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Very hard boiled

Publié le 23 septembre 2013 par Hongkongfoufou

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La rentrée s’annonçait sous les plus mauvais auspices.

Les rubriques nécrologiques étaient noircies, en cette fin d’été, des noms de deux artisans de haut vol, l’un écrivain de polars costauds et caustiques et l’autre réalisateur d’une poignée de bobines fortement carrées et efficacement ficelées.

Et le même jour en plus !

Ce fichu 20 août 2013, Elmore Leonard et Ted Post cassaient leur pipe…

Le premier excellait dans le polar, mais aussi dans le western, et bon nombre de ses bouquins avaient donné lieu à des adaptations cinématographiques.

Pour le meilleur : 3h10 To Yuma, réalisé par Delmer Daves, Hombre (avec Paul Newnam) de Martin Ritt, Mister Majestik (un grand "Bronson") de Richard Fleisher et bien sûr Jackie Brown, le meilleur Tarantino (tiré du roman Rum Punch).

Mais aussi, pour le moins bon : Get Shorty de Barry Sonnefeld et sa "suite" Be Cool de F. Gary Gray…

On lui devra également quelques scénarios originaux, dont le sympathique (mais trop souvent boudé) Joe Kidd, l’une des dernières réalisations de John Sturges, avec Clint Eastwood, Robert Duvall et John Saxon !

 

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Le second excellait dans le polar, le western… mais aussi le film de guerre et le fantastique. Car si on lui doit de nombreux épisodes de Rawhide, en 1968 il livre un fort honorable western, toujours avec Eastwood (encore lui…), Hang’Em High (Pendez-les Haut et Court).

Mais surtout, c’est lui qui sut, haut la main, donner une suite à deux chefs d’œuvre de notre panthéon en cinémascope : Beneath The Planet Of The Apes et Magnum Force. La gageure était de taille, mais Post réussit à s’affranchir du poids référentiel des films précédents en développant efficacement des univers fortement balisés.

Enfin, en 1978, avec Go Tell The Spartans (Le Merdier), il explore habilement les premiers engagements US au Sud Vietnam et les premiers signes d’un enlisement à venir, à travers la mission du commandant Baker (Burt Lancaster). La même année, il tournera avec Chuck Norris, un réjouissant Good Guys Wear Black (Le Commando des Tigres Noirs)…

 

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Et pour nous consoler de ces tristes disparitions, voilà qu’un bien bel album de bande dessinée déboule quelques jours plus tard dans les rayons des libraires spécialisés : Tyler Cross.

Sur un scénario de Fabien Nury, le dessinateur Brüno (précédemment auteur complet sur l’excellent Lorna, chroniqué ici) nous sert une nouvelle variation du "héros" dont le plan ne se passe pas comme prévu et atterrit dans un petit bled de province tombé aux mains d’une famille despotique.

Mais l’intrigue importe peu. Les recettes ont été maintes fois utilisées. Qu’importe.

Le scénario, ne pastichant jamais le genre, rend un hommage "amoureux" à tout un pan de la culture hard boiled, au polar sous toutes ses formes : pulps, comics, novels, serials, B movies… Mais aussi au western.

Si Brüno avoue lui-même s’inspirer de Bad Day at Black Rock (Un homme Est Passé) de Sturges et de High Sierra (La Grande Evasion) de Walsh, on ne peut s’empêcher de penser au personnage de Parker de Donald Westlake, au Hot Spot de Dennis Hopper (d’après le génial Charles Williams) ou au Miller’s Crossing des frères Coen. Bref que du beau monde pour veiller à la destinée d’un tueur professionnel !

Et tout est à son paroxysme dans son dessin – version bis de la ligne claire.

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C’est violent (très violent !), le soleil est éblouissant, la poussière vous brûle le fond de la gorge, le sang noir et poisseux coule à flots, les armes déchirent les corps et surtout les bons sentiments et la morale sont aux abonnés absents.

Heureusement, les femmes y sont belles (très belles !), c’est déjà ça…

Quant au dessin de couverture, il tient bien davantage de l’affiche de cinéma, tant sa composition en split screen est des plus "jouissives".

 

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Rio Bravo, c’est le nom que les Mexicains lui donnent…

Alors, un bon conseil, enfermez-vous dans la bibliothèque, callez-vous dans votre meilleur fauteuil et savourez égoïstement ce stimulant moment de lecture en cinémascope.


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