Magazine Culture
C'est le plus cinématographique des livres de la rentrée littéraire. Tout le roman consiste en l'écriture d'un scénario: celui qui retrace la vie de Milo. Si on tout début j'ai eu l'impression de me perdre parmi les personnages, ne comprenant pas ce qui les relie, scène après scène, tout s'éclaire. Il y a Milo d'abord, petit garçon abandonné par ses parents et recueilli dans des familles d'accueil où il est maltraité. Puis Awinita, une jeune prostituée indienne arpentant les trottoirs de Montréal, qui n'est autre que sa mère et dont on suit les dérives. Ensuite vient Neil, le merveilleux grand-père irlandais, venu au Canada contre son gré. Il transmettra à Milo toute sa tendresse et son don pour l'écriture. Mais l'histoire de Milo ne se comprendrait pas sans son amour pour le Brésil et les rythmes de la Capoeira, ni sans sa rencontre avec Paul Shwartz, l'amour de sa vie. Nancy Huston a voulu raconter ici la mixité qui a fait le terreau de la nation canadienne, moi, j'ai avant tout été bouleversé par ses personnages, et leur histoire parfois déchirante. L'écrivain est au sommet de son art, maniant sa plume avec délicatesse, composant une structure complexe... et s'en sortant avec brio.Danse noire, Nancy Huston, Actes Sud