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Prisoners : thriller labyrinthique

Publié le 20 septembre 2013 par Unionstreet

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Dans la banlieue de Boston, deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, ont disparu. Le détective Loki (Jake Gyllenhaal) privilégie la thèse du kidnapping suite au témoignage de Keller (Hugh Jackman), le père d’Anna. Le suspect numéro 1 est rapidement arrêté mais est relâché quelques jours plus tard faute de preuve, entrainant la fureur de Keller…

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Présenté lors du dernier Toronto International Film Festival, Prisoners prouve que Denis Villeuneuve aime associer les pires situations aux plus belles images. Le réalisateur d’Incendies s’empare à nouveau d’un sujet épineux et fait travailler un casting hollywoodien pour un résultat noir et intelligent. Ici, deux petites filles se font kidnapper, mais le ravisseur présumé est relâché faute de preuves. Et devant ce qu’il considère comme du laxisme, le papa de l’une d’entre elle décide de se faire justice et enlève le suspect. Le film débute avec une voix-off récitant une prière, celle du père justement. Et malgré le synopsis et cette introduction religieuse, jamais le film ne tombe dans le patriotisme condescendant ou la morale douteuse du père qui a perdu sa fille donc qui peut tout se permettre.

Le film est visuellement glacial. Il neige, les plans sont fixes et larges, peu de couleurs apparaissent. On se croirait dans une sorte de Millenium en Amérique du Nord. Ce n’est pas le seul film de David Fincher auquel nous pensons. Prisoners fait penser assez souvent à Zodiac. Et ce n’est pas la présence au casting de Jake Gyllenhaal qui nous fait penser ça. Du moins, pas que. L’intrigue se révèle assez vite labyrinthique, où les évidences se brisent comme un rien. Les rebondissements, multiples, transforment le récit en une fascinante enquête dans le suburb américain. Outre l’horrible question de la perte d’un enfant, Prisoners brasse avec brio et sans tomber dans les clichés plusieurs autres sujets : le survivalisme, l’auto justice, la présomption d’innocence … Avec subtilité et sans tenir le spectateur par la main. On apprécie.

Denis Villeuneuve s’offre des instants de violence, mais ce sont surtout dans la tension que le réalisateur excelle. Dans une cave, à ouvrir des coffres dans une maison, lors d’une violation de domicile … sa caméra et la musique de Jóhann Jóhannsson font des merveilles. Le réalisateur sait filmer et prend son temps (2h26) pour nous amener là où il veut. Du coup le film n’est jamais assommant et toujours passionnant.

La réussite du film tient également au casting. Hugh Jackman est convaincant en autre chose que Wolverine ou chanteur/danseur et trouve au passage son meilleur rôle depuis fort longtemps. Mais ce sont surtout Jake Gyllenhaal (qui définitivement assure en flic/enquêteur : Zodiac, End of Watch) et Paul Dano qui excellent ! Le premier en flic tout en self control est toujours un excellent acteur au charisme vaillant. Il retrouvera d’ailleurs Denis Villeneuve dans An Enemy. Le second prouve une nouvelle fois qu’il est le meilleur acteur de sa génération. Il effraie autant qu’il fascine, il arrive à incarner parfaitement la figure du bourreau / victime, une fois psychopathe, l’autre fois le visage boursouflé par les coups qu’il subit, torturé et séquestré dans un appartement délabré.

Même dans son dénouement Prisoners n’est pas un film attendu. Il se révèle toujours surprenant et arrive à rendre une ultime scène en voiture grandiose, toute en tension et envolée musicale : proche du dénouement, le film offre enfin des couleurs : gyrophares bleus, phares de voitures, enseignes lumineuses, sang sur le visage de Jake Gyllenhaal. A ce moment, tout se passe vite, mais il se passe quelque chose. La caméra de Denis Villeneuve est magique, elle fait passer le temps vite, et elle fait se réunir thriller noir machiavélique et beauté des images.

Sortie le 09 Octobre 2013.

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