages, une mission : apporter la bonne parole ! Parce que l'époque urge. La menace de la Dévoration (période glaciaire) approche, le Chaos maîtrisé n'y peut rien et le gouvernement semble s'y complaire, prétextant l'existence d'un chemin pour une infime partie des nantis. Heureusement pour le bien de l'Humanité, la splendide Asura souvent dénudée, un capitaine (le comte Alandre Sessine VII) qui n'arrête pas de mourir, une scientifique (Gadfium) qui sent bien les mensonges environnants et enfin un petit garçon au langage exceptionnel, Bascule, très attaché à sa fourmi Ergates vont former une équipe d'enfer et quelque peu brinquebalante. Yeah !
Bon, un retour en SF pour moi et honnêtement, j'ai passé quatre cinquièmes du livre à ne rien mais fichtrement rien comprendre de l'intrigue. Soit je suis trop novice, soit c'était voulu par Iain M.Banks : mon orgueil penche pour la deuxième version. Mais le pire est que j'ai lu entièrement ce livre et que j'ai même apprécié de ne pas tout suivre ! Plusieurs raisons justifient ma tenacité : 1) l'auteur sait tenir en haleine son lectorat : il a créé un univers fabuleux (quoique pas très gai, il faut le reconnaître, où les gypaètes tiennent une place conséquente) qui part dans tous les sens mais reste remarquablement maîtrisé. Les personnages sont parfaitement reconnaissables, Bascule restant mon préféré (cf le 2), une atmosphère lunaire, des rebondissements et des trahisons ponctuent l'intrigue.
2) ce livre mérite d'être lu d'abord pour sa qualité lexicale : Bascule écrit comme il parle c'est-à-dire de façon phonétique. Iain M. Banks et la traductrice française très inspirée, Anne-Sylvie Homassel, ont construit leur propre langue (avec des règles, des mots courants, une grammaire unique) et cette prouesse mérite l'encensement. Lorsque Bascule est apparu la première fois dans le récit, telle une feignasse, je me suis dit « chouette, je vais zapper quelques pages parce que ce n'est pas compréhensible ! » mais en y regardant de plus près (et surtout en pensant à l'auteur qui ne s'est pas décarcassé pour rien à créer ce personnage) , j'ai constaté que tout se lisait, tout était clair (et surtout m'incitait à ralentir ma vitesse de lecture, qui n'est déjà guère rapide). Et franchement, traduire Bascule fut réjouissant. Voici un exemple (la fameuse introduction du petit garçon) : « Jöm sui lvé. Jöm suis abiyé. Jè pti déjöné. Jè kozé a Ergates la fourmi. Emdi: Sé joursi pour vou jönn mètr Bascule sé boulo boulo boulo, a kan lé vakans ? Sa, jluidi, sé klèr. & sét 1si kon adésidé dalé voir Mr Zoliparia dan l'orbit de la gargouille Rosbrith...»
Il faut bien le reconnaître, très peu de livres proposent une reconstruction idiomatique en assurant une intrigue bien menée et intelligente. Iain M.Banks a positionné son Efroyabl Ange1 (effroyable engin) au rang de classique de la SF : chapeau, l'artiste !
Traduction exceptionnelle de Anne-Sylvie Homassel. Éditions L'oeil d'or
Un énorme merci à Libfly et aux éditions L'oeil d'or pour l'envoi de ce SP.
Comme promis, je transmets et offre cet exemplaire à mon amie S. : je sais qu'il est en de bonnes mains !
et un de plus pour les challenges de Piplo, d'Adalana et d'Asphodèle (prix British Science Fiction 1994)