Quel peut être le point commun entre l’adulée Molly Nilsson, la renommée Julia Holter, la fantasque Nikki Nevver de Terror Bird, la théâtrale canadienne Sally Dige et l’élégante Mara Barenbaum de Group Rhoda ? Voir même avec la stratosphérique Suzy Soundz et sa visionnaire incarnation devenue culte The Space Lady ? A priori, leur féminité militante, leur voix pénétrante au timbre inclassable et donc mémorable, leur caractère insaisissable, leur éparpillement géographique – l’une étant suédoise établie à Berlin, d’autres de San Francisco et deux d’entre-elles tartinant leur toasts de sirop d’érable – , ou encore le fait d’avoir toutes été, à un moment ou un autre, mises en scène dans nos colonnes ou à l’occasion de l’une de nos soirées. Ainsi, l’interviewée Molly Nilsson (lire) foula l’estrade de l’Espace B en avril 2012 (voir) à l’occasion du premier Fake Series du nom, tout comme Sally Dige (lire) en décembre 2012 et Group Rhoda en mai dernier. En trois ans, Nikki Nevver a quant à elle traîné ses guêtres à l’International – pour notre tout premier concert en compagnie d’Ela Orleans -, l’Espace B et la Mécanique Ondulatoire. Seules les intouchables Julia Holter et Suzy Soundz nous fuient, mais pas tant que ça (lire). Mais non, parmi toutes ces propositions rien n’y fait, tel n’est pas là leur véritable dénominateur commun. Celui-ci se prénomme Michael Kasparis, instigateur depuis 2011 – et un 7″ de Golden Grrrls - du label Night School Records. Le londonien, un temps collaborateur de l’impeccable blog new-yorkais International Tapes et musicien de son état au sein de Please et de son projet solitaire Apostille, apparaît d’ailleurs en creux d’une autre histoire discographique puisqu’il travailla à Glasgow aux côtés de Fleur et Jérôme, maturant à ce moment précis l’idée directrice de La Station Radar (lire). Le monde est certes petit, mais le milieu de la musique indépendante est lui minuscule et… interconnecté, Michael m’écrivant en début d’année pour m’entretenir d’un LP co-réalisé avec l’américain Slumberland de Golden Grrrls. De ce même goût pour les caresses vespérales et les nappes synthétiques obnubilantes, a germé l’idée de cette interview, mais aussi et surtout de la mixtape, à écouter et télécharger en fin de papier, mettant en relief les aspérités d’un label se jouant, malgré les apparences, d’une esthétique musicale trop orienté : s’il convient de son attachement aux perspectives que recèlent ces divas du DIY, écoutant avant tout son cœur dicter ses choix de sorties, le trentenaire fait montre d’un éclectisme tutoyant l’expérimentalisme noise – avec les écossais de Divorce, ennemi juré de tout ORL patenté – électronique – avec les lisboètes hallucinés de Yong Yong - et rock – avec l’exubérant Benedict Roger Wallers caché derrière le patronyme de The Rebels. Un sacré bouillon de culture underground qu’incarne notamment l’orgiaque cassette-compilation Appeal (2011), jetant un pont entre la micro-structure et une myriade d’autres jalonnant le Royaume-Uni, mais pas que, avec The Pheromoans, Haxan Cloak, Girls Names, Mushy, Meddicine ou Dignan Porch. On pense alors à Clan Destine Records, Night People, Mannequin, Captured Tracks… soulignant un peu plus tout l’attrait d’un label déjà auteur de trois LP en 2013, et pas des moindres avec le précité et éponyme Golden Grrrls, l’inestimable All This Time de Terror Bird (lire) et l’ultime The Travels de l’ange Molly (lire). Et ce, sans compter la surprenante sortie d’un 7″ de Suzy Soundz Major Tom / Radar Love – et dont la face B est à écouter en exclusivité ci-après – précédant de quelques mois un Greatest Hits réactivant de fait le message de paix et d’harmonie sur terre de la Space Lady. Reprenant seize des meilleurs morceaux de celle qui arpentait, munie de son clavier et d’un casque ailé, les rues de Boston à la fin des années soixante-dix, puis celles de San Francisco dans les années quatre-vingt, et qui aujourd’hui écrit son autobiographie, la compilation rassemble des enregistrements de 1990 remastérisé par Brian Pyle d’Ensemble Economique. Une bonne connaissance de plus.