genre: comédie
Année: 1988
durée: 1h30
l'histoire:Dans une petite ville du nord de la France, deux familles nombreuses, les Le Quesnoy et les Groseille, d'origines bien différentes, n'auraient jamais du se rencontrer. Mais c'était sans compter sur Josette, l'infirmière devouée du docteur Mavial, amoureuse et lasse d'attendre qu'il quitte sa femme. Dans un moment d'égarement la douce infirmière a échangé deux nouveau-nés, un Groseille contre un Le Quesnoy, pour se venger de la vie et du docteur. Comprenant que Mavial ne l'épousera jamais, elle révèle le-pot-aux roses aux deux familles.
la critique d'Alice In Oliver:
En vérité, La Vie Est Un Long Fleuve Tranquille, sorti en 1988, est le tout premier et aussi le meilleur film d'Etienne Chatiliez. Pendant longtemps, je lui ai préféré Le Bonheur est dans le Pré. Mais pour l'avoir revu récemment, La Vie est un long Fleuve Tranquille est probablement la comédie la plus cynique et la plus corrosive du cinéaste français.
Au niveau du casting, on ne trouve pas beaucoup d'acteurs connus. Seuls Patrick Bouchitey, Catherine Jacob, Hélène Vincent et Daniel Gélin font exception.
Toutefois, il faut tout de même nuancer le propos. Parmi les enfants qui participent au film, on trouve Benoît Magimel, très jeune à l'époque, et qui deviendra célèbre bien des années plus tard. A noter également la présence de Tara Römer, qui décédera en 1999 lors d'un accident de la route.
Ce tout premier film d'Etienne Chatiliez fera partie des succès inattendus de l'année 1988. Mieux encore, cette comédie remportera plusieurs récompenses, entre autres, le César de la meilleure actrice pour Hélène Vincent et le César du meilleur espoir féminin pour Catherine Jacob.
En vérité, difficile de ranger La Vie est un long Fleuve Tranquille dans la registre de la comédie, tant le film brosse un portrait acerbe de la société française. Aussi est-il nécessaire de rappeler les grandes lignes du scénario. Attention, SPOILERS ! Dans une ville du Nord de la France coexistent deux familles radicalement opposées. D'un côté, les Groseille et leurs six enfants, aux revenus modestes, dont l'existence est constituée de combines et de larcins. Parmi leurs enfants, Maurice, 12 ans, est sûrement le plus débrouillard et le plus intelligent.
De l'autre, les Le Quesnoy, famille aisée: Monsieur est directeur régional de l'EDF et Madame s'occupe de leurs cinq enfants. Les deux familles qui vivent chacune de leur côté auraient pu ne jamais se rencontrer. Mais douze ans plus tôt, le soir de Noël, à la maternité, l'infirmière Josette, déprimée par l'attitude lâche et méprisante de son amant, le docteur Mavial, gynécologue, décide d’échanger au berceau deux nouveau-nés: le fils Le Quesnoy (Maurice) et la fille Groseille.
Josette finit par révéler la vérité à Mavial. La vie des Groseille et des Le Quesnoy va s'en trouver bouleversée à jamais.
Les Le Quesnoy décident donc de prendre Maurice avec eux en simulant une adoption, tout en conservant Bernadette et en omettant de lui révéler qu’ils ne sont pas ses vrais parents pour lui éviter un traumatisme. Hélas, les choses vont tourner rapidement au drame...
En vérité, La Vie est un long fleuve tranquille évoque deux familles très différentes. D'un côté, Les Groseille apparaissent comme les véritables caricatures des Bidochons: sales, vulgaires, moches mais terriblement sympathiques ! Finalement, cette erreur de bébé à la naissance est une véritable aubaine pour cette famille, qui reste égale à elle-même.
En revanche, pour les Le Quesnoy, les conséquences vont être désastreuses. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard, la caméra d'Etienne Chatiliez se concentre presque exclusivement sur cette famille coincée, BCBG et catholique. Indéniablement, leurs croyances vont être mises à rude épreuve.
Bien sûr, Etienne Chatiliez n'évite pas les clichés. Pourtant, force est de constater que la formule fonctionne à merveille. C'est au sein des Le Quesnoy que les transformations vont être les plus radicales. Clairement, le monde des bourgeois en prend pour son grade.
Etienne Chatiliez prend un malin plaisir à égratigner cet univers étriqué, bourré de préjugés, entre le père fier de sa réussite professionnelle, une mère "cul coincée" et des enfants un peu trop polis. Pourtant, tout ce petit monde va être appelé à s'affronter, surtout lorsque leur fille, Bernadette, apprend la vérité. Cette comédie contient de nombreuses séquences hilarantes.
Au hasard, comment ne pas citer la chanson de Patrick Bouchitey, "Jesus revient" ? A cela, il faut ajouter une excellente interprétation, Benoît Magimel en tête, ce dernier étant probablement le personnage le plus cynique, profitant à la fois de la gentillesse de ses nouveaux parents, tout en dévoilant l'horrible vérité à Bernadette. Bref, impossible de rester insensible devant cette comédie aux allures dramatiques. Clairement, ce long-métrage n'a pas usurpé sa réputation de film culte !
Note: 16.5/20