Putains de pauvres par Maurice Gouiran

L’idée de Putains de pauvres m’est venue un matin de l’hiver 2007 lorsque j’ai entendu de braves riverains du canal St Martin exiger une réduction de leurs impôts locaux parce que les Enfants de Don Quichotte leur avaient collé des tentes et des SDF sous les fenêtres. On vivait alors également dans la crainte de la grippe aviaire et nos élus paniquaient devant le risque d’épidémie galopante. On sait ce qu’il est advenu : les pauvres sont toujours là, de plus en plus nombreux, et le fameux « principe de précaution » nous a coûté quelques millions d’euros…

Putains de pauvres débute comme une (mauvaise) fable. Marseille, une ville en proie à la frénésie immobilière depuis qu’elle a perdu tout son tissu industriel, est frappé par un curieux mal, une étrange épidémie qui ne tue que les pauvres.

Pour cette histoire, j’ai fait appel, une fois de plus à Clovis Narigou avec lequel je m’entends assez bien. Le voici donc embarqué dans cette aventure à cause de Laura, un de ses amours de jeunesse devenu SDF à cause des aléas de la vie. Laura semble avoir son idée sur les origines du virus qui ravage les populations démunies des quartiers nord et sur un curieux 4×4 noir qui terrorise les clodos. Dans une atmosphère surchauffée où l’affolement va s’emparer peu à peu des populations, les passions s’exacerbent. Sous les coups de boutoirs de l’extrême-droite, la traditionnelle indifférence de l’homme de la rue face aux SDF se mue rapidement en haine. Certains invoquent même la « justice divine et purificatrice», tandis que les politiques hésitent sans cesse entre le principe de précaution et le black-out. Clovis va retrouver sur ses pas quelques empêcheurs de tourner en rond et le fantôme de l’épidémie de grippe espagnole oubliée qui tua plusieurs dizaines de millions d’individus à la fin du premier conflit mondial. Cette aventure le conduira à sillonner les quartiers de Marseille pour rechercher la clé de l’énigme. Mais, curieusement, cette étrange grippe fait l’affaire de quelques promoteurs immobiliers. Comme on dit, les malheurs des uns…