Magazine Cinéma
dimanche 22 septembre 2013
Un film inspiré d’une pièce de Feydeau cela ne promettait pas vraiment. Comment peut-on faire d’un vaudeville (quel que soit sa qualité intrinsèque) un grand film ? Et bien, Claude Autant-Lara a trouvé la solution. Ce n’est ni du théâtre filmé, ni du cinéma. Ici, tout se mélange : la scène de théâtre devient scène de cinéma puis le rideau nous fait revenir au théâtre, les acteurs rentrent dans leur loge, accueillent les spectateurs qui eux-mêmes vont participer et troubler l’intrigue. L’idée est excellente, elle donne de la vie à la pièce. La différence entre le cinéma et le théâtre c’est que le metteur en scène de cinéma force l’œil du spectateur alors que celui de théâtre lui laisse la liberté de faire errer son regard sur les différentes parcelles de la scène. Mais, malheureusement, la conséquence c’est que la vue d’ensemble devient statique, limité au cadre de la scène ; alors que le cinéaste peut donner de la vie en faisant bouger sa caméra. Claude Autant-Lara se débrouille très bien dans ce domaine d’ailleurs. Dès la première scène le travelling arrière sur l’acteur courant dans la rue annonce la couleur, il est magnifique. Le cinéaste a bien travaillé ses plans pour rompre avec la monotonie du cadre fixe du théâtre. Mais il nous rappelle toujours que c’est du théâtre notamment lors des scènes d’extérieur (dans la caserne par exemple) puisque le décor mélange le naturel et le carton-pâte.
Et le reste ? C’est du Feydeau : c’est amusant, facile à suivre, avec des petits rebondissements, des gags (un peu trop à rallonge pour certains). Mais il y aussi des lourdeurs comme le jeu un peu trop surjoué de Jean Desailly. Je sais que cela fait partie des canons du vaudeville mais bon, c’est un peu trop vieillot à mon goût.