Septembre, ses marronniers tant dans la forêt que dans la presse : la rentrée des classes, le mercato dans les media, les nouveautés qui font bouger – ou pas ! – la radio et la télévision, les livres qui vont alimenter les discussions de dîners mondains et les albums qui vont tourner dans tous les lecteurs MP3… Et septembre 2013 n’échappe pas à la masse d’informations qui émanent du milieu culturel.
Je reprends pour un temps ma plume de chroniqueuse musicale pour étrenner les actualités musicales qui font ma rentrée. Même si je lis de moins en moins la presse musicale – bien que je sois abonnée à Rock & Folk –, ce n’est pas parce que mon statut FB a changé que j’ai le cerveau lavé de toute musique – et je vous dirais même, bien au contraire. Allez, c’est parti !
Radio libre vs. Radio publique : nouveau round
Quand en 1981, François Mitterrand ouvre du temps d’antenne aux radios « pirates » en autorisant le CSA à leur donner des stations, beaucoup de radios privées que nous connaissons actuellement se sont engouffrées dans la brèche. Même si la première radio de France reste RTL, soit au départ une station d’état luxembourgeoise, les stations « privées » ont depuis 32 ans gagné de plus en plus de place dans le cœur des auditeurs. Malgré tout, le CSA reste réticent à ouvrir des stations pour certaines radios indépendantes, du fait d’un budget limité. Dans le même temps, les radios publiques, qui ne sont pas concernées par l’ouverture à la concurrence lancée par le CSA sur une station, s’accordent parfois des doublons de fréquences sur une aire géographique donnée. A titre d’exemple, je vois un doublon de fréquence de France Culture dans l’aire Dinan/St-Malo, alors qu’à mon avis, les auditeurs lui préfèrent largement France Bleu Armorique, qui ne bénéficie que d’une seule fréquence dans tout l’est de la Bretagne.
C’est dans cette logique que, début septembre, Arthur, propriétaire de Oüi FM, et Emmanuel Rials, directeur général d’antenne, annoncent la volonté de fusionner leur radio avec Le Mouv’, antenne un peu djeune de Radio France qui semble en perte de vitesse malgré un nombre de stations assez important en France. Arthur, dans sa logique de fusion, voulait récupérer les stations du Mouv’ pour que Oüi soit diffusé dans toute la France (sachant que Oüi n’est disponible à Marseille que sur la RNT alors que le Mouv’ y a deux stations, par exemple. Quand on sait la difficulté du développement de la RNT…).
S’en est alors suivi une bronca sur les réseaux sociaux, puis dans les media : même si Radio France est souvent décriée, l’idée d’une radio publique forte est encore très ancrée dans l’idée des Français (merde, on ne paie pas une redevance pour rien, quoi !). Et le fait qu’un investisseur privé, Arthur de surcroît, lorgne vers des intérêts audiovisuels publics, forcément, ça fait grincer des dents. Si bien que Joël Ronez, nouveau directeur du Mouv’, et Jean-Luc Hees, président de Radio France, ont quelque peu tancé Arthur sur le sujet, entre autres manifestations de mécontentement – la mienne notamment. Mais je me souviendrai surtout du cri de colère WTF d’Enora Malagré : Oüi FM est une radio en perte de vitesse. A une époque, il faut s’en rappeler, il y avait Kad et O… [NDLR : sachant que les stations d’écoute de Oüi se sont essentiellement centrées autour de Paris jusqu’à l’arrivée d’Arthur et que le nombre d’auditeurs progresse. Deuxième chose : la notoriété de Kad et O ne s’est pas faite sur Oüi, mais surtout quand ils se sont mis à collaborer avec Delarue. En gros, Enora, je t’aime beaucoup, je comprends que tu défendes les intérêts de la radio publique et surtout de Virgin, mais sur ce coup-là, TG. Oui, mon point de vue est partisan, en tant qu’auditrice de Oüi, mais faut pas pousser Mémé dans les orties.].
Au final, la fusion de Oüi et du Mouv’ semble être en dormition – en tout cas, cela fait moins parler –, mais Arthur a réussi à déterrer le vieux débat sur la diffusion des radios libres auprès du CSA. Que faire quand, justement, elles se développent, mais que leur développement dépend fortement du nombre de stations que le CSA daigne leur ouvrir ? C’est pour cette raison que, voyant les réactions hostiles qu’a provoqué la sortie très médiatique sur la fusion avec le Mouv’, Oüi a sorti une pétition pour faire pression sur le CSA et ainsi faire valoir une meilleure répartition des radios privées sur les fréquences françaises. Courage.
In Utero : déjà 20 ans
Le troisième album de Nirvana, très sombre mais très beau, est en effet sorti le 13 septembre 1993 au Royaume Uni. Après l’énorme succès de Nevermind (1991) et l’omniprésence de Kurt Cobain avec son épouse Courtney Love dans la presse people, cet album était attendu comme le Messie. Jugeant le son de Nevermind trop lisse, le groupe voulait revenir aux sonorités brutes de Bleach (1989). Enregistré en une semaine, en février 1993, dans des conditions proches du goulag selon le bassiste Krist Novoselic, le premier mixage par Steve Albini ne convient pas à Geffen Records qui trouve que les paroles sont inaudibles, que la voix est couverte par les effets de batterie… L’album est remixé en mai 1993 par Scott Litt pour certaines chansons et Andy Wallace, qui avait déjà mixé Nevermind, pour d’autres.
Au final, l’album est vendu sans I Hate Myself And I Wanna Die, estimée trop rapide et pouvant susciter des suicides chez les fans selon Cobain. Geffen Records décide dans un premier de ne tirer l’album qu’à 25.000 exemplaires et de ne le distribuer qu’en cassette et vinyle, alors que le CD en 1993 est déjà un support bien implanté. Tout cela pour adopter la stratégie marketing de Nevermind, qui doit son succès au bouche-à-oreille. Le disque est très bien accueilli par la critique, qui était quelque peu aux abois après un travail de sape opéré par le groupe pour vendre l’album. De cet album sont évidemment sortis Rape Me, Heart-Sharped Box et All Apologies, considérés aujourd’hui comme de vrais classiques rock.
In Utero est donc réédité pour ses 20 ans et sortira ce 23 septembre. Outre les morceaux de l’album de 1993, il sera notamment proposé avec des faces B, des démos et l’intégralité du concert Live and Loud enregistré par MTV à Seattle en décembre 1993. Bref, une belle occasion de redécouvrir cet album culte, bien moins populaire que Nevermind, mais qui peut être considéré comme une belle pièce d’archive du rock alternatif des années 1990.
En bref
- Cecile Cassel, fille et sœur de, se met à la musique sous le nom d’HollySiz. C’est… surprenant. Ou (justement) pas.
- La programmation des TransMusicales 2013 vient de sortir et c’est ici.
- Arcade Fire est de retour avec Reflektor. Comme d’hab, les gars, ne comptez pas sur moi…
- Paul McCartney est sorti de sa retraite pour nous livrer New. Pour un titre qui, donc, sonne comme en 1967. Bref, pas new justement. Tout le monde ne peut pas avoir l’aura de David Bowie, bonhomme…
- Miley, mais Miley, qu’est-ce que c’est que ce clip ? Je veux bien que ce soit réalisé par Terry Richardson, mais tout de même… Va te soigner, et vite ! Parce que malgré ta voix autotunée, la chanson au final n’est pas pire qu’une autre…
Ce que j’écoute en ce moment
In The Valley Below, Peaches
Avec un seul EP à leur actif, Angela Gail et Jeffrey Jacob se sont fait une petite place dans la programmation très chargé de Rock en Seine 2013. L’occasion de découvrir ce duo folk assez intéressant.
Portugal The Man, Purple Yellow Red And Blue
Ce groupe de Portland – et non pas de Lisbonne ha ha – bénéficie d’une pub d’enfer sur Oüi depuis le printemps, mais leur single n’est diffusé que depuis le début du mois d’août. Je ne comprends donc que maintenant l’engouement de ma radio préférée pour le groupe.
Daft Punk, Lose Yourself to Dance
Le deuxième single de Random Access Memory, toujours avec Niles Rogers au riff et Pharell Williams, est un excellent morceau de funk comme à la belle époque. Mais sûrement pas un morceau des Daft Punk. Tant pis, ça passe quand même.
Fauve, Kané
Parce qu’il est beau comme une comète, j’l’ai dans la peau, j’l’ai dans la tête…
Et à bientôt pour de nouvelles aventures !