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[Critique] 9 MOIS FERME

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] 9 MOIS FERME

Note: ★★★☆☆

Origine : France
Réalisateur : Albert Dupontel
Distribution : Sandrine Kiberlain, Albert Dupontel, Nicolas Marié, Philippe Uchan, Philippe Duquesne, Bouli Lanners, Christian Hecq, Gilles Gaston-Dreyfus, Yolande Moreau…
Genre : Comédie/Drame
Date de sortie : 16 octobre 2013

Le Pitch :
Ariane Felder, une juge très consciencieuse, met un point d’honneur à éviter les hommes. Plus globalement, elle évite aussi les autres et se concentre presque exclusivement sur sa carrière. Le soir du nouvel an néanmoins, la jeune femme se laisse convaincre par ses collègues et boit quelques coupes de champagne… 5 mois plus tard, lors d’une visite chez son médecin, Ariane apprend qu’elle est enceinte. Pour celle qui n’a pas le souvenir d’avoir entretenu des relations avec un homme, le mystère est total. Un mystère qui va se dissiper quand elle apprend que le père de son enfant n’est autre que Bob, un cambrioleur notoire justement en passe de se faire condamner pour un horrible crime…

La Critique :
En un sketch (Rambo), Albert Dupontel a su s’imposer d’emblée dans un certain inconscient collectif. En un film (Bernie), il en a fait de même dans le cinéma français. Comme Stallone justement, Dupontel s’est créé sa plus belle opportunité et a ouvert à grands coups de pompes, les portes du septième-art hexagonal, qu’il s’est empressé de passer à tabac à grands coups de blagues franchement trash. Bernie fait, à sa sortie, l’effet d’une bombe. Dès lors, Dupontel gagne à la fois le respect du milieu et celui du public, qui ne voit plus en lui le trublion en jean et t-shirt blanc cantonné au stand-up.

17 ans plus tard et quatre films en boite, Dupontel revient derrière la caméra avec Neuf mois ferme. Son style est affuté et connu, et c’est là où le bas blesse principalement. Si il a créé un style, essentiellement inspiré du cinéma de son mentor, Terry Gilliam, qu’il est le seul à vraiment maîtriser (car depuis, quelques copycats ont fait leur apparition), Dupontel a aussi du mal à s’en sortir et donc à évoluer. Quelque soit les problématiques qu’il aborde et la critique qu’il met en avant, Dupontel propose un cocktail très identifiable de comédie et de drame. Une comédie trash et irrévérencieuse, assaisonnée au gore, et un drame profondément contemporain qui puise sa source dans notre société.
Sorte de version hardcore de Jean-Pierre Jeunet, Albert Dupontel n’en reste pas moins un auteur et un réalisateur prévisible (mais talentueux). Neuf mois ferme en apportant à nouveau la preuve.

Touché à la suite du reportage de Raymond Depardon, 10ème chambre, instants d’audience, Dupontel décida de tisser une intrigue autour de la rencontre incongrue entre un fameux cambrioleur, abonné aux palais de justice et aux prisons, et une juriste rigide. En pénétrant les arcanes de la justice à la française, le film prend aussi soin de brosser deux portraits, certes opposés, mais pour le moins complémentaires, réunis par le biais d’un événement tragi-comique. Deux rôles principaux campés par deux acteurs en pleine possession de leur art. Dupontel tout d’abord qui n’a plus rien à prouver tant il assoit encore et toujours sa position dans l’élite des comédiens, grâce à une intensité saisissante et à une faculté à passer du délire le plus total à l’émotion la plus désarmante.
À ses côtés, Sandrine Kiberlain sort enfin de sa zone de confort. Sous l’impulsion de Dupontel, la comédienne sonne juste, trouve un équilibre et insuffle à son personnage évolutif, toutes les nuances nécessaires. Deux acteurs parfaitement au point, autour desquels gravitent une galerie de gueules connues et/ou reconnues, parmi lesquelles Terry Gilliam (à nouveau chez Dupontel) ou encore Jan Kounen, pour une assemblée peu surprenante mais toujours stimulante quand il s’agit d’habiter un délire signé par l’enfant terrible du cinéma français.

En résulte ainsi, un conte moderne, à la fois bien ancré dans une réalité sociale rugueuse et pourtant jamais avare en délires toujours bien intégrés à la sauce. Maternité, paternité, injustice, justice, solitude, acceptation de soi et des autres (surtout des autres), travail, amour, Neuf mois ferme renferme de nombreux thèmes chers à son auteur. Le truc donc, on y revient, c’est que le contenant ne surprend pas. Les fans de Bernie seront heureux de retrouver véritablement le Dupontel des débuts, qui sait se lâcher sans mettre de filtre. Pas aussi brutal néanmoins que Bernie, Bob, le braqueur au cœur tendre de Neuf mois ferme, possède cette même verve prompte à déclencher l’hilarité, même si la maturité de Dupontel semble le ramener toujours rapidement vers une réflexion plus posée et, on y revient, plus tendre. Pour le reste, on nage en eaux familières et jamais, Neuf mois ferme ne prend vraiment à revers. On rigole, les virages plus dramatiques sont bien négociés et le tout apparaît telle une mécanique bien huilée. Trop peut-être…

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Wild Bunch Distribution


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