Magazine Journal intime

Où il est question de manger avec les doigts

Par Vivresansargent

19/09/13

Je marche seul le long de la Meuse. Le paysage est merveilleux. Tout est en ordre. Les canards flottent, les pavés glissent et les sols pleurent le long de la rivière. Tout est beau. Si le sentier était plus près de l’eau, il serait dans l’eau. A cause de toute cette eau qui coure, le fond de l’air autour de la rivière est un peu plus frais. Pour la première fois de l’année, le souffle qui s’échappe de mes entrailles se transforme en nuage au contact de l’air, presque automnale.

J’ai les restes de ma dernière étape à Namur plein la tête. J’ai été accueilli par une charmante dame, Anne-Marie. Cette femme propose des chambres chez l’habitant, pour les pèlerins de St Jacques. C’était charmant. La nuit a été chaude et merveilleuse comparée à la précédente. La maison était situé sur les hauteurs de Namur. Les fenêtres du salon étant gigantesques, la vue sur la ville ne l’était pas moins. Très inspirant. Ce matin, après avoir avalé mon « café avec vue magnifique », je sors l’argent pour payer ma nuit et surprise, elle refuse tout simplement mon geste et m’offre le gîte et le couvert ! Quelle gentillesse et quelle générosité ! Un exemple d’ouverture d’esprit et de cœur. Un exemple de femme. Merci Anne-Marie.

Vers 15 heures, j’ai l’estomac sur les talons. Il pousse des hurlements que j’entends très bien d’où je suis. Je trouve un coin sympa près de l’église de Profondeville, à une dizaine de kilomètres de Namur. Il y a des grosses pierres, de l’herbe et des jeux d’enfants. Je sors mes victuailles de mon sac. Un gros pain aux céréales, une livre de fromage au lait de vache, une saucisse sèche et même archi-sèche et une boîte de maquereaux à l’huile de colza. J’ai acheté le tout dans une boutique biologique de Namur. Avec ça je pourrai me nourrir trois fois, au moins. Le tout est agrémenté de quelques noisettes et d’une pomme encore un peu verte que j’ai eu le plaisir de ramassé, plus tôt dans la journée. Je n’ai pas de couteau sur moi, pas encore. Je croque à pleine dent dans le morceau de fromage et dans le saucisson. Le pain lui, est tranché. Il va me falloir trouver rapidement une lame et une fourchette. En attendant, l’huile dans laquelle baigne le poisson, fait briller mes doigts et mes manches car, je n’ai pas non plus de torchon. Ainsi va la vie d’un pèlerin. Je tâcherais d’améliorer mon équipement demain, ou après demain, ou la semaine prochaine. Il n’y a pas d’urgence. Et qui sait peut être quelqu’un va m’offrir un couteau !

Après ce bon repas campagnard, une sieste s’impose. Je m’allonge sous un arbre. Il fait pas chaud. Je regarde cet arbre gigantesque. Je ferme les yeux un instant et j’écoute la vie. N’est-ce pas merveilleux cet arbre qui jour après jour, continue de croître et de s’entendre dans le ciel, chaque jour un peu plus près des étoiles. La vie est là pour cet arbre, à son entière disposition. Tout ce dont l’arbre a besoin, la vie le lui offre. L’arbre n’a qu’une chose à faire, grandir en totale harmonie avec cette puissance invisible qu’est la vie. Pourquoi ce qui est vrai pour l’arbre et pour toutes choses vivantes sur cette terre ne serait pas vrai pour les êtres humains. Si, comme le monde végétale, nous étions parfaitement à l’écoute de ce qu’est la vie, nous n’aurions de cesse de croître. Je suis sûr qu’une fois qu’il a atteint sa taille adulte, l’Homme peut continuer à croître et peu lui aussi, se rapprocher chaque jour un peu plus des étoiles.


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